La Carrière festival, César’s Palace
Ce week-end du côté de Bioul, le festival intimiste organisé par quatre musiciens déroulait une première édition impeccable dans un cadre exceptionnel. Impressions.
C’est l’histoire de quatre potes musiciens qui décident de monter un petit festival sans prétention pour se faire plaisir. À la base, il y a César Laloux (Mortalcombat, Tellers, BRNS), dont les parents viennent d’acheter le grand terrain attenant à la maison familiale, du côté de Bioul dans le Condroz. L’endroit est superbe, vallonné, on y trouve notamment une ancienne carrière où la nature a repris ses droits. Le genre d’endroit rêvé pour organiser un mariage intimiste qui a de la gueule. Le cap de ses 30 ans approchant à grands pas, il y a chez César l’envie d’organiser une grosse fête… et pourquoi pas dans cette carrière? Papa et maman partants, il commence par contacter Loïc Bodson (Endz, Flexa Lyndo), qui y connaît un rayon en festivals puisqu’il est l’une des chevilles ouvrières des Beautés Soniques à Namur. Deux amis complètent l’équipe: Kevin Guillaume (He Died While Hunting, Endz) et Pierre Constant (Seno Nudo, Hudson), et à quatre, ils réunissent une dizaine de groupes coups de coeur pour les faire venir jouer dans ce qui sera la première édition de La Carrière. Ne reste plus qu’à inviter le public.
Une affiche de qualité dans un cadre atypique, une équipe qui inspire confiance, une bonne dose de curiosité pour ce nouveau venu dans le paysage festivalier: La Carrière affiche complet à quelques jours de son ouverture. Trois cents entrées payantes, cinq cents personnes sur place en comptant les groupes, les techniciens, les bénévoles, les invités… Bref: on y respire. Et samedi, outre par la beauté du lieu, on est tout de suite frappé par les bonnes ondes qui s’en dégagent. Les gens sont venus en famille, entre amis, sirotent une bière locale au nom à coucher dehors (Jambes en l’air, Plante des pieds et autres facéties brassicoles), et se laissent guider d’une scène à l’autre en toute quiétude.
En haut, au pied de la carrière, s’enchaînent les artistes « solo » qui subliment tour à tour l’amphithéâtre naturel. À commencer par Dièze, le projet solo de Diego Leyder de BRNS, qui tricote des boucles à l’aide d’une guitare aventureuse. Il y est suivi par Caitlin Talbut, Gantoise à la voix chaude qui chatouille la corde sensible, puis par Annabel Lee, garage-rockeuse libérée de son groupe le temps d’une mini-tournée. Tandis qu’en bas du site, ce sont les branleurs inventifs de Kloothommel qui étrennent la scène, c’est Fabiola, le nouveau groupe de Fabrice Detry (Austin Lace), qui administre la véritable première claque de la journée, à grand renfort d’une pop aussi foutraque que bien ficelée. Décidément au four et au moulin aujourd’hui, l’hôte de ces lieux ôtera sa casquette de gentil organisateur le temps de présenter sur scène son projet Mortalcombat, dont le premier EP sorti récemment possède un charme indéniable. Pas pour rien que les Girls in Hawaii les ont récemment embarqués en tournée…
Mais la véritable tête d’affiche du jour, c’est Sean Nicholas Savage, arrivé de Montréal pour une unique date belge cet été. Seul en scène au beau milieu de la carrière, armé de son seul iPhone à la manière d’un Eddy De Pretto, le grand blond rappelle le Bowie de l’époque Thin White Duke et exerce un charme magnétique sur la poignée d’heureux ici présents. Il enchaîne les inflexions à la Michael Jackson par-ci, se fend d’une lecture de poème torturé par-là, chante l’amour, les ruptures ou encore les maux du monde avec un naturel déconcertant. Dans le public, les bouches bées et autres yeux écarquillés se multiplient. On est sur un petit nuage.
Accompagné d’un enfant de 4 ans, notre soirée se clôturera avec le concert des Anversois de Dieter von Deurne and the Politics et leur rock classique mais décomplexé qui rappelle un Admiral Freebee. Et si on regrette de n’avoir pas pu goûter au karaoké « live » des Lillois d’Okay Monday (auquel Sean Nicholas Savage semble s’être joint pour une version démente de Like a Virgin), on aura quitté Bioul avec une seule envie: y revenir l’année prochaine…
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