ROCK | Le collectif parisien Valparaiso voyage avec Howe Gelb, John Parish, Shannon Wright et Dominique A. Embarquement immédiat.
Ville portuaire du Chili, jadis surnommée « Petite San Francisco » et « Joyau du Pacifique » par les marins étrangers qui y faisaient escale, Valparaiso est aussi un splendide collectif musical français imaginé comme un havre de paix « accueillant les artistes, les recueillant l’espace d’une chanson, les voyant s’en aller et parfois revenir dans un incessant va-et-vient ». Créé par Hervé et Thierry Mazurel, co-fondateurs du groupe d’art rock hexagonal Jack The Ripper, ici secondés par le violoniste Adrien Rodrigue, le guitariste Matthieu Texier et le batteur Thomas Belhom, Valparaiso sort avec Broken Homeland un premier album désarmant. Sorte d’expédition aux intenses escales inspirée par le documentaire À Valparaiso de Joris Ivens et Chris Marker et un livre du photographe Sergio Larrain, Broken Homeland s’ouvre sur Rising Tides, une ballade de cowboy à cheval avec Phoebe Killdeer (Nouvelle Vague) et le rocailleux Howe Gelb (Giant Sand). La nuit tombe. On s’arrête pour un feu de camp (Fireplace) et on fond, ensorcelé par la voix de Rosemary Standley, la chanteuse de Moriarty. Ça aurait pu être PJ Harvey. Tout aussi bien. C’est la vénéneuse Shannon Wright qui vient ensuite hanter notre sommeil (Bury My Body). Le sol tremble, le ciel gronde. Mais le Belge Marc Huyghens, jadis homme de Venus, chasse les nuages (Blown By the Wind).
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Dream team
Broken Homeland a les paysages poussiéreux et déchirés mais le ciel est désormais dégagé. Phoebe Killdeer réapparaît jouer les Oiseaux Sauvages tandis que Josh Haden, le timbre réconfortant de Spain, rend contemplatif face à ses Constellations. C’est maintenant l’Anglais John Parish (il a aussi produit le disque) qui sort son Stetson et ses éperons et s’en va avec la spécialiste des ondes Martenot Christine Ott (Noir Désir, Radiohead, Tindersticks) mener une muette conversation. Howe Gelb hypnotise avec le tournoyant The Allure of Della Rae. Du sable dans les yeux, on se perd dans la rivière de Parish et de Shannon Wright. Et on se retrouve Le Septième Jour en France avec Julia Lanoë de Mansfield.TYA, aussi connue sous le nom de Rebeka Warrior quand elle fait dans l’électroclash anarchique de Sexy Sushi. Quelques haltes plus loin, Broken Home se termine à Marées hautes avec l’inimitable Dominique A. Puis sur une secrète berceuse triste…
Entouré d’une incroyable dream team, Valparaiso prend la route et la tient. De bout en bout. Il faut dire que Thierry et Hervé ne sont pas des novices en matière d’album collaboratif. En 2008, ils avaient déjà sorti We Hear Voices sous le nom de The Fitzcarraldo Sessions. Invitant entre autres Syd Matters, Stuart Staples des Tindersticks ou encore Joey Burns de Calexico à les rejoindre. Valparaiso sent bon l’Amérique. Moins celle du Sud que celle des 16 Horsepower. Vive la caillasse et les grands espaces.
Valparaiso, « Broken Homeland », distribué par Pias. ****
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