Rock Werchter J4: Foals et Lykke Li, le feu et la glace

© Wouter Van Vaerenbergh/Knack Focus
Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

Une tournée au long cours, c’est toujours un peu risqué. A force de se répéter soir après soir, le danger est là, de pédaler un peu dans le vide, en pilotage automatique. A d’autres moments cependant, le groupe, ultrarôdé, peut aussi tracer à travers tout, inarrêtable. Dimanche soir, à Werchter, Foals étaient de ceux-là.

Un an et demi après la sortie de leur 3e album, les Anglais donnaient une ultime date belge à Werchter. Depuis sa sortie, Holy Fire aura bien joué son rôle, arrondissant les angles de son indie rock vaguement matheux. A certains endroits, cela a rendu la musique moins originale, moins intéressante. Elle a par contre gagné en efficacité, et à Werchter, Foals en a fait la preuve éclatante. Véritable machine de guerre, le groupe a développé une force de frappe phénoménale, les morceaux de bravoure s’enchaînant les uns après les autres, sans temps morts. Dans le genre, le leader Yannis Philippakis est impressionnant, puissant et précis à la fois. Le climax arrive aux 2 tiers du set avec Spanish Sahara, énorme roulis émotionnel qui embarque tout le KluB. Grosse sensation.

Dans le Barn, juste à côté, Lykke Li débutait elle sa tournée, après la sortie d’I Never Learn, en mai dernier. Un album crève-coeur, ruminant sa peine amoureuse à coups de torch songs sombres à large spectre. Pour nous, un des excellents disques de la première moitié de 2014. Mais probablement pas de quoi combler ceux qui sont restés bloqués sur le remix électro de I Follow Rivers par The Magician. La Suédoise balancera sa version un quart d’heure avant l’issue de son set, provoquant dès la fin du morceau une hémorragie d’une bonne partie de l’assistance, visiblement pressée de zapper. Werchter, ce juke-box à ciel ouvert…

Lykke Li sur la scène du KluB C.
Lykke Li sur la scène du KluB C.© Wouter Van Vaerenbergh/Knack Focus

C’est dommage car la vision de la pop féminine que propose ces temps-ci Lykke Li est de plus en plus intéressante. C’est encore plus frappant au moment de passer à l’exercice live. Abyssales sur disque, ses plaintes amoureuses prennent une dimension nettement plus « bombastic » sur scène. Exemple parfait avec No Rest For The Wicked, qui de lamentation se transforme en hymne grandiose. Pour cela, Lykke Li peut compter sur un groupe entièrement engagé et impliqué, à l’image du batteur, dont le jeu élastique et boisé fait décoller à lui seul les morceaux. Mention spéciale aussi à la claviériste-choriste qui double quasi en permanence la voix de la chanteuse, troussant ainsi des harmonies majestueuses, entre wall of sound « spectoriennes » et Walkyries élégiaques. Deux morceaux plus loin, Never Gonna Love Again ose le mélo, lorgnant sur les terres d’une Adele, avant de carrément citer Beyoncé (Drunk In Love) sur Rich Kids. C’est dark – à l’image de la Suédoise entièrement vêtue de noir -, mais jamais complaisant, Lykke Li livrant un set peut-être pas parfait mais souvent aventureux, voire par moments carrément euphorisant. It’s ok to be sad…

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