Nuits Bota: Gaël Faye, poète au coeur d’or

Gaël Faye © ISOPIX/Sadaka Edmond/SIPA

L’Orangerie accueillait le rappeur-auteur-poète franco-burundais Gaël Faye pour un live tonique et renversant de sincérité.

Loin de l’egotrip des rappeurs contemporains, il y a Gaël Faye. Né d’une mère rwandaise et d’un père français, le jeune Gaël fait ses classes au Burundi avant de migrer en France suite au génocide de 1994 au Rwanda. Une période qui le marquera fortement et qui influencera son écriture. Ce qui frappe quand on l’écoute, c’est la puissance de ses mots, le choc de sa prose, juste, vivante. Si certains de ses confrères s’en donnent à coeur-joie pour déblatérer insultes et ignominies à tout va, Gaël Faye se situe à des années-lumière de ceux-ci, rappant sur des sujets bouillants avec une plume soignée, cachant toute once de vulgarité par des métaphores réfléchies. Exilé de son « petit pays » comme il aime l’appeler (c’est d’ailleurs le titre de son livre autobiographique qui lui vaudra de nombreux prix et une place de finaliste au Prix Goncourt 2016), il grandit dans la banlieue parisienne à partir de ses 13 ans. Découvrant le hip hop, il prendra son temps avant de se lancer. Son aventure démarrera en 2009 avec son duo Milk Coffee and Sugar. Faisant partie de la classe des rappeurs « gentils », presque marginalisés si on les comparait à ceux qui occupent le haut des charts, son ascension se fera étape par étape jusqu’à aujourd’hui où il est à l’apogée de son succès.

Faya Faya Faya

Pendant une heure et demie, Gaël Faye a pris le public de l’Orangerie en otage, nous séduisant de sa verve véhémente et son charisme accrocheur. Entre rappeur, poète, auteur et musicien, Gaël Faye nous offre tantôt du rap classique, tantôt du slam, tantôt du zouk et nous conte même des poésies. Véritable showman, il le prouve mais en restant simple. Basta les grandes scènes et les shows surréels, il préfère une formule simple, proche de son public. Si proche qu’il va même s’y promener, embrassant des gens, les serrant dans ses bras. Il ira jusqu’à interrompre son concert pour chanter un joyeux anniversaire pour une fan du premier rang. Les Victoires de la musique ne se sont pas trompées lorsqu’elles l’ont élu révélation scène de l’année en février. Il est simple, il est efficace, juste et attachant. On persiste à croire que s’il y avait plus de personnes comme Gaël Faye, le paysage musical serait probablement plus ensoleillé.

Hier, Gaël Faye a mis le « faya » au Nuits comme il aime le dire et surtout le faire dire par son public. Accompagné de son pianiste Guillaume Poncelet et de Louxor, qui gère ses séquenceurs et toute la rythmique, ils forment une formule parfaite qui marche du tonnerre et qui a marché d’enfer, si bien que le public avait du mal à quitter la salle.

À noter également la première prestation d’Ana Diaz, jeune bruxelloise qu’on avait déjà pu apercevoir sur un morceau avec Le 77 et qui s’avère très prometteuse. Elle a assuré la première partie, formant un triumvirat féminin avec sa claviériste et sa DJ qui a à peine 18 ans.

Guillaume Scheunders

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