Tout le groove de Saudade

Saudade © Van's Ography
Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

Ils jouent ce vendredi sur la scène de Dour, leur nouvel EP sous le bras. Présentation de la nouvelle sensation belge nu-soul.

Ils ont créé la surprise lors du dernier Concours Circuit, en remportant la victoire du tremplin. Basé à Bruxelles, Saudade est un cas un peu à part sur la scène francophone belge. Un groupe soulful, qui ne néglige ni la nouvelle donne jazz, ni la modernité électro. Proche également d’une certaine manière britannique d’envisager le groove, comme le prouve leur dernier EP Ikigai. On en parle avec Junior Kélé (voix, guitare), Nathan Van Brande (basse), Thomas Geysen (batterie), et Brice Deconinck (clavier, guitare, voix).

Comment est né le projet?

Junior Kélé: Cela fait un moment que je faisais de la musique de mon côté. Il y a quelques années, je suis parti à Londres. À la fois pour améliorer mon anglais et intégrer une école de musique. Sur place, j’ai vite compris que j’allais devoir vendre un rein pour payer les frais d’inscription. Mais je suis quand même resté, ce qui m’a permis de rencontrer pas mal de monde, de jouer à droite et à gauche. C’était hyper stimulant. Quand je suis rentré, je n’avais plus qu’une envie: former mon propre groupe.

Comment as-tu rencontré les autres?

Bruxelles, c’est ma ville, je connais les gens. Mais je ne trouvais pas vraiment les bonnes personnes. Du coup, je me suis inscrit au Jazz studio à Anvers, autant pour bosser la guitare que pour dénicher les bons musiciens, à la source (rires). C’est comme ça que j’ai rencontré Nathan, Thomas, puis un peu plus tard Brice.

Avant, pour former un groupe, on affichait une annonce, genre: « ch. Batteur, influences Pixies, Sonic Youth, Patti Smith ». Sur quoi vous êtes-vous retrouvés?

Thomas Geysen: J’ai l’impression qu’il y a par exemple un goût commun pour la scène anglaise. Mais plus généralement, ce qui nous réunit, c’est une même passion pour le son, sa couleur, sa texture.

Junior Kélé: En fait, d’un point de vue créatif, tout se passe de manière assez fluide et organique. On ne s’est jamais posé la question du style, par exemple. C’est aujourd’hui qu’on nous parle notamment de jazz ou d’électronique. Disons que s’il faut citer des influences, on peut parler par exemple de King Krule, Tame Impala ou Ghostpoet. Des artistes qui sont aussi difficiles à catégoriser, en fait.

Pourquoi encore avoir un groupe en 2019, alors que l’on peut composer des albums entiers tout seul dans sa chambre?

Junior Kélé: J’ai pas mal d’idées, que je pourrais en effet exploiter seul. Mais je voulais aller plus loin. Je voulais que chaque membre ait sa personnalité, que chacun puisse nourrir le projet. Chacun y met du sien, et pousse la musique à un autre niveau. Cet apport, un ordinateur ne peut pas le remplacer.

Nathan Van Brande: Le fait de bosser en groupe permet aussi d’être surpris. C’est plus compliqué d’être dérouté quand vous êtes seul devant votre écran. Vous contrôlez tout, il n’y a personne pour vous faire dérailler, et vous amener ailleurs. Le collectif permet de projeter des choses, d’arriver à un morceau qu’on n’avait pas forcément vu venir.

Pourquoi avoir choisi comme nom Saudade?

Junior Kélé: La fameuse question… (rires) Il est arrivé un peu par hasard. C’était un jour où je bossais le son chez moi, au lieu d’être au cours à l’unif. Ma cousine était là, écoutait ce que je faisais, et a suggéré le mot Saudade. Le mot me disait bien quelque chose, mais je ne cernais pas exactement ce qu’il signifiait. Ce qui était déjà un bon point: j’aimais ce flou qui correspondait bien à l’identité en mouvement du groupe. Après, j’ai creusé. En portugais, il désigne une sorte de mélancolie qui me parle. Pour composer ma musique, je puise assez naturellement dans mes souvenirs. Et cela fait écho aussi à la musique que j’entendais chez moi, le soukouss qui tourne pas mal autour de ces mêmes sentiments de nostalgie. Mais toujours avec un côté chaleureux et positif.

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