Veence Hanao raccroche le mic
Plombé par des problèmes récurrents à l’oreille interne, le rappeur bruxellois a annoncé arrêter la musique, dans un message posté sur son compte Facebook.
On espère sincèrement que la « retraite » sera temporaire. On exècre en effet la nouvelle balancée cet après-midi sur son compte FB. Veence Hanao y annonce arrêter la musique. La faute à des acouphènes récurrents, et à une oreille interne mal en point. Le rappeur l’explique dans un long message, diagramme audiométrique à l’appui. « Au cours des deux derniers mois, j’ai vu plus de tabliers blancs que de potes », mais sans que cela n’arrange apparemment quoi que ce soit au problème.
C’est évidemment l’une des plus grandes frayeurs des musiciens: perdre non seulement son « outil de travail », mais aussi ne plus pouvoir pleinement jouir de sa passion – le plus souvent, à cause d’elle, de surcroît. Pour beaucoup dans le milieu, le sujet reste tabou. Il faut donc saluer la mise au point de Veence Hanao, la transparence de la démarche. Il n’y a pas mort d’homme, c’est clair, et ceci n’est pas une nécrologie. Mais tout de même. Dans une scène rap francophone qui tourne largement en rond, le Bruxellois a apporté en deux albums un énorme coup de frais. Fulgurances désabusées, punchlines nihilistes ancrées dans le quotidien, « poésie d’abribus » brillante… Avec Saint-Idesbald (2009) et Loweina Laurae (2013), Veence the prince a dégainé deux pièces rap essentielles, éminemment personnelles et novatrices. On n’ose pas imaginer que ce début de discographie reste sans suite. En attendant, il faudra réparer l’oreille cassée. D’ici là, Force et honneur…
Le message de Veence Hanao dans son intégralité:
Game Over.
Les gens, c’est chargé d’émotion que je vous annonce qu’il me faut arrêter la musique pour une durée indéterminée, ceci en raison de gros problèmes d’oreille interne. Quinze piges que j’me bats contre des crises récurrentes de surdité, des acouphènes de plus en plus invalidants, et les angoisses qui en découlent. Quinze piges à passer d’un ORL à l’autre, à les écouter poser des diagnostics différents, à les écouter proposer des traitements différents, à en subir le…s effets secondaires différents. Cortisone, Piracetam, Diamox, Betahistine, Xanax, la chimie te chie dedans, et au mieux tu récidives trois mois plus tard, au prochain concert que tu donnes, au prochain con qui klaxonne, au prochain connard de DJ qui compensera la médiocrité de sa sélection par un volume d’assassin. Pervenche, Immortelle, bougies, argile, les médecines naturelles alternatives sont très très gentilles mais ne résolvent rien.
Au cours des deux derniers mois, j’ai vu plus de tabliers blancs que de potes. Tous ont un joli carnet de prescription, touchent de beaux honoraires, ont un magnifique cabinet sur la porte duquel sont indiquées les mentions « Docteur », « ORL », « Spécialiste en… », « Cellule Acouphènes » ou autre. La vérité, c’est qu’aucun ne sait. Aucun ne soigne. Et toi, tu sors de là, ta meuf te parle et tu ne l’entends presque plus. Elle hausse le ton pour que tu l’entendes, ça te fait mal. Tu ris, ça te fait mal. Elle jouit, ça te fait mal. Une voiture qui passe en rue, c’est un larsen dans la tête; une sirène, un klaxon, une porte qui claque, c’est un coup de couteau dans l’oreille. Tu rêves de silence, mais il n’existe plus. Quant à la musique, n’en parlons pas. Une chose est sûre: elle m’a apporté trop de belles choses pour qu’elle devienne souffrance.
Depuis toutes ces années, l’envie de produire, écrire, monter sur scène me donnait de la force. Vos retours me donnaient de la force. Votre présence aux concerts, votre soutien, vos messages me donnaient de la force. Les gens que j’ai eu l’honneur de rencontrer, ceux avec qui j’ai eu la chance de travailler, me donnaient de la force. Merci à tous. Je vous tiens au jus…
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