La Médiathèque lance Beat Bang: électro, mode d’emploi
House, techno, électro… Nées dans la marge, les musiques électroniques sont désormais le mainstream. Un véritable « beat bang », dixit la Médiathèque qui, avec sa nouvelle application Web/iOS/Android, raconte 25 ans de musiques électroniques en 500 références!
Il fallait bien ça. A l’heure où les DJ’s sont devenus les dernières vraies rock stars, où les festivals électro pullulent, où même l’Amérique commence à céder au diktat électro, Beat Bang tombe à pic. Avec sa nouvelle application Web, la Médiathèque s’offre un bel outil. Le pari, lancé avec le concours de la Gaieté Lyrique à Paris, était ambitieux: raconter une histoire des musiques électroniques, de 1988 à 2012. Le résultat est disponible aujourd’hui sous la forme de quelque 500 albums sélectionnés, commentés, analysés, classés, reliés… Un vrai travail de titans.
Originalité de la démarche: Beat Bang ne se contente pas de dérouler les disques de manière chronologique. Il les classe également selon leur BPM (battement par minute). Benoît Deuxant, de la Médiathèque, explique: « On avait envie de proposer un autre mode de lecture, ne pas se contenter d’une approche linéaire comme on en voit souvent. Dans le cas des musiques électroniques, le BPM avait du sens. A partir du moment où vous créez une musique pour la piste de danse, destinée à être mixée, la vitesse des morceaux devient cruciale pour les enchaîner les uns aux autres. A partir des BPM de chaque disque, on est ainsi arrivés très rapidement à isoler les différents styles. » « Avec cet autre avantage, explique David Mennessier, autre cheville ouvrière du projet: classer par BPM permet d’objectiver un peu les choses. Contrairement aux genres ou aux styles, par exemple, qui, selon l’endroit, ne recouvrent pas toujours les mêmes musiques. Le terme électro par exemple ne voudra pas forcément dire la même chose pour un Allemand ou un Français. Avec les BPM, on échappe un peu à cette difficulté. »
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Beat Bang – Teaser from LaMediathequeTV on Vimeo.
Interprétation des raves
Il a donc fallu sélectionner 500 références, puis analyser leur tempo. Des logiciels existent pour décortiquer les BPM d’un morceau. Mais leurs résultats ne sont pas toujours fiables. « On a donc décidé de tout vérifier nous-mêmes… « , continue David Mennessier. Deux personnes s’y attaqueront. Avec parfois des dilemmes: quel tempo assigner au dubstep par exemple? 140 ou 70? Le premier est le nombre de beats « réels » par minute, mais « quand les gens dansent sur du dubstep, ils le font sur le deuxième temps ». Soit à 70 BPM, le tempo finalement adopté pour l’ombrageux genre londonien. La plupart des styles seront ainsi passés en revue, sans oeillères, ni ostracisme, de l’IDM au gabber, de la jungle au trip hop.
Autre souci: comment disséquer les musiques électroniques à partir d’albums, quand celles-ci, surtout dans leurs variantes les plus dance, se sont surtout formées à coup de maxis? « C’est vrai, concède David Mennessier. On essaie de faire parler nos collections, qui sont essentiellement constituées d’albums. A l’époque, de toute façon, l’actualité des maxis était impossible à suivre pour la Médiathèque. De la même manière, c’était des formats dont on parlait peu à la télé, à la radio, dans les magazines -un manque de visibilité qui a longtemps contribué à maintenir le genre dans l’underground. Après, on ne peut pas ignorer certains morceaux sous prétexte qu’ils ne sont pas sortis en CD. L’avantage aujourd’hui, c’est que la plupart des titres importants sont ressortis, glissés dans des albums ou des compilations. »
Reste alors une question, celle qui fera débattre pendant des heures: pourquoi avoir commencé cette histoire en 1988? Plus précisément, pourquoi avoir choisi le Voodoo Ray de A Guy Called Gerald comme titre fondateur? Benoît Deuxant explique: « C’est un peu la règle du jeu: il faut choisir un morceau, et ce faisant un regard, un angle. En d’autres mots, on ne raconte pas l’histoire mais une histoire. Un Berlinois l’aurait certainement débuté à un autre moment par exemple. Pour nous, Belges, il y avait une logique à adopter le point de vue anglais. Pas seulement car c’est celui avec lequel on est le plus directement en contact. Mais aussi parce que c’est celui qui permettait de montrer une série de croisements qu’on ne trouve nulle part ailleurs: entre le dub de Jamaïque, la house de Chicago, la techno de Detroit, la Northern soul… En l’occurrence, Voodoo Ray est l’un des morceaux emblématiques de la scène rave, du Summer of love de 88, qui a changé énormément de choses. Musicalement et socialement, le moment a été très important. Tout à coup, on a vu des publics très différents se mélanger, boycottant les clubs pour se retrouver à danser sur de l’acid house dans des champs. Il y avait un côté utopique, un peu court mais beau. Aujourd’hui encore, cela reste un modèle auquel on continue de se référer. »
BEAT BANG, MODE D’EMPLOI
Beat Bang, c’est quoi?
Un site Web (www.beatbang.be) et une application (disponible sur Google Play et -prochainement- Apple Store, en français et en anglais).
Beat Bang, c’est comment?
500 références -d’Underground Resistance à Massive Attack, d’Aphex Twin à Burial- organisées par amas, sur deux axes, chronologique et BPM. Chaque album est chroniqué, des textes transversaux s’attardant sur certains genres en particulier. L’utilisateur pourra écouter des extraits, télécharger légalement les albums et emprunter forcément au sein de la Médiathèque.
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