Pukkelpop, vitesse de croisière

PJ Harvey (Marquee) © Wouter Van Vaerenbergh
Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

Le come-back des Girls in Hawaii, les 15 ans du premier Interpol, la guinze de Mac DeMarco et le sacre de PJ Harvey. Le retour du jeudi…

Huit scènes, une soixantaine de groupes sur la journée et de nouveaux aménagements sur le site. Une chatte n’y retrouverait plus ses chatons… Entre le show ultra chorégraphié de Solange, la soeur de Beyoncé, qui n’a pas le groove d’une Janelle Monae, un Cypress Hill plutôt en forme, sans DJ Muggs, qui joue avec le Harder Better Faster Stronger de Daft Punk (c’était pas nécessaire les gars…) et The XX qui attire les foules et justifie son statut de tête d’affiche, zoom sur les faits marquants de cette déjà deuxième journée.

PJ Harvey

C’est la troisième fois qu’on la voit sur cette tournée et ce sont les trois meilleurs concerts auxquels on a assisté depuis longtemps toutes disciplines confondues. Arrivée de noir vêtue, le sax à la main, en mode marche funèbre, secondée par une impressionnante dream team (une petite dizaine de musiciens l’entourent parmi lesquels John Parish, Mick Harvey et Alain Johannes), PJ Harvey a fait une large place à son dernier album (The Hope Six Demolition Project) et revisité son vieux répertoire (Down by the Water, To Bring You My Love, 50ft Queenie) avec une classe folle. Mention spéciale au « Don » qui joue simultanément de deux saxophones…

Ty Segall

Ty Segall (Club)
Ty Segall (Club)© Wouter Van Vaerenbergh

On peut avoir du mal avec ses morceaux tirés en longueur, ses solos qui durent des plombes. Le côté le plus dur et obscur de sa force… En attendant, Ty Segall est l’un des derniers guitar heroes. Un solide et un prolifique pour le coup. Flanqué de ses fidèles compagnons Mikal Cronin et Charles Moothart (qui sera aux Leffingeleuren avec son projet solo CFM), Segall a mis un beau petit bocson au Club en se promenant sans concession dans un peu toute sa discographie. Pour info, l’Américain sortira dans les prochains jours un EP caritatif, Fried Shallots, dont il versera tous les bénéfices à l’American Civil Liberties Union.

Interpol

C’est pas comme si ça nous avait donné un coup de vieux mais c’est tout comme. Il y a tout juste quinze ans, au même endroit, sous cette même Marquee, on découvrait Interpol et son premier album Turn On The Bright Lights. L’une des pierres angulaires, née sur les débris encore fumants du 11 septembre, du réveil rock new-yorkais. Jeudi, pour fêter son anniversaire, Paul Banks et ses amis l’ont rejoué dans l’ordre et dans son intégralité. Juste introduit par deux titres (Not Even Jail et Evil) de leur deuxième album Antics. On ne s’attendait pas à ce qu’il raconte des blagues bien sûr. Mais quasi pas un mot au public. Aucune relecture de son oeuvre… Rien de neuf ou de bien excitant sous la grisaille et l’obscurité. Juste un concert très propre et froid qui sent un peu le formol. Nostalgie quand tu nous tiens…

Girls in Hawaii

Le gigantesque Marquee. 3 heures et demie de l’après-midi. Ce n’est pas dans les conditions les plus favorables qui soient que les Girls in Hawaii et leur nouveau batteur ont donné à Hasselt un avant-goût de leur album à paraître le 29 septembre. Blindé de claviers, flottant souvent dans un parfum très années 80 (on se surprend à parler de Lio et de Julie Pietri…), Nocturne (c’est son nom) va marquer un tournant dans le parcours du groupe brabançon. Un tournant qui manque là, comme ça, d’un peu de délicatesse et qui n’est pas pour le coup encore bien équilibré. Mais un virage qui semble plaire au public et des titres qui parviennent à charmer avec leur côté un peu kitschounet (Indifference), l’ADN grandaddien (This Light) et quelques relents radioheadiens… Le jeudi 24 août en concert gratuit avec Aldous Harding aux Feeërieën.

Mac DeMarco

Mac Demarco (Club)
Mac Demarco (Club)© Wouter Van Vaerenbergh

On aime à nouveau beaucoup son disque (This Old Dog). Craque pour sa cool attitude, ses blagues bas du front, son sourire niais et ses dents du bonheur. Mister good vibes, le roi du crowdsurfing Mac DeMarco et ses potes s’en sont collé une belle jeudi soir. Tout en descendant à gorges déployées une bouteille d’on ne sait quoi, le Canadien a bercé le Pukkel de sa pop sous xanax avec un concert assez décousu et flottant. The Stars Keep on Calling My Name et Cooking Up Something Good ont quand même plus d’allure que sa reprise du navrant A Thousand Miles cher à Vanessa Carlton…

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