Les Ardentes J1: Booba comme jamais

Booba © Olivier Donnet
Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

Pour commencer: les Ardentes, sous le déluge. À peine les portes de sa 12e édition ouvertes, le festival liégeois s’est directement fait essorer par un gros orage. Au point de devoir interrompre son début de programmation, carrément.

Pas longtemps heureusement. Juste le temps de rincer une bonne fois le site, qui affiche cette année un nouveau visage. Finies les Halles des foires, qui abritent cette année le tout nouveau Wallifornia Tech, la convention de start-ups organisée dans le cadre du festival. Pour le reste, tout se passe dehors.

Il faut un peu de temps pour retrouver ses marques. Pour cela, on peut compter sur la kermesse des sponsors. Elle est toujours bien là, elle n’a pas bougé, toujours aussi subtile et merveilleusement intégrée au site. On est rassuré… Sinon, sans blague, le parcours s’étale désormais entre la grande scène du parc et une autre à l’entrée du festival, plantée sur les gravillons. Entre les deux, une troisième, la rambla, arrimée à la route des saveurs, et un peu paumée, faut bien le dire, au milieu du jeu de quilles. Sinon, la maréchaussée est présente en nombre pour « rassurer ». L’un de ses éléments canins en profite d’ailleurs pour nous sniffer et alerter son maître. Promis, juré, rien d’illicite à se reprocher, même qu’on a pensé à mettre un propre slip avant de venir. Une petite fouille plus loin, et on peut vaquer.

Et la musique là-dedans? On y vient. Le menu est connu: il est fort « urbain », comme on dit. Avec dès ce jeudi, du lourd, de l’américain, de la trap qui tache. Young Thug, par exemple. Pimpin en chef d’un rap allumé et déglingos – attitude punk et flow malaxé au point d’en devenir abstrait -, il avait annulé l’an dernier. La seconde est la bonne. Cette fois, il est bien là pour jouer les remplaçants de luxe pour Tyler The Creator. La vie, parfois, ça va, ça vient… Avec à peine 10 minutes de retard, le jeune Thug déboule, précédé de son DJ. Scénario prévisible: sur scène, il ne se passe rien. C’est dans le public, déchaîné, qu’est le spectacle. L’Américain balance tube sur tube, s’agite par séquence, et ça suffit à foutre le souk. Pour le reste, filiforme, dégaine de phasme endormi, il a l’air quand même un peu ailleurs, Mr Thug, comme absent. Nonchalant au point d’à peine réussir à faire entendre sa voix au-dessus des bandes. Il sera déjà un peu plus dégourdi pour le concert suivant: celui de Gucci Mane, qu’il rejoindra sur scène. Le pionnier déroule et double l’addition. Un jour, c’est sûr, la bulle trap va éclater. Mais en attendant, on se sera bien amusé.

Restait donc la tête d’affiche de la journée: Booba. Le Duc de Boulogne compte au moins vingt ans de carrière et reste toujours au sommet du rap jeu. Tout en continuant de susciter le débat. Booba, le « saigneur » du rap français, tête d’affiche des Ardentes? Certains s’en étonnent toujours (ici comme ailleurs). Et pourtant, dès l’entame, c’est le délire: on a rarement entendu une arrivée sur scène aussi bruyante. Boulbi, Caramel (tu noteras, lecteur avisé, que dès la fin du concert, le rappeur balancera un inédit intitulé Nougat) ou Wesh Morray pour démarrer. Bouteille de whiskard à la main, le patron se détend petit à petit, déroulant l’autotune – ça choque encore vraiment quelqu’un en 2017? La setlist est à peu près imparable. Elle alterne: anciens classiques (Pitbull), séquence ragga-riddim (Validée), trap qui déboîte (Daniel Sam), et même a cappella repris en choeur (Comme une étoile), avant de terminer avec le carton DKR. Alors, oui, c’est sûr, dans le public, Gégé, 42 ans, veste en jeans et Converse, ne comprend pas forcément grand-chose à ce qui se passe. Il n’est pas forcément contre mais il se rappelle encore du temps où c’était les héros indie américains, comme Pavement, qui occupaient la place trustée aujourd’hui par Booba. On s’en souvient aussi: on était douze…

Le fil de la journée

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