La5emo 2012: l’heure du bilan

Qui mieux que les Ivoiriens d’Alpha Blondy pouvait aider LaSemo à passer le cap des cinq ans? Cette année encore, l’édition fut un succès, attirant près de 20.000 festivaliers en 3 jours.

« Joyeux anniversaire LaSemo »: c’est sur ce chant choral scandé par l’ensemble des festivaliers que s’est achevée la cinquième édition du festival durable. Quelques minutes plus tôt, le grand prêtre du reggae Alpha Blondy côturait la série de concerts avec une reprise enjouée de Wish You Were Here de Pink Floyd. Une jam reggae dans laquelle s’invite une cornemuse sur le refrain. Celui qu’on surnomme le « Marley » ivoirien n’aime pas la monotonie. Il propose un reggae métissé où sont convoqués rythmes africains, bossa nova et rock’n’roll. C’est dans un esprit de convivialité, marque de fabrique du festival, que s’est achevé le dernier concert de cette édition 2012.

« Un festival pas comme les autres »

Malgré ses allures de gimmick aux contours un peu fumeux, cette phrase reflète notre sentiment général des trois jours passés à LaSemo. L’assertion est souvent utilisée pour mettre en avant sa qualité de festival durable. Mais pour nous ce n’est pas tant son engagement écologique, qu’une multitude de petits détails additionnés les uns aux autres, qui confèrent à LaSemo son statut hors normes. Car, si le festival a perdu son monopole de festival durable, il reste le seul festival où se succèdent une centaine de spectacles de rues en seulement trois jours; où personne ne s’étonnera de voir un gars muni d’une combinaison et d’un aspirateur faire une mise en scène digne de Ghostbusters pour un simple mégot au sol; où les gens s’excusent lorsqu’ils se bousculent pendant un concert; où notre premier ministre passe pour pousser la chansonnette, un verre réutilisable accroché en lieu et place de son noeud papillon; où la fête se prolonge jusqu’au petit matin grâce aux fanfares et animations de nuit; où le public semble être composé pour moitié de bénévoles (utiles même dans leurs temps de pauses grâce au programme des concerts imprimé sur leur dos, ce qui est bigrement pratique); etc.

« Un festival pour tous », ou presque

Le festival met en place différentes actions et moyens techniques pour que les personnes présentant un handicap -quel qu’il soit- puissent profiter de l’événement. Avec une mention particulière à la traductrice en langage des signes qui a traduit sans broncher les niaiseries débitées à un train d’enfer par Zaz durant plus d’une heure de prestation. Les enfants et leurs parents ne sont pas non plus oubliés, avec un camping destiné aux familles ainsi qu’un espace pour les enfants dans le village même. Mais si tout est fait pour que ces personnes se sentent à LaSemo comme chez elles, d’autres catégories n’ont pas eu droit aux mêmes considérations. Quelqu’un a-t-il pensé aux monomaniaques du rock? A part une petite heure salvatrice avec le pop rock des Great Mountain Fire, ils n’avaient pas beaucoup de riffs à se mettre sous la dent. Et les allergiques aux sonorités des cuivres? Le soufflement incessant des trompettes, saxophones et autres didgeridoos est venu les hanter jusque dans leur sommeil avec des fanfares tonitruantes. Quant aux accros au Coca-Cola, Dr Pepper, et autres élixirs baignés au doux sirop du capitalisme? Être obligés de boire à la place des jus fairtrade aux noms de fruits improbables doit leur laisser un arrière-goût bien amer. Alors, on n’ose même pas imaginer la détresse des pauvres possesseurs d’un 4×4, qui seraient reçus à coup de pompes à vélo par une bande de hippies à bicyclette s’ils osaient franchir la barrière du parking avec leur fier engin.

Si la programmation n’en jette pas autant que dans certains autres festivals (pour ne pas les citer: les Ardentes qui se déroulaient le même weekend à 70 km de là), elle reste de grande qualité. De plus, les concerts et les différentes animations ne se font pas en concurrence, de telle sorte qu’il est possible d’assister à tout. On évite ainsi les dilemmes cornéliens du type Rock Werchter ou Pukkelpop. Et on découvre des groupes coups de coeur qu’on n’aurait probablement pas remarqué dans un autre festival. Cela permet quelques bonnes surprises, à l’image du groupe rock’n’reggae Boulevard des Airs qui a mis le feu à la plaine lors de cette dernière journée. Dans l’armada de concerts et spectacles d’artistes de rue qui se sont succédés un rythme de folie, nous ne gardons qu’un seul mauvais souvenir. Un ratio plus qu’honnête. Le tout dans un bon esprit et une ambiance festive qui n’ont jamais quitté les festivaliers jusqu’au clap de fin.

Valentine François (stg)

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