Si tu savais Daniel Darc

© Olivier Donnet

Dimanche soir, le chanteur venait présenter son dernier La taille de mon âme, sur la scène de l’Orangerie. Deux heures sur le fil. Poignant.

En 2005, Daniel Darc gagnait la Victoire de la musique de la Révélation de l’année. Toujours cocasse pour quelqu’un qui accrochait son premier tube 20 ans plus tôt (Taxi Girl, remember?). Mais soit. Il fallait bien le prendre comme une révélation, dans le sens presque d’une résurrection, de la part d’un gars dont la déglingue rock’n’roll a failli l’envoyer bouffer les racines des pissenlits avant l’heure. Alors, oui, Crèvecoeur, l’album du retour, était bien un miracle.

Sept ans plus tard, Darc est toujours là. Deux albums ont pu être rajoutés à sa discographie, dont le récent La taille de mon âme, qu’il venait présenter dimanche soir dans l’Orangerie du Botanique. Lunettes noires, bras couverts de tatouages, dos vouté: Daniel Darc n’a pas changé depuis la dernière fois. Avec un avantage: plus besoin d’imaginer le pire, comme lors de la tournée Crèvecoeur, qui se déroulait toujours sur le fil, laissant le spectateur parfois mal à l’aise. Aujourd’hui, le « miracle » s’est normalisé. Pas le miraculé. Pendant deux heures, Darc va en effet alterner comme souvent le flamboyant (surtout) et le pathétique (parfois), y compris de temps en temps dans un seul et même morceau. Au pire, il y a ces passages au piano, trop ouvert, trop clair, trop « claydermanien ». Dans le meilleur, il y a l’interprétation de Darc, entre parlando habité et chant totalement bouleversant dans sa façon de tanguer. La majorité des chansons sont plutôt lentes, mais Darc est toujours capable d’accélérer et d’exploser un morceau comme Nijinski. C’est probablement un de seuls aussi à pouvoir citer à la fois les Doors et Edith Piaf, quand il ne glisse pas du Ramones dans sa version 2012 du classique Cherchez le garçon ou de gueuler le Redemption Song de Marley. Un personnage, Daniel Darc? Oui, un des derniers. Mais qui aujourd’hui tient la caricature destroy à distance, arborant un large sourire, manifestement heureux d’être là. Quand il termine les rappels avec La taille de mon âme, il la chante presque avec légèreté, faisant participer le public. Et c’est poignant.

Alors, oui, Daniel Darc « n’est pas beau, il est vivant, c’est tout ». Foutrement vivant.

Laurent Hoebrechts

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