Tim Darcy/Ryley Walker/Angel Olsen: il était trois fois l’Amérique…

Angel Olsen © Lara Herbinia
Kevin Dochain
Kevin Dochain Journaliste focusvif.be

Mercredi aux Nuits, deux salles ont particulièrement retenu notre attention: le Chapiteau, où la soirée était dédiée aux labels JagJaguwar/Dead Oceans/Secretly Canadian, et le Cirque Royal, où Jacques trônait après les Belges de BRNS et Robbing Millions.

Soirée thématique sous le chapiteau, bien rempli et surchauffé. La Nuit, si elle n’est pas présentée comme telle, est mercredi réservée à la famille JagJaguwar-Dead Oceans-Secretly Canadian. Trois labels indépendants et consanguins qui ont ces dernières années marqué de leur exigeante empreinte (Bon Iver, Dirty Projectors, Foxygen, Phosphorescent…) le paysage musical américain.

Honneur à Tim Darcy. Grand échalas au visage de jeune premier, le chanteur et guitariste de Ought qui sortait il y a quelques mois son premier album solo délaisse le son nerveux et les rythmes saccadés de son groupe montréalais (Darcy est un exilé) pour un univers plus poétique et intime. Il était passé par La Rotonde accompagné de musiciens. Une première date de tournée européenne assurée vidé par le décalage horaire. Il se défend nettement mieux seul avec sa guitare et son timbre David Byrnien. Des relents de Nico, quelques nouvelles chansons (déjà)… Une agréable mise en bouche.

Si Darcy a des allures de gendre idéal, Ryley Walker, c’est plutôt le beau-frère avec qui partager des mauvais coups. Originaire de l’Illinois, Walker, 27 ans, est un héritier de Bert Jansch, de Tim Hardin et du père Buckley… Le folk est mort, vive le folk. Entouré de fameux musicos, le guitar hero acoustique étire et secoue ses ballades jusqu’à nous y perdre avec une aisance désarçonnante. Envoûtés par ce folk très instrumental tirant vers le jazz. Le magnifique The Roundabout, extrait de son dernier album (Golden Sings That Have Been Sung), produit par un ancien Wilco, fait chavirer. Tandis que Primrose Green, du nom d’un breuvage psychotrope qu’il ingurgitait avec ses potes à l’adolescence, achève la démonstration. Walk(er) on the wild side…

Cherry on the cake, c’est la géniale Angel Olsen qui a pour mission de mettre un terme à la soirée. Ancienne collaboratrice de Bonnie Prince Billy, la native du Missouri vient d’enchaîner avec Burn Your Fire For No Witness et My Woman deux albums formidables à la sincérité confondante. Et si les concerts de la jeune femme laissaient parfois un peu à désirer, la désagréable impression de la voir entourée par un groupe de bras cassés s’est aujourd’hui évaporée. Hi-Five, Shut Up Kiss Me, Give It Up… Trait d’union entre une Hope Sandoval, une Cat Power et une Courtney Barnett, un pied dans l’Americana, l’autre dans le rock des années 90, Olsen enquille ce qui serait des tubes si la radio d’aujourd’hui était bien faite. Entamé en solo pour lancer le rappel, Unfucktheworld se termine en groupe suivi de l’irrésistible Never Be Mine. Angel heart…

Julien Broquet

Complément d’enquête
Jacques au Cirque Royal
Jacques au Cirque Royal© Olivier Donnet

Quel est le point commun entre une paire de ciseaux, un plateau à bières, une raquette de badminton, du papier ponce, un mètre-ruban, une guitare, un caddie et un élévateur? Outre qu’on ne peut acheter aucun d’entre eux au marché de Padernidi, ce sont surtout quelques-uns des objets que le plus tonsuré des musiciens électro français a utilisés sur la scène du Cirque Royal, ce mercredi. La recette de Jacques, qui a déjà fait ses preuves, n’a pas changé: à l’aide d’un sampler et d’un micro pastille, il enregistre et boucle des sons du quotidien pour mener à une sorte de transe chamanique domestique. S’il n’a pas ressorti le seyant moule-bite rouge qu’il arborait fièrement lors de sa récente session pour Bruxelles Ma Belle à Océade, le Strasbourgeois qui fait dans la « techno transversale » n’a pas pour autant lésiné sur les acrobaties: en fin de set, l’élévateur qui trônait derrière lui depuis le début lui aura servi à grimper jusqu’aux structures accueillant l’éclairage…

Avant Jacques, ce sont les Bruxellois de Robbing Millions et BRNS qui se sont succédé sur les planches du Cirque. Malgré avoir dû commencer leur set fort tôt, les premiers ont tout de même joué devant un parterre bien rempli. Et ont confirmé qu’ils méritaient leur récente Octave de la musique, à grand renfort de pop geek et aventureuse. Les seconds, quant à eux, ont joué bon nombre de leurs nouveaux morceaux, extraits du second album, Sugar High, qui paraîtra à l’automne. Quelques (très) bonnes surprises, parmi lesquelles le single Pious Platitudes, obsédant à souhait, mais une formule qui reste encore à roder – et ce n’est pas de la faute de la nouvelle claviériste, Lucie, qui s’est déjà parfaitement intégrée au groupe. À surveiller de près.

K.D.

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