Miossec tout feu tout flammes
Après Bastogne et Charleroi, le chanteur breton était de passage samedi au Théâtre 140 à Bruxelles pour un concert d’anthologie.
Samedi soir, sur le coup de 23h. Tout le Théâtre 140 est debout pour applaudir longuement Miossec et son groupe. Un vrai triomphe. On plussoie, confirme, et renchérit même: cela faisait un petit moment que l’on n’avait plus vu le bonhomme dans une telle forme. En fait, on ne l’a même peut-être jamais vu comme ça. C’est nous? Ou bien la douceur inhabituelle pour un mois d’octobre qui donne des airs de printemps aux terrasses du quartier Plasky? Ou alors s’agit-il du lieu? Visiblement fâché avec l’Orangerie du Botanique où il avait ses habitudes, le Breton débarquait pour la première fois sur la scène « historique » du 140, toujours tenue par ce vieux marabout de Jo Dekmine.
C’est peut-être encore une question de formule tout simplement. Sur scène, Christophe Miossec est sacrément bien entouré: à sa droite, les mecs (Hugo Cechosz à la basse, Florent Savigny à la batterie, et Vincent David à la guitare), à sa gauche les filles (Valentine Duteil au violoncelle,?claviers, Nathalie Réaux aux percussions, claviers), tout le monde en tenue de soirée, classe. Officiellement, il s’agit de se délaisser un peu l’électricité pour jouer davantage les nuances. Moins de bourre-pif, plus de caresses. En vrai, on a plutôt l’impression inverse: en passant par la « chanson », Miossec n’a jamais sonné aussi… rock. Chaque titre ressemble en effet à un morceau de bravoure – sur la grosse heure quarante de concert, quasi aucun temps mort. L’art du crescendo en particulier est ici transcendé, Miossec et son groupe envoyant dans les hauteurs aussi bien les nouveaux Bêtes, comme j’étais avant ou A l’attaque! que des classiques comme La fidélité, La facture d’électricité, ou surtout A Montparnasse qui vire quasi à la transe bruitiste. Même l’hymne Brest, abordé par la face acoustique, est investi d’une tension poignante. Du coup, on a beau connaître la poésie du bonhomme par coeur, certains mots reprennent une nouvelle épaisseur, une nouvelle charge. En pleine forme, Miossec chante aussi comme jamais, flèchant régulièrement son grain chancelant d’éructations animales, à la manière d’un Gainsbourg punk (ou d’un Mark E. Smith à jeun). Pendant les rappels, il se permet même de revenir seul avec sa guitare, pour une version dépouillée des Bières s’ouvrent aujourd’hui manuellement.
Sur scène, Miossec a toujours cette dégaine un peu « bancale », gêné par une jambe amochée. Longtemps, en concert, ses chansons vacillaient de la même manière, ne sachant pas toujours sur quel pied s’appuyer. Samedi soir cependant, elles n’ont jamais paru se tenir aussi droites, puissantes et racées, comme si Miossec assumait toutes leurs qualités et leur permettait de s’épanouir enfin complètement. En décembre prochain, le chanteur fêtera ses 50 ans, et franchement, après ce qu’on a vu samedi soir, il a peut-être bien raison: « on vient à peine de commencer »… ?
Miossec sera de retour le 14 février à la Maison de la culture de Tournai.
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