Michèle Noiret

Lettre ouverte de Michèle Noiret à Alda Greoli

Michèle Noiret Chorégraphe

Suite à la coupe drastique du budget de son contrat-programme, la chorégraphe Michèle Noiret voit le développement de sa compagnie mis en danger. Voici sa lettre ouverte à la ministre Alda Greoli.

Bruxelles, le 26 novembre 2017

Madame la Ministre,

Je suis totalement abasourdie par la nouvelle, reçue par voie de presse, de la diminution de plus d’un quart de ma subvention annuelle, soit une amputation de 26,34%.

J’aurais pu comprendre, au vu de l’étroitesse historique des budgets alloués à la danse, une redistribution d’un pourcentage des contrats-programmes les plus dotés, qui n’étaient que trois au moment de votre décision.

Mais, que malgré son parcours sans faute, ma compagnie soit la seule visée, et l’objet d’une coupe aussi drastique, est vécue par mes collaborateurs et moi-même comme une sanction violente et imméritée.

Que ma compagnie soit la seule visu0026#xE9;e, malgru0026#xE9; son parcours sans faute, est vu0026#xE9;cu comme une sanction violente et immu0026#xE9;ritu0026#xE9;e.

Cette diminution choquante et incompréhensible est une telle pénalité, que nous pensons que votre décision résulte sans doute d’une information à parfaire.

En effet, si nous ne pouvons que saluer l’effort d’objectivation des critères, et nous réjouir pour toutes les nouvelles compagnies contrat-programmées en attente parfois depuis très longtemps, il est inacceptable que par cette décision tout le travail mené depuis trente ans par la compagnie, son développement en tant qu’artiste associée au sein du Théâtre National de la Fédération Wallonie-Bruxelles, ou son rayonnement à l’international soient ainsi totalement niés.

Fidéliser un public de plus en plus nombreux,

Etre la première chorégraphe associée au Théâtre National de la Fédération Wallonie-Bruxelles durant onze ans et y relever le défi de créer des pièces pointues pour un grand plateau,

Construire et perpétuer des liens forts, avec des partenaires prestigieux tels que le Théâtre National de la danse de Chaillot à Paris,

Etre invitée à créer des pièces au sein de Compagnies de premier plan comme l’Opéra de Paris, le Ballet de Marseille, le Ballet de Lorraine,

Etre reconnue en Belgique et à l’étranger pour avoir initié dès la fin des années nonante, un travail innovant, relié aux nouvelles technologies de l’image et du son, et inventé la forme singulière de la « Danse-cinéma »,

Contribuer par ce travail original au rayonnement de la Fédération Wallonie-Bruxelles en Europe, au Canada, en Chine, en Corée, au Japon, en Israël…

Rien de tout cela ne semble avoir été pris en compte dans la nouvelle procédure d’évaluation.

Le projet déposé pour le renouvellement de notre contrat-programme, s’est pourtant scrupuleusement aligné sur les priorités du décret et du projet « Bouger les lignes ».

Les spécificités du travail artistique de la compagnie mettent en avant la réunion et la fusion de la danse, du théâtre et du cinéma, en lien avec les technologies interactives du son, de l’image, du mouvement.

En vue d’accentuer notre rayonnement tant au sein de la Fédération Wallonie-Bruxelles qu’à l’international et de toucher des publics différents, sans rien céder à l’exigence artistique, nous avons veillé à l’équilibre des grandes et petites formes scéniques.

Nous avons été particulièrement attentifs à l’emploi artistique non permanent en imaginant de nouvelles stratégies de travail visant à pérenniser nos collaborations au-delà des périodes de création et de diffusion, sous la forme d’ateliers-laboratoires de recherche et de transmission, également ouverts aux plus jeunes danseurs.

Nous continuons à défendre une politique salariale juste et motivante pour tous nos collaborateurs; et un fort pourcentage de notre subvention est consacré à la masse salariale artistique.

Nous sommes soutenus par des structures importantes de diffusion et de production, au sein de notre Fédération, et à l’étranger.

Madame la Ministre, je demande à vous rencontrer et à être entendue, afin que vous puissiez en toute connaissance de cause réexaminer mon dossier en tous ses éléments et revoir à la hausse le montant que vous nous attribuez.

En votre attente, je vous prie d’agréer, Madame la Ministre, l’expression de ma considération.

Michèle Noiret,

Chorégraphe

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