Festival XS, scènes express

Brutale banalité / Dans l'atelier / La Vechia vacca © Kailai Chen / Melisa Stein / DR
Nurten Aka
Nurten Aka Journaliste scènes

Trois soirées intenses, 18 spectacles courts, une centaine d’artistes: le Festival XS invite au foisonnement créatif format extra small, du 13 au 15 mars au Théâtre National. Suivez le guide.

On ne change pas les ingrédients d’un succès. Le XS Festival réunit 18 spectacles extra small, chaque soir, aux quatre coins du Théâtre national. Un marathon fun, curieux et intelligent où spectateurs « lambda » et aguerris échangent leurs impressions. C’est que l’XS Festival joint le festif à l’expérimental, injectant de l’effervescence au bâtiment. Bien vu! Théâtre, danse, cirque, marionnettes… la 4e édition rassemble -encore une fois- un panel d’artistes et d’aventures scéniques à vous donner le tournis. Focus vous aide à faire votre marché.

De 5 à 25 minutes

C’est le but du jeu: créer « petit », préférer la nouvelle au roman, le court métrage au long. Ainsi, en dix minutes, les frères Thabet, singuliers créateurs de danse-cirque, déploieront Bluebird, poème de Bukowski, sur une musique de Qanoun. Au centre, Artemis Stavridi, formée à P.A.R.T.S, s’avancera dans le noir, illuminée quasi à la petite bougie, tel un flash poétique. Autre dix minutes, Brutale Banalité: un couple circassien, main dans la main, porteur et voltigeuse, affronteront la violence… amoureuse. Côté « long », Transquinquennal crée La Question du contenu, une performance de 25′ à partir d’une thématique imposée: « J’aime pas ». Enfin, après avoir dégommé le mâle à l’humour noir d’une série de poupées Barbie/Ken dans le mémorable théâtre d’objets Que du bonheur!, Elise Vandergoten revient avec une série d’acteurs XL (Elbaz, Krojanker, Blanc, Eeckhout,…). Au coeur du projet, une question: « Comment nous relevons-nous après avoir chuté? » En cours de création, l’artiste vient de radicaliser sa forme. Pour XS, elle sera seule sur scène, accompagnée des voix de ses comédiens dans La vie n’est pas quelque chose de personnel

Théâtre, danse, marionnettes & co.

Festival pluridisciplinaire, XS s’éclate donc en diverses formes. La chorégraphe Michèle Noiret interprètera une Carte de visite dans une mise en abîme de soi, non sans humour, comme sa note d’intention: « Moi, personnellement, moi-même, excusez-moi… «  Dans l’Atelier est un 18 minutes « trash » du Tof théâtre. On assistera aux déboires d’une marionnette « qui tentera tant bien que mal de s’achever elle-même ». La Cie Tristero s’emparera de nos identités d’internaute et de spectateur confrontés à la masse (d’informations) dans Leave a comment. Pour sûr un ovni théâtral, tout comme le duo Inès Rabadan, cinéaste, et Lionel Lesire, scénographe-plasticien, qui, dans En douceur et profondeur, interrogent les corps sous les bistouris de la chirurgie…

Du -2 au 5e étage

Une des folies d’XS est de courir d’un lieu à l’autre, du 5e étage au -2, de la terrasse au sous-sol en passant par la grande salle. Le spectacle participatif A Game of you, du collectif gantois Ontroerend goed, nous fera pénétrer, par groupe de cinq à dix, dans le « stock décor », un labyrinthe rusé, pour une série de confrontations ludiques avec… nous-mêmes. A la scène « terrasse », le Night Shop Théâtre crée Skin, ou L’Etat d’âme d’une femme à la wasserette. Le tout joué à hauteur de 50-60 cm, taille du personnage, une marionnette singulière dont on ne peut rien vous dévoiler! Autre surprise: Julien Gosselin, jeune metteur en scène français qui a fait un tabac à Avignon avec sa fabuleuse adaptation des Particules élémentaires de Houellebecq, à ce jour invisible en Belgique. Il propose ici Je ne vous ai jamais aimé, sur un texte de Pascal Bouaziz, du groupe Mendelson -texte qui sera radicalement projeté sur grand écran, sans voix ni récitant, mais en interaction avec la musique et l’image, au studio son, pour 35 spectateurs, nous apostrophant d’un « Vous les miséreux… ».

Artistes rodés et jeunes pousses

Au-delà du concept XS, de l’expérimental pour tous, le festival réunit artistes rodés (Michèle Noiret, Pierre Sartenaer, Isabelle Wery, Tristero, Transquinquennal, Tof théâtre…) mais aussi inconnus au bataillon. On attend par exemple avec curiosité Anthony Foladore avec Aux yeux de tous, sur la fatalité et les rêves à travers trois générations: son grand-père mineur, son père qui a « pris la route » et lui qui a viré dans l’art. Ou E.H., où Emilie Hermans expose une expérience vécue: quand le degré de pourboire d’une serveuse est proportionnel à la profondeur de son décolleté et de son sourire. Jusqu’où pour l’argent? Un théâtre de proximité dans l’espace d’un (vrai) bureau du Théâtre national. Citons encore Nicolas Mouzet Tagawa, qui propose un poème scénique déployant Strette de Paul Célan. Trois signatures à découvrir. Sans oublier Salvatore Calcagno (La Vechia Vacca) et David Murgia (Le Signal du promeneur et Discours à la nation), deux jeunes talents impressionnants. Le premier prépare une Tragédie musicale annoncée comme le « portrait d’une famille sale et déjantée, orchestrée par un père « Casanova » en perdition ». Le deuxième raconte dans L’âme des cafards les pérégrinations tragico-rocambolesques d’un artiste aux prises avec… Actiris. Dans l’expérimental XS Festival, la réalité n’est jamais bien loin, en échos décalés. Elle sera donc logiquement aussi au menu de cette teuf finale confiée à la troupe Bas Nylon, branchée « club underground » et travesti…

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