Thee Oh Sees au Reflektor: Edward Norton et ses 3 Louveteaux

Thee Oh Sees (ici à Dour en 2013). © Olivier Donnet
Serge Coosemans
Serge Coosemans Chroniqueur

Ce mardi soir au Reflektor de Liège, Thee Oh Sees et ses deux batteurs ont laissé une partie du public un poil circonspect, jouant la carte patator plutôt que cette fine bizarrerie qui les distingue définitivement de leurs collègues garage-punk.

Le concert de Thee Oh Sees de ce mardi soir au Reflektor de Liège en aura passablement laissé plus d’un circonspect. C’est que la toute nouvelle mouture du groupe accompagnant John Dwyer sur scène est minimale, étonnante, peut-être pas vraiment encore au point, voire même légèrement wtf: lui, au chant et à la guitare transparente, un bassiste, deux batteurs et puis, c’est tout. Deux batteurs, forcément, ça envoie sévèrement la purée mais la débauche d’énergie est peut-être vaine quand les deux mecs jouent la plupart du temps synchro des parties rythmiques tout de même pas très compliquées et puis surtout, que cela fait maintenant un petit temps que ce qui ressort le plus des albums de Thee Oh Sees sont leurs chansons lentes, psyché ou carrément pop plutôt que les scories post-punk et mongolo-rock des premières années.

On connaît la drôle d’enroule: le groupe de scène n’est plus le même que celui qui enregistre en studio. Or, celui que l’on entend sur album a fortement gagné en finesse et en bizarrerie et c’est ce qui fait dire que ce n’est peut-être pas une bonne idée de se contenter en concerts d’une version et d’un choix musical « gabba gabba/tout à fond/grosse patate ». Option patator qui ne semble d’ailleurs pas troubler que les poppeux, puisque ce mardi soir, les pogos excités des premières minutes sont en fait assez vite devenus très syndicaux (et dans une salle en partie sponsorisée par la FGTB, quoi de plus normal?).

Ces bémols n’ont toutefois pas suffi à faire de la prestation liégeoise un mauvais concert mais Thee Oh Sees n’a certainement rien à gagner à se montrer essentiellement et banalement punk et garage là où sa vraie magie réside dans ses dérapages contrôlés et ses délires qui donnent des grosses poches sous les yeux. En fait, on a surtout eu l’impression de voir un one-man show de John Dwyer accompagné de faire-valoir, en mode « Edward Norton et ses 3 Louveteaux ». Le bonhomme reste en effet plutôt impressionnant avec sa guitare sur le thorax, capable en une nanoseconde de passer d’un jeu très hendrixien à des notes étranges et farfelues dignes de Brian Eno. Tout en couinant. Par contre, les 3 autres pourraient se faire remplacer plus rapidement qu’un guitariste chez The Fall que ça n’émouvrait pas grand-monde. Dont acte?

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En première partie, il y avait sinon Yonatan Gat, Monsieur Monotix en formation elle aussi réduite: lui à la guitare, un bassiste, un batteur. Les trois non pas sur scène mais au milieu du public. Une prestation très physique, assez allumée, un poil trop démonstrative aussi. Le batteur frappe comme un dingue, se lève même de son tabouret pour reprendre son souffle ou parader comme un cervidé, le doute reste permis. Le jeu de guitare, qui fait assez le malin, est d’inspiration très africaine. Tout cela sonne très « Jean Mikili sous speed », dit ma compagne. Autre tagline drôlatique résumant bien non seulement cette soirée mais aussi ces premières semaines d’exploitation du Reflektor liégeois: « C’est vraiment cool de voir beaucoup de monde qui vient de Bruxelles. » Réponse: « Moi, je viens d’Anvers. » Liège, Rock City, capitale de la Wallifornie, année 01.

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