Sound check (5/6): Real World Studios, la cabane de Peter Gabriel

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Philippe Cornet
Philippe Cornet Journaliste musique

Chaque semaine, gros plan sur un studio mythique d’ici ou d’ailleurs. Cette semaine: Real World Studios.

Le taxi slalome entre les parcelles de verdure millimétrée: difficile de ne pas penser à L’Île noire, le Tintin visitant le Royaume-Uni et son amour des jardins verts. La route menant aux Real World Studios de Box dans le Wiltshire -deux bonnes heures de bagnole à l’ouest de Londres- est aussi britannique que la destination finale est planétaire. C’est là qu’en 1987, Peter Gabriel, nettement renfloué par le succès commercial de So, achète un lieu qu’il veut près de l’eau, destiné à enregistrer les musiques du monde qui le passionnent. Sur le site d’un moulin de deux siècles, l’ex-chanteur de Genesis imagine le futur des musiques mondialistes, celles qu’il va produire dès 1989 pour le label Real World Records.

Sound check (5/6): Real World Studios, la cabane de Peter Gabriel

À la première de nos deux visites sur place, on est épaté par l’architecture bioworld des constructions, l’aération générale, en particulier celle de The Big Room, principal studio du complexe construit comme une serre sur le point d’eau du lieu pastoral. À la seconde visite, on est invité dans une sorte de cabane digitale où le même Gabriel tente de boucler Up, son album qui sortira des années plus tard, en 2002: à midi, on partage un repas naturellement vegan avec Gab. Si le cordial Peter s’installe volontiers en son domaine sans tenir compte du temps qui file, d’autres artistes en confirment la vocation à l’origine du lieu. Des talents majeurs comme Nusrat Fateh Ali Khan (Pakistan), Geoffrey Oryema (Ouganda), Papa Wemba (RDC) -tous les trois prématurément disparus- viendront travailler aux Real World Studios à quelques kilomètres de Bath, ville qui porte bien un nom remontant au temps de l’occupation romaine.

Sound check (5/6): Real World Studios, la cabane de Peter Gabriel

Tout n’est pas forcément voulu ancestral puisqu’au-delà des musiques du monde, Real World fonctionne depuis maintenant trois décennies via des artistes simplement attirés par l’environnement et l’équipement sophistiqué: d’Alicia Keys à Van Morrison, en passant par Rag’n’Bone Man, Kasabian, Laura Marling, Coldplay, Robert Plant et les récents visiteurs du Louvre, Jay-Z et Beyoncé. Histoire d’élargir son domaine de prédilection, Real World a également investi le domaine du numérique supérieur en proposant aux productions cinématographiques un studio surround en 7.1. Bonnes vibrations à l’exclusion de la venue de Black Grape -deuxième véhicule de Shaun Ryder- qui y a organisé une sorte de beuverie continue, au cours de laquelle plusieurs voitures du bled habituellement tranquille ont bizarrement migré vers Manchester…

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