Les Ardentes J3: Baloji, comme à la parade

Baloji, de la "world music"? © Olivier Donnet
Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

De retour à Liège, Baloji enfonce le clou d’une musique qui se joue des lieux et des étiquettes, entre rap, ndombolo, soul,…

On approche la fin du concert. Sur l’intro de Karibu Ya Bintou, Baloji se permet une mise au point (juste une mise au point). « J’ai fait partie d’un groupe qui s’appelle Starflam. Quand on glissait des influences latino dans notre musique, on ne nous disait pas qu’on faisait de la world music. Aujourd’hui, on me demande pourquoi j’ai opéré un retour aux sources. C’est la question la plus insultante qui soit (…) Ma musique vient de Cointe, de Herstal, du Laveu, de Gand, de Bruxelles, d’Ostende, autant que de Kinshasa ou Lumbumbashi. C’est pas de la world, c’est la musique de chez nous » Cela va sans dire? Cela va surtout mieux en le disant.

C’est que le terme de world music a la peau dure: ce qu’on appelait également la sono mondiale dans les années 80 sert encore et toujours de fourre-tout commode pour ranger toutes les musiques « non-occidentales ». Force est de constater que les mentalités peinent toujours à changer. C’est d’ailleurs, peut-être, en partie pour cela que Baloji a encore du mal à faire passer un format qui n’en est pas un. Et qu’il part régulièrement chercher à l’étranger la reconnaissance qu’il ne trouve pas toujours ici (des tournées aux Etats-Unis, en Amérique du Sud…). L’intéressé a beau avoir grandi en terres liégeoises, vendredi, il doit continuer à convaincre les quelques centaines de spectateurs présents au HF6. Où vais-je? Dans quelle étagère? Rap? Rumba congolaise? (Néo)soul? Autant d’étiquettes dont continue de se jouer l’intéressé.

Avec un entêtement qui force le respect. Son dernier EP, 64 Bits and Malachite, sorti à l’automne dernier, emmenait par exemple encore ailleurs. Du côté de l’électronique en l’occurrence. Sur scène, pourtant, Baloji continue ses excursions vers le ndombolo, pouvant compter sur son fidèle orchestre de la Katuba – Papa Dizzy Mandjeku à la guitare ; Saidou Ilboudo derrière les fûts ; Didier Likeng « en chef d’orchestre », à la basse ; et Philippe Ekoka aux claviers. Passés au filtre Kinshasa succursale, certains nouveaux titres fonctionnent mieux que d’autres: là où Unité et Litre peine à vraiment trouver son chemin, F.I.N.I. passe beaucoup mieux la rampe. Dans tous les cas, Baloji mêle destin intime et secousses globales. Alors, oui, on l’a déjà vu plus aiguisé, plus fulgurant, mais pour autant sa proposition, singulière, culottée, continue de faire des étincelles. Malgré les revers et les galères, Baloji refuse toujours de choisir, là où chacun se sent pourtant de plus en plus poussé à trancher. La hola rien que pour ça.

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