Pukkelpop J1: Pussy riot et drôles de Gus

Perfect Pussy © Caroline Lessire
Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

Solitude du Walkman, bidouillages grecs et agression sonore… Hamilton Leithauser, Larry Gus et Perfect Pussy sous la loupe.

Sous le soleil mais avec des nuages gris foncés en toile de fond, le Pukkelpop a démarré ce jeudi à l’heure de l’apéro. Au Club, le chapiteau (du moins son remplaçant) renversé par des vents violents mardi, Hamilton Leithauser ouvre les hostilités en toute intimité devant quelques dizaines de curieux. Commencer par une chanson qui s’appelle I Don’t Need Anyone est pour le moins approprié. Un brin provocateur mais approprié. D’autant que ses Walkmen ont mis la clé sous le paillasson pour une durée indéterminée en novembre dernier. Et dans une drôle d’ambiance. « J’ai l’impression que plus personne ne voulait écrire un autre disque (…) Je pense que nous n’avons plus été un vrai gang depuis un bon bout de temps. Il n’y avait pas grand-chose à détruire« , résumait le bassiste et claviériste Peter Bauer dans les colonnes du Washington Post. Le premier album solo d’Hamilton, dans les bacs depuis le mois de juin, ne casse en tout cas pas trois pattes à un canard. Et son concert non plus d’ailleurs. Le son rampant et les guitares d’antan se noient dans l’indifférence. L’ambiance est plus joyeuse au Castello avec le bidouilleur de chez DFA, Larry Gus. Larry, c’est un croisement entre Dan Deacon et El Guincho, mais en version grecque (en vrai, il s’appelle Panagiotis Melidis). Homme orchestre du 2.0., l’hyperkinétique barbu obsédé par Georges Perec, Lucio Battisti et Jorge Luis Borges, chante, danse, chipote, tripote, tapote une électro de beatmaker psychédélique vaguement exotique…

Perfect Pussy: explosif... à la limite du supportable.
Perfect Pussy: explosif… à la limite du supportable.© Caroline Lessire

« Tu as des bouchons pour les oreilles? » « Quoi? » « Tu as des bouchons pour les oreilles? » « Je t’entends pas. J’ai des bouchons dans les oreilles! » Sous la Marquee, Perfect Pussy ne fait pas dans la dentelle. Les énervés de Syracuse (dans l’état de New York) signés sur Captured Tracks jouent vite et fort du rock noisy hardcore en colère. ABL, bas de robe de mariée et poils sous les bras, la tatouée Meredith Graves ne chante pas. Elle crie, elle hurle, ses histoires de frustration et d’isolement. Riot Grrrl sauvage qui s’ignore à la tête d’une proposition artistique radicale. Agression sonore, chaotique et furieuse. Graves ne jette pas ses serviettes hygiéniques usagées dans le public comme Donita Sparks de L7 mais elle a quand même sorti une édition vinyle limitée de son album avec en guise de cadeau un peu de sang récupéré de ses pertes menstruelles. Amis de la fraicheur… Le concert dure 25 minutes montre en main. Perfect timing. Davantage aurait transformé la performance en supplice.

Pour retrouver toutes les photos du concert de Perfect Pussy, cliquez ici.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content