Laurent Raphaël

Taille critique: les festivals au bord de l’explosion

Laurent Raphaël Rédacteur en chef Focus

La bulle festivalière serait-elle sur le point d’éclater? La surenchère sur les cachets des artistes pendant l’été a quelque chose de malsain qui rappelle dans sa logique irrationnelle l’escroquerie des subprimes de 2008.

La bulle festivalière serait-elle sur le point d’éclater? La surenchère sur les cachets des artistes pendant l’été (lire dossier dans le Focus spécial festivals de ce 19 juin) a quelque chose de malsain qui rappelle dans sa logique irrationnelle l’escroquerie des subprimes de 2008. Depuis des années, des banques américaines accordaient à tout-va des prêts à des emprunteurs peu solvables, compensant le risque par des taux exorbitants. Jusqu’au jour -prévisible- où les débiteurs n’ont plus pu rembourser leurs dettes, entraînant dans leur chute toute l’économie mondiale. Les gros festivals sont prisonniers d’une équation tout aussi toxique: pour avoir les têtes d’affiche qui attirent la grosse foule, ils doivent payer plein pot, au risque de faire gonfler leur ardoise et d’être contraints d’attirer encore plus de monde pour espérer générer un bénef ou simplement atteindre l’équilibre, les rendant du coup encore plus dépendants des grosses berlines du moment de l’industrie musicale. Et rebelote l’année suivante…

Les gros festivals sont prisonniers d’une équation tout aussi toxique que la crise des subprimes de 2008.

Une course en avant qui ne peut que finir dans le mur. D’autant qu’une frange du public semble se détourner (Werchter n’est pas encore sold out, Couleur Café redoute le bouillon…) pour aller vers des configurations à taille plus humaine. Le Micro et le Deep in the Woods ont fait de la convivialité leur carte de visite. Et ce n’est sans doute pas un hasard si dans les budgets de ces petits poucets, le poste artistique file doux, comme pour se prémunir de l’inflation suicidaire. Il est peut-être temps, avant de compter les morts, de revenir à l’essence de ce qu’est un festival: un lieu, un line-up cohérent, une âme, plutôt que de vouloir à tout prix installer des supermarchés en rase campagne où la musique n’est plus qu’un aliment plus ou moins frais parmi d’autres.

Dernière recommandation: où que vous alliez en vacances, n’oubliez pas d’emmener votre Focus. Dès la semaine prochaine, votre magazine préféré passe à l’heure d’été avec une brochette de séries aux petits oignons que vous n’êtes pas prêts de voir ailleurs. Ente la saga des films qui ont fait scandale, les affiches imaginaires de longs métrages cultes par Amira Daoudi, les BD fantômes de Blutch et consorts et les petites mythologies contemporaines… on vous promet le bronzage intégral de vos neurones!

Focus Vif spécial festivals, en kiosques dès ce 18 juin 2015.
Focus Vif spécial festivals, en kiosques dès ce 18 juin 2015.© Illustration: Aurélien Maury

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