Patti et Patton: Werchter sur ses grands chevaux

Patti Smith © Olivier Donnet
Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

Avec Faith No More et Patti Smith en mode Horses, Rock Werchter se lâche la bride…

Il y a des disques et des gens comme ça qui ne prennent pas une ride. Ou quand ils en attrapent, on ne les voit ni ne les entend. Peut être, dans le cas présent, parce qu’ils ont toujours eu l’air vieux et neuf à la fois. Quarante ans après sa sortie le 10 novembre 1975 (elle était initialement prévue le 20 octobre, date du 121e anniversaire de son modèle Arthur Rimbaud, mais a finalement coïncidé avec la 84e commémoration de sa mort), Patti Smith et son groupe jouent Horses. Le classique. L’une des pierres angulaires du punk new-yorkais. Tous les quadras et peut-être même les trentenaires de la plaine semblent s’être donné rendez-vous au Barn. On pourrait presque se croire à Werchter Classic… Et pourtant. Il faut l’entendre crier Jesus died for somebody’s sins but not mine et la voir cracher sur scène comme une ado rebelle pour comprendre qu’à 68 ans, la Patti incarne encore ce truc que beaucoup pensent mort.

Flanquée de ses vieux acolytes, notamment le guitariste Lenny Kaye et le batteur Jay Dee Daugherty qui avaient tous deux à l’époque joué sur l’album produit par John Cale, mamy Patti donne une leçon à la jeunesse. De Gloria au My Generation de Pete Townshend. De Break It Up écrit pour Jim Morrison à Elegie, en hommage à Jimi Hendrix. Ce qu’elle n’oublie pas de préciser.

La technique Live Nation est bien rodée. L’info annoncée par communiqué dans la journée. La poétique prêtresse du punk sera le 27 octobre prochain même concept même formule à l’Ancienne Belgique.

Faith No More
Faith No More© Olivier Donnet

C’est dans les vieux pots qu’on fait les meilleures soupes. Et avec Faith No More, elle grimace au rythme des expressions timbrées de Mike Patton. Dites-le avec des fleurs. Le devant de la scène est garni de bouquets tandis que derrière s’active l’artillerie lourde. « Dave Grohl peut se casser une jambe tous les jours », rigole le claviériste Roddy Bottum, faisant écho au forfait des Foo Fighters qu’ils ont remplacé au pied levé. Faith No More semble prendre le sien. Entre bons vieux tubes et extraits de Sol Invictus, son dernier disque, le premier en 18 ans, Patton et les siens en jettent. Epic, Midlife Crisis (avec All My Life des FF joué comme intermède en guise de clin d’oeil taquin), Easy, The Gentle Art of Making Enemies, We Care a Lot… FNM a des hits plein sa brouette et la plupart des nouveaux morceaux (Motherfucker, Superhero, Separation Anxiety) sont loin de dépareiller. Tout de blanc vêtu, le général Patton chante, gueule, rappe, hurle à s’en péter la voix. L’une des plus dingues de l’histoire du rock qu’il l’utilise dans un micro rose, en or ou un gueulophone. Tout ça manque juste un peu de volume…

Pour retenir la nuit, deux conceptions du dancefloor. A ciel ouvert avec les Chemical Brothers. La musique derrière des machines. Pas beaucoup d’action mais un visuel qui en met plein la vue. C’est pratique pour impliquer le spectateur jusqu’au fin fond de la pelouse et le nouvel album Born in the Echoes est prévu pour le 17 juillet… De l’autre, le Caribou Dan Snaith. En formation serrée, devant un Klub C clairsemé, mais comme d’habitude avec de vrais instruments. Odessa, Can’t Do Without You et Sun enthousiasment les quelques milliers de fidèles et de courageux. Le 41e Rock Werchter commence sous le soleil. Exactement.

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