Le festival de découvertes Eurosonic s’est mis à l’heure suisse: impressions et coups de coeur

L'identité musicale suisse? "Je ne sais pas trop. Peut-être le fait qu'on est un petit pays qui doit se montrer solidaire pour être fort." (Quentin Pilet, Bongo Joe/L'Éclair) © BART HEEMSKERK
Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

Petit pays marqué par son morcellement culturel et linguistique, la Suisse était à l’honneur du dernier festival Eurosonic. Zoom sur le label Bongo Joe et un marché de la musique qui rappelle la Belgique.

Organisé comme une battle entre des groupes belges et hollandais, The Holland-Belgium festival jetait le 4 janvier 1986 les bases de ce qui allait devenir le plus gros festival de showcases réservé aux musiques européennes. Au fil des ans, l’événement a changé de nom et de formule. Mais aujourd’hui, Eurosonic accueille pendant trois jours des groupes de toute l’Europe. Destiné à combattre l’hégémonie américaine et britannique sur le marché (même si l’Angleterre envoie chaque année un solide contingent), ce grand salon de l’industrie musicale propose un panel assez commercial mais relativement vaste de ce qui se fait en matière de pop, de rock, d’électro, de rap et de jazz aux quatre coins du Vieux Continent.

À chaque édition depuis 2005, Eurosonic met un pays à l’honneur. L’occasion de braquer un peu plus les projecteurs, d’augmenter l’intensité de la lumière et le volume des speakers sur une scène nationale plus ou moins méconnue selon qu’on en est voisin, qu’en en partage la culture et/ou la langue. La France avait eu le droit au premier Focus. Suivirent l’Allemagne, l’Italie, la Suède, la Belgique, l’Irlande, l’Autriche ou encore conjointement la Tchéquie et la Slovaquie l’an dernier. C’était cette année au tour de la Suisse d’envoyer une délégation élargie à Groningen jouer entre les canaux froids, les vélos fous et les murs de croquettes. « Avant, le CH à côté de ton nom ne faisait rêver personne. Mais il y a un vrai boost depuis cinq ou six ans. Une vraie diversité et de grosses percées, note Nadia Mitic, qui travaille à Lausanne dans le booking et le management (Glad We Met) et dont un tiers du roster est suisse. Nos groupes ont commencé à beaucoup jouer à l’étranger, à passer sur des radios françaises, belges, allemandes. Je pourrais ne tourner qu’avec des artistes de chez nous aujourd’hui. Il y a de quoi faire. Notre scène est rentrée de plain-pied sur le marché international alors qu’avant elle était très confidentielle. Elle se résumait dans la tête des gens à Stephan Eicher et Sophie Hunger. Pour les plus vieux à Yello et aux Young Gods. »

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Aux côtés d’Hunger, qui vient d’enregistrer avec le producteur à la mode Dan Carey (Squid, Black Midi, Fontaines D.C…), la Confédération a placé Camilla Sparksss (la moitié de Peter Kernel), la singer-songwriter Émilie Zoé, la rappeuse KT Gorique, les folkeurs de Black Sea Dahu ou encore le duo de pop cosmique tropicale Bitter Moon… « D’habitude, on a sept ou huit artistes à l’affiche. Cette année, on en compte 22. Je n’aurais pas choisi les mêmes, bien sûr, mais ça attire l’attention, ça permet d’avoir de la visibilité, de valider la qualité. » La concurrence est rude. Eurosonic a ronronné cette année sur pas moins de 39 scènes à travers la ville. Mais il a aussi attiré 423 journalistes, des programmateurs de 390 festivals internationaux, puis aussi des centaines de tourneurs, d’éditeurs, de salles de concerts, de maisons de disques…

Label et magasin de disques

« La Suisse se caractérise par sa diversité culturelle avec une scène musicale très variée qui a fait sensation ces dernières années », commentait dans un communiqué le programmateur en chef d’Eurosonic, Robert Meijerink. Avec ses 8 millions et demi d’habitants, ses quatre langues officielles (le français, l’allemand, l’italien et le romanche), ses particularités politiques et culturelles, elle n’est pas sans rappeler la Belgique. Nadia Mitic connaît bien le Plat Pays. Elle y a écumé les concerts pendant quatre ans, a travaillé aux Nuits du Bota et donné des coups de main au Micro. « On a ce clivage comme chez vous. C’est une histoire de sensibilité. Tu sais souvent clairement identifier quand ça va rester romand ou suisse allemand. Mais on a des groupes qui arrivent maintenant à passer et percer d’un côté et de l’autre. Avec la qualité, la frontière disparaît. Les Hollandais d’Altin Gün chantent en turc et ça n’a jamais emmerdé personne. »

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La professionnalisation du milieu n’est pas non plus étrangère à la bonne presse. « Sur les dix dernières années, on est passé de six ou sept à une cinquantaine d’agents suisses avec des tailles différentes mais qui du coup peuvent faire davantage de trucs de niche. Pas mal de labels indépendants se sont aussi développés et ont donné un coup de frais. » Nadia pense notamment à Hummus Records, structure tendance metal mais pas seulement basée à La Chaux-de-Fonds, et bien évidemment aux Disques Bongo Joe. À la fois label et magasin, Bongo Joe veut « explorer les mondes actuels et souterrains porteurs d’instruments, de voix ou de machines« . Outre les premières références d’Altin Gün, il compte notamment dans son catalogue le Mauskovic Dance Band et Yin Yin. Deux groupes néerlandais qui puisent respectivement dans la musique africaine et sud-américaine, vietnamienne et thaïlandaise.

« Vendre de la musique est devenu assez compliqué, explique Quentin Pilet, son responsable de presse, percussionniste du groupe L’Éclair. Genève est une très petite ville qui compte quatre ou cinq magasins de disques. Le marché n’y est pas énorme. Il est donc important, presque primordial, de créer un esprit de communauté. C’est important d’être solidaire sur une petite scène qui doit un peu lutter pour exister ne serait-ce qu’en Suisse. Quand on me raconte parfois certaines histoires parisiennes… »

À l’origine de Bongo Joe (le nom d’un musicien noir de Houston qui jouait dans la rue en tapant sur des bidons et en tchatchant par-dessus), il y a une première structure, Moi J’Connais Records, fondée en 2009 par Cyril Yeterian et Robin Girod pour sortir les disques de leur groupe Mama Rosin. 45 tours imprimés et collés avec leurs petites mains, compilation de musique cajun… « Ils étaient branchés sur la réédition. Puis sur des groupes de Genève et un peu d’ailleurs. Quand a ouvert le magasin Bongo Joe en 2013, il n’y avait au départ pas énormément de bacs. Ils vendaient surtout les disques des amis. Ils entretenaient des liens avec Mississippi Records aux États-Unis ou encore Voodoo Rhythm, le label du Reverend Beat-Man. C’était orienté garage rock, blues, classiques. De fil en aiguille, les choses se sont transformées. Le label est un peu passé de main et a pris le nom du magasin. »

Camilla Sparksss
Camilla Sparksss© JORN BAARS

Cela fait maintenant cinq ans qu’il existe et produit. Avec pour quartier général le shop qui vend des vinyles, des cassettes, quelques CD et livres 9 place des Augustins. Le quartier qui possédait une vraie population immigrée garde une identité populaire avec ses vieux bistrots. « Comme beaucoup, il est en gentrification mais la population continue de se l’approprier. Bongo Joe est aussi un café. Une buvette avec une terrasse et des événements gratuits. Les habitants viennent prendre un verre, les personnes âgées boire un café. Il était essentiel de s’insérer dans le tissu culturel local. D’essayer de sensibiliser à la musique qu’on diffuse et qu’on vend. »

Les deux entités sont évidemment intimement liées. « On parle d’un lieu de rencontre vraiment très important dans la ville. Il a permis à beaucoup de gens de se connecter. L’association s’est étoffée, l’univers musical diversifié. Chacun a amené sa petite pierre à l’édifice. Comme le shop nourrit le label et vice versa, il a lui aussi pris des couleurs différentes. Notre identité, c’est d’aller chercher dans le passé, de rééditer des choses assez souterraines et méconnues, que ce soit en world ou en musiques expérimentales de Suisse et d’ailleurs. Mais aussi de produire des groupes actuels, de qualité, pertinents, qui émergent de l’underground avec leurs spécificités propres. »

La tribune de Genève

À Eurosonic, outre le « kraut-exo-soul-brutal-funk-turkish-groove garanti 100% sans costards » de L’Éclair, Bongo Joe a embarqué Amami, un trio dance hall dub afro-genevois qui chante en anglais et en érythréen. Deux des temps forts et festifs du festival. Il est d’après Quentin difficile de parler de scène suisse, coupée qu’elle est par la frontière linguistique. « Les scènes francophone et alémanique sont imperméables. Avec L’Éclair, on a davantage joué en dehors du pays que dans sa région germanophone. Nous ne nous sommes jamais produits à Zurich par exemple. Il faut combattre ce phénomène, créer d’avantage d’échange. Nous faisons de la musique instrumentale mais c’est une question de réseau. Ça va de mieux en mieux. Il y a un tissu qui se crée, avec le soutien d’institutions… »

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Genève possédait une scène expérimentale très active dans les années 90. Elle était à l’époque la Mecque des squats. « Il se disait même qu’il y avait plus de squats à Genève qu’à Berlin. Ils ont malheureusement fermé au tournant du siècle, sous la pression politique. Notamment Artamis, l’un des centres historiques de sa culture alternative. Un lieu autogéré sur un ancien site industriel. Je suis de la génération qui vient juste après et, entre 2000 et 2010, on a connu un creux. Les vieux de la vieille semblaient un peu fatigués par le combat et les jeunes n’étaient pas prêts à prendre le relais. »

La ville s’est depuis réveillée. Une nouvelle génération a pris le pouvoir. Des lieux ont ouvert. Avec l’envie d’essayer, d’expérimenter. « C’est assez hybride. On a cette image de l’extérieur d’un truc assez propre, carré, clean où il ne se passe pas grand-chose. Mais il y a une vraie scène souterraine qui a toujours existé. On a une compilation qui sort le mois prochain consacrée à la musique expérimentale suisse des années 80 et 90. Il y avait une vraie fronde punk, post-punk, new wave. Une richesse de dingued. Genève même, c’est petit: 300 000 personnes. Mais la Suisse a toujours été un carrefour au centre de l’Europe. Je connais moins Zurich, qui entretient un lien très fort avec l’Allemagne. »

Connu pour son global sound, ses sonorités d’ailleurs, son attitude do-it-yourself, Bongo Joe vient d’inaugurer un sous-label, Les Disques Magnétiques, principalement consacré aux musiques électroniques. « Il y a une double dynamique autour du fait d’être suisse. Il faut combattre un peu les a priori. Les petits Suisses, le pays neutre, sympa. Puis aussi un complexe d’infériorité. On a longtemps mis beaucoup en avant les artistes étrangers. Un groupe suisse qui fait une tête d’affiche, c’est quand même rare chez nous. Même s’il est relativement connu, il assure souvent plutôt la première partie. Il faut être davantage conscients de nos qualités. On les assume de plus en plus. On a de l’originalité et du talent. Que ce soit en musique électronique, en rock, en rap. »

Quentin évoque les micro labels électro détonants et pointus (R2L, Caf?…) ou encore Cheptel Records qui fait surtout dans le français. « C’est pas facile d’être un petit groupe en Suisse. Les systèmes de financement marchent très bien quand tu as déjà un nom. Mais te le faire prend du temps. Avec L’Éclair, on tourne beaucoup mais en termes de revenus, c’est la galère. On est professionnels parce que la musique est notre principale source de revenus mais on doit rendre hommage à nos parents qui nous ont soutenus. Les assurances maladie, le loyer, c’est explosif. » Pour l’instant, comme la scène suisse…

Les belles promesses d’Eurosonic

Sinead O’Brien

Irlandaise exilée à Londres, Sinead O’Brien est l’une des dernières trouvailles du label Speedy Wunderground. Elle y a d’ailleurs enregistré un EP encore à paraître avec l’incontournable Dan Carey. Accompagnée d’un guitariste et d’un batteur, la collaboratrice de Vivien Westwood (elle vient du milieu de la mode) joue avec la poésie, le post-punk et le spoken word derrière ses faux airs de PJ Harvey. On pense à Patti Smith. Brièvement à une Matana Roberts. Sacrément prometteur.

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Antti Paalanen

Sorte de croisement entre Mario Batkovic et le Reverend Beat-Man, Antti Paalanen est un accordéoniste finlandais qui marie en solo ses vieilles amours pour le heavy metal, son intérêt pour l’electronic dance music et les traditions de son pays natal. Voix gutturale, puissance rythmique du piano à bretelles… Le quadragénaire, titulaire d’un doctorat en musique à l’Université des arts d’Helsinki, a sorti son quatrième album solo l’an dernier. L’une des grosses surprises et claques du festival.

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Karel

Fan des années 80, influencé par Level 42, New Order et Duran Duran, Karel mute sur scène. Karel aime grimper là où il peut et sauter dans tous les sens comme un petit kangourou qui fuit les flammes. Sa musique? De la synthpop lo-fi qu’il bricole dans sa chambre. Originaire de Groningen mais aujourd’hui installé à Amsterdam, le dansant excentrique avait pour 3Voor12 livré le meilleur concert de Down The Rabbit Hole après Nick Cave et David Byrne. De quoi consoler tous ceux qui ne croient plus au retour de John Maus…

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Eyesore and the Jinx

Moins trendy que le reste de la délégation britannique, Eyesore and the Jinx se présente comme l’observateur d’une Grande-Bretagne merdique, crachant une collection d’odes qui larmoient face à l’annihilation imminente du monde. Clairement marqué par Mark E. Smith et The Fall, non sans rappeler les Américains de Parquet Courts, le trio post-punk de Liverpool a fait produire son dernier single par Daniel Fox (le bassiste de Girl Band). C’est nerveux, satirique et politiquement chargé. À suivre de très près.

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Murman Tsuladze

L’an dernier, ils ont assuré la première partie de la Fat White Family à la Rotonde et de Klaus Johann Grobe au Witloof Bar. Ils ont aussi tourné un clip pendant les manifestations contre la réforme des retraites (La Flemme de danser). Murman Tsuladze célèbre la rencontre d’un mystérieux producteur, d’un chanteur géorgien et d’un des mecs de La Femme (Lucas Nunez Ritter). Idéal comme Omar Souleyman et Altin Gün pour animer vos anniversaires, mariages et bar-mitsva. Premier EP au printemps.

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Squid

Dans la famille « je vais casser la baraque », je demande le petit frère. Quelque part entre entre la no wave, le post-punk, l’art rock et la musique de dancefloor qui préfère les instruments aux machines, Squid et son batteur-chanteur savent y faire. Pas encore d’album. L’enregistrement est prévu pour cette année. Mais des morceaux nerveux, audacieux qui jonglent avec LCD Soundsystem (James Murphy, sors de ce corps), James Chance, ses contorsions et les Talking Heads.

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Crystal Murray

Elle est jeune, très jeune, vient du milieu de la mode et a du mal à terminer ses chansons. Un avenir radieux n’en tend pas moins les bras à sa voix de Macy Gray parisienne. Fille d’un jazzman afro-américain et d’une Franco-Espagnole qui baigne dans les musiques du monde, Crystal Murray est une égérie de Converse et a déjà, à 18 ans, monté avec ses amies influenceuses du Gucci Gang, une plateforme pour donner la parole aux victimes de harcèlement et d’agression, sexuels et autres (Safe Place). Une fraîche découverte.

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Real Farmer

« No track here yet », annoncent-ils sur leur Bandcamp. Croisé in extremis à 3 heures du matin dans un hall d’escalier et une soirée organisée par Subbacultcha, Real Farmer est un supergroupe punk néerlandais rassemblant des membres de Yuko Yuko, Korfbal et Ooo. Ça ne vous dit peut-être rien mais avec son rock qui a des couilles et son chant dans ta gueule, le régional de l’étape a mis une ambiance comme on n’en a pas vue pendant le festival officiel. Des pogos à faire vaciller les baffles et tomber les filles.

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