Pukkelpop: Lipstick traces
Les Flaming Lips plus spectaculaires que jamais, les Black Lips excités et retrouvés. Promenade au Pukkel, le sourire aux lèvres.
Projections psyché, boule à facettes, ballons géants, pluie de confettis, canons à fumée… Même si on a un peu perdu les délirants Flaming Lips sur disque, le groupe de Wayne Coyne reste le genre de truc à voir sur scène avant de mourir. Dans le temps, il y a même un article du Q qui le disait. Aller voir les Flaming Lips, c’est comme se rendre à un carnaval futuriste, se retrouver dans une espèce de Disneyland de la pop psychédélique. Race for the Prize, Yoshimi Battles the Pink Robots… Wayne Coyne, lunettes de soleil et crinière de lion, se promène entre les jambes d’un immense robot gonflable, surfe sur le public dans sa bulle transparente en reprenant le Space Oddity de Bowie quand il ne fend pas la foule en chevauchant une licorne aux couleurs de l’arc en ciel. « Take your protein pills and put your helmet on »…
Beaucoup plus sobres (enfin sobres, on se comprend), d’autres Lèvres, noires celles-là, crachent leur flower punk au bout de la nuit. Il y a quelques mois, les Black Lips sont sortis de leur torpeur et de leur garage avec une carrosserie flambant neuve. Cole Alexander et Jared Swilley ont embauché un nouveau batteur et mis à contribution la saxophoniste Zumi Rosow déjà croisée avec Deerhunter et Ex-Cult mais aussi rapidement aperçue dans le Wassup Rockers de Larry Clark. Jack Hines qui avait remplacé le guitariste Ben Eberbaugh au début des années 2000 après son décès dans un accident de bagnole a participé à la fabrication de Satan’s Graffiti or God’s Art mais n’est même pas avec eux sur la route.
Graffiti de Satan ou art divin? Les Black Lips qui semblaient lessivés et à bout de souffle lors de leurs dernières tournées semblent avoir repris du poil de la bête. Un grand drap décoré du nom du groupe et de quelques fleurs dessinées à la bombe, une dizaine de rouleaux de papier cul pour donner à l’événement des allures de bal… Le gang d’Atlanta a sans doute la déco personnalisée la meilleure marché de l’histoire du festival. « Do you really wanna hold my dirty hands? » Pourquoi pas? Modern Art, Katrina, Family Tree, Raw Meat: dans l’ambiance imbibée du Lift (l’avantage de se produire à 1 heure du matin), les Américains jouent les juke-box punk avec une niaque retrouvée. Moustache et veste de biker, Jared a récupéré sa voix. Cole sa propension à s’aérer le service trois pièces et à uriner sur scène. Vol plané de pintes, léchage de crâne… Le Hippie Hippie Hourra du Dutronc termine le travail. Parfait.
London Grammar, Bastille, Parov Stelar (samedi c’est le tour de Mumford & Sons et Flume)… C’est rarement l’endroit le plus excitant du Pukkelpop mais on ne peut pas dire cette année que la Main Stage a été gâtée. Au Pukkel, c’est ailleurs que ça se passe. Dans l’après-midi, au Club, les frangins Savage de Parquet Courts avaient plutôt bien géré leur affaire. Un départ sur les chapeaux de roue qui sent bon le punk américain seventies des Modern Lovers et de Television… Andrew et son pote Austin Brown se partagent les voix. C’est sec. Urgent. Une célébration de la simplicité et de la répétition. Les Texans de New York s’aventurent même dans des explosions bruitistes à la Sonic Youth. A classer dans le quinté, placés, non loin de Mount Kimbie… Mount Kimbie fait de la musique électronique avec de vrais instruments et est venu présenter son nouveau disque Love What Survives prévu pour le 8 septembre. Un disque sur lequel figureront entre autres James Blake, King Krule et Micachu… Du bien bel ouvrage.
Les restes de The Shins (qui n’a jamais confirmé les belles promesses de Chutes Too Narrow), les attitudes ultra maniérées de Perfume Genius? On complétera plutôt les classements avec le Chilien de Big Apple Nicolas Jaar. Pas le genre de mec à venir avec sa clé USB, plutôt en mode touche à tout, Jaar homme de l’électronique chante et joue du saxophone. Définitivement l’instrument du week-end…
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