Le jour où tout disparaîtra… Allons-nous vers une faillite du secteur live ? (carte blanche)

Les nouvelles mesures annoncées par le Conseil national de sécurité touchent une nouvelle fois le secteur culturel, sans compensation.

Une carte blanche souscrite et signée par la Live Sector Consultation – une initiative des festivals belges, des bookers, des managers d’artistes, des clubs de musique et des centres culturels, facilitée par VI.BE.

La semaine dernière, le Conseil National de Sécurité a décidé de réduire drastiquement la capacité maximale des événements culturels de tout horizon. Dans la foulée, de nombreux bourgmestres ont décidé de surfer sur l’ambiance de psychose générale pour purement et simplement interdire tous les événements, et ce parfois même jusqu’à la fin d’année.

Un secteur KO debout

De telles décisions prises sans hésitation et en toute décontraction, c’est du jamais vu ! Pas une explication non plus. Gommons le plaisir des spectateurs qui ont soif de culture et puis basta ! Et tout ceci sans évoquer la moindre compensation. Aujourd’hui, le peu d’espoir que pouvait entretenir le secteur s’évapore à nouveau.

Tant au niveau national que local, nos politiques écrasent encore un peu plus le secteur en le laissant agoniser.

Le secteur culturel est KO debout. Et pourtant depuis plusieurs mois, des stratégies d’organisation étaient à l’étude pour satisfaire à toutes les mesures de sécurité requises.

Cessons de tourner autour du pot et regardons les choses en face, la relance du secteur ne se produira pas avant 2021. Les mesures de sécurité actuelles (e.a. les mesures prises autour du chômage temporaire, le droit passerelle, etc..) doivent être prolongées mais ceci ne suffira pas. Notre secteur a besoin d’une bulle d’aide financière supplémentaire et conséquente de plusieurs dizaines de millions. Et pour cela, nous nous adressons directement aux différents gouvernements de notre pays.

Notre secteur a besoin d’une bulle d’aide financiu0026#xE8;re supplu0026#xE9;mentaire et consu0026#xE9;quente de plusieurs dizaines de millions.

Une organisation sûre est possible, une organisation rentable ne l’est pas.

Des concerts en extérieur pour 400 personnes, ou depuis peu pour 200 personnes, se sont déroulés en toute sécurité, et dans le respect total de la distanciation sociale, et ce bien plus que dans les magasins, dans l’horeca ou encore sur les digues de nos villes côtières, sans parler des avions (où la définition de la distanciation sociale équivaut à ‘une bulle de 9 personnes dans laquelle beaucoup se côtoient pour la première fois’).

Des mois de travail à la poubelle

L’entièreté du secteur a travaillé avec sérieux sur un guide de sécurité et a lancé le COVID Event Risk Matrix (CERM), résultat de longues négociations au niveau fédéral et outil incontournable pour une organisation totalement sûre. Mais le manque de coordination dans la gestion de la crise renvoie aujourd’hui des mois de travail et d’abnégation à la poubelle. Il en revient maintenant à chaque commune de prendre les décisions avec comme conséquence une surenchère de leur part et un durcissement des mesures de sécurité déjà dictées par le fédéral.

Si le secteur a prouvé qu’organiser des concerts en toute sécurité est possible, force est d’admettre qu’organiser avec rentabilité est dans les circonstances actuelles pratiquement impossible. Cependant, notre secteur a fait preuve de solidarité et s’est mobilisé pour apporter la moindre bouffée d’oxygène possible à ses acteurs les plus durement touchés (les artistes, les techniciens, les manutentionaires,… sans travail et livrés à eux-mêmes avec de bien maigres revenus depuis le 13 mars dernier). Certaines villes et communes ont transféré le budget alloué à leurs grands événements d’été à des séries de petits concerts ou d’autres manifestations culturelles. Ajoutez à cela les revenus des ventes de tickets sur des capacités limités, et ces diverses sources de revenus ont permis de payer des gages de quelques centaines d’euros aux artistes et équipes techniques. Mais sachez qu’ils sont nombreux à devoir se contenter d’à peine 900 euro net par mois. Cette aide leur permet de joindre les deux bouts tant bien que mal (depuis déjà 5 mois). Mais dans l’état actuel des choses, il faudra tenir ainsi jusqu’à l’été prochain. Et avec 900 euros, il sera impossible de couvrir son loyer et tous les autres frais liés à un train de vie normale.

Frais à rembourser

D’autre part, la plupart des organisations restent confrontées à couvrir de nombreux frais généraux mais sans pouvoir compter sur le moindre revenu durant plus d’une année. Pour certains des acteurs majeurs, ces frais peuvent s’élever à plus d’un million d’euros par mois. Les plus florissants d’entre-eux peuvent espérer puiser dans leurs réserves pour encore quelques mois, mais à la fin de l’année, les réserves seront épuisées et il faudra faire appel aux crédits. Les banques ont autorisé la suspension temporaire des remboursements des investissements, mais il est à présent devenu vital que cette prolongation soit reconduite pour un an, sans quoi une vague de faillites sans précédent s’annonce avec certitude pour l’automne. Il n’y aura très probablement plus de concerts au Sportpaleis ou à Forest National, plus de compagnies de location de son et de lumière, ni de firmes qualifiées pour ériger les scènes des nombreux festivals qui font la fierté de notre pays, … mais aussi et surtout plus d’emploi pour des milliers d’artistes et de techniciens !

1 milliard de perte de revenus.

Ces derniers jours nous entendons beaucoup de virologues et de médecins spécialistes dire qu’il est plus que temps d’agir. Et bien, pour notre secteur, le temps s’est déjà arrêté. La bombe va exploser.

La boutade désormais bien connue que le secteur de la culture a été le premier à fermer et sera le dernier à reprendre ses activités, nécessite à présent une mise à jour. A savoir : le secteur culturel a été le premier à fermer ses portes, le dernier à redémarrer et le premier à refermer à nouveau.

Quel autre secteur perd à ce jour 95% ou plus d’1 milliard d’euros de ses revenus à ce jour ? Alors si on nous enlève, en lançant quelques mots et pas même une excuse, notre dernière bouteille d’oxygène, sans parler de compensations pour les pertes de revenus (précédentes et à venir) – notre colère explose. Tous ces témoignages successifs de manque de considération et de respect pour les travailleurs de notre secteur est inadmissible.

Arru0026#xEA;tez de nous traiter comme des idiots ignorants. Nous savons tous que cela prendra encore une annu0026#xE9;e supplu0026#xE9;mentaire.

Pouvons-nous donc convenir tout de suite que les villes et les communes, qui ont décidé d’interdire les événements jusqu’à nouvel ordre, reverseront les budgets qui leurs étaient destinés au Fonds de solidarité pour le secteur du live, LIVE2020 ? Plus que jamais, il faudra sauver nos travailleurs et leur permettre de garder la tête hors de l’eau.

Nous avons de plus en plus l’impression que notre gouvernement a pour but de se débarrasser de notre secteur. Un secteur qui représente pourtant 5% du produit national brut.

« The time is now »

Arrêtez de tourner autour du pot. Arrêtez de nous traiter comme des idiots ignorants. Nous savons tous que cela prendra encore une année supplémentaire. Comment pouvons-nous nous assurer que l’un des secteurs nationaux les plus sains et les plus prospères puisse survivre et que nous assurions la sauvegarde maximale de plus de 80 000 emplois ? Comment préserver notre expertise en la matière internationalement reconnue et empêcher un gigantesque exode des cerveaux et des meilleurs artisans de notre secteur ? Comment pouvons-nous continuer à nous engager à mettre les meilleurs talents artistiques sur nos scènes ? Comment pouvons-nous empêcher notre bonheur national brut de s’enterrer pendant de nombreuses années ? Où est le plan d’urgence économique ?

Nous avons déjà fait de nombreuses propositions. Il est temps de les concrétiser.

THE TIME IS NOW.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content