Les Ardentes J3: Fianso, le patron

Sofiane © Olivier Donnet
Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

L’un vise les angles et les octogones. L’autre préfère agrandir le cercle. Le premier cherche volontiers l’affrontement. Le second essaie plutôt de rassembler. Mais tous les deux, aussi bien Booba que Fianso, puisque c’est bien d’eux qu’il s’agit, bénéficient d’un respect quasi unanime sur la scène rap française. On a bien chercher à les affronter. Mais c’est comme si les deux patrons du rap jeu avait signé une sorte de pacte de non-agression.

Ces dernières années, Fianso en particulier, a réussi un tour de passe-passe spectaculaire, en s’inventant une vie du côté des plateaux de tournage et des scènes de théâtre (et même des auditoires d’unif’). Le tout, en conservant plus que jamais son côté brut de décoffrage, proche de la « street ». On a pu encore s’en rendre compte samedi aux Ardentes.

Sur la scène principale du festival, Fianso est déchaîné, une vraie pile électrique. Pas de pose, ou de round d’observation. Le rappeur séquano-dionysien enchaîne une séquence et son contraire, avec une même énergie irrésistible. Capable par exemple de passer d’un tube des familles (Mon p’tit loup) à un hymne de lascars (Woah), de chanter l’Algérie (le Guerilla de Soolking), drapeau du pays dans une main, tout en tenant celui du Maroc dans l’autre (ce qui est évidemment tout sauf innocent); ou encore de combiner classique de rue (Toka) et enjaillement dance avec le carton Khapta, de et avec Heuss l’Enfoiré – « on a même fait la Chanson de l’année avec celle-là« , se marre le patron, fier de son coup. La manière aussi, avec laquelle Fianso va chercher chaque spectacteur, jusqu’au dernier, tout au fond de la plaine, est impressionnante. « J’ai toujours voulu être un rockeur« , se marre le Parisien. De fait, il ne s’épargne pas, et mouille le maillot, avec un enthousiasme et un sourire communicatifs. Assurément l’un des moments forts de ces Ardentes 2019.

Zola

Et ce qui devait arriver, arriva. Après un concert de Jok’air déjà bien secoué au même endroit deux jours plus tôt, la plus petite des trois scènes « principales » des Ardentes a chaviré samedi après-midi. Les coutures de la Rambla ont en effet craqué sous la pression du public accouru en masse pour voir le nouveau phénomène Zola. Un espace trop petit, une absence de « contre-programmation » qui aurait pu mieux répartir la foule, des spectateurs qui commencent à escalader les grilles: après 10 minutes de concert, le rappeur devra quitter la scène, et le public être évacué par les backstage. Finalement, le déménagement du festival prévu l’an prochain arrive au bon moment…

Les Ardentes, samedi 6 juillet 2019
Les Ardentes, samedi 6 juillet 2019© Olivier Donnet

Little Simz

Si les Ardentes ont viré rap, c’est surtout la scène française qui se taille la part du lion cette année. Avec un succès public indéniable. Mais aussi, une difficulté de plus en plus grande à faire vivre les autres propositions hip hop de l’affiche. Programmée sur la grande scène, l’Anglaise Little Simz a dû jouer devant un public clairsemé. Dommage pour une artiste rap les plus passionnantes de la scène britannique, qui a livré un des concerts les plus classe du festival.

Les Ardentes, samedi 6 juillet 2019
Les Ardentes, samedi 6 juillet 2019© Olivier Donnet

Booba

Deux ans après un premier passage liégeois, le Duc de Boulogne est revenu, a vu et a vaincu. Décevant à Dour l’an dernier, Booba est apparu en effet beaucoup plus concerné. Arpentant la scène avec sa démarche toujours aussi féline, il a enchaîné les tubes et autres classiques (Friday, Boulbi, Scarface, Validée, etc), les siens et ceux des autres (Bramsito, Maes, Niska), créant même la surprise en se faisant rejoindre sur scène par Gato, Dosseh (programmé un peu plus tôt), mais aussi Medine! Magistral.

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