Critique | Musique

These New Puritans – Field of Reeds

Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

POP | Les Anglais poursuivent leur mue et se transforment en ensemble pop avant-gardiste s’enfonçant dans les dédales de la musique contemporaine. Bluffant.

These New Puritans - Field of Reeds

Originaires de Southend-on-Sea, une station balnéaire de l’Essex située à une soixantaine de kilomètres de Londres où, pour la petite histoire, a été construite la plus longue (deux kilomètres) jetée du monde, les These New Puritans ont longtemps été un de ces groupes que l’on adorait détester. Des protégés du designer Hedi Slimane qui enregistraient des chansons pour la collection Homme Hiver de chez Dior et se la pétaient dans des événements branchouilles au Palais de Tokyo. Un côté trop hype pour être honnête. D’autant que les disques des jumeaux Barnett et de leurs potes n’étaient pas du genre à se taper le cul par terre.

En 2008, Beat Pyramid avait révélé ce qu’on pensait être un groupe post-punk biberonné à The Fall et Wire qui faisait référence à des astrologues élisabéthains mais tapait dans des mauvais refrains à la Bloc Party. Là où, deux ans plus tard, Hidden sortait sans plus de succès orchestre et chorale de mioches sur un tapis de gros beats et de lourdes batteries. Un peu comme si les Liars s’étaient perpétuellement engouffrés dans des culs-de-sac.

Le fait que Jack se soit endormi sur scène pendant une demi-heure lors d’un concert en Espagne avait beau lui donner un petit côté sympathiquement punk, il reflétait aussi cette propension à la sieste ou du moins aux bâillements incontrôlés que nous inspirait la musique de ses Nouveaux Puritains. Une musique qui ne manquait ni d’idées ni d’ambition, mais se perdait dans des morceaux au final chiants à mourir.

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Hypnose

Avec Field of Reeds, écrit à Amsterdam et dans l’Essex, enregistré à Londres, Gloucester et Berlin, les Anglais, toujours aussi aventuriers, défrichent de nouvelles terres. Des sols cette fois fertiles puisque y a germé ce splendide disque lorgnant du côté de la pop avant-gardiste et de la musique contemporaine. Gommés les tabassages de fûts et les grosses boursouflures… These New Puritans fait désormais dans une emphase classieuse et délicate. Les influences d’un Mark Hollis (Talk Talk), d’un Robert Wyatt et d’un Radiohead soufflent dans ce champ de roseaux hanté par des personnages lynchéens.

Bardés d’une cohorte de musiciens, flanqués d’une ravissante chanteuse de fado (la splendide, portugaise évidemment, Elisa Rodrigues), les Nouveaux Puritains ont pratiquement muté en ensemble classique moderne. Pierre angulaire d’un album aux profondeurs abyssales, pénétrant et impénétrable, l’étourdissant et répétitif Organ Eternal est une petite merveille sous hypnose, et sous tutelle Philip Glass. Dans sa quête perpétuelle de renouveau, d’ici deux ou trois ans, TNP sortira peut-être bien un nouveau disque pompeux et irritant. D’ici là, profitez-en.

These New Puritans, Field of Reeds, distribué par PIAS.

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