L’Or du Commun met l’AB KO
Vendredi, le trio bruxellois a brillé en mettant en scène son album Sapiens dans une Ancienne Belgique sold out.
Il y a des concerts qui sont comme des trophées, des célébrations éblouissantes. Vendredi soir, l’Or du commun remplissait l’Ancienne Belgique, et il n’a pas fallu longtemps pour comprendre le tour qu’allait prendre la soirée : une grande et belle fête. À Bruxelles, Loxley, Primero et Swing sont évidemment chez eux – « on a pu venir à pied à la salle ! » Mais tout de même, il fallait le faire ce sold out. Et puis surtout, y mettre la manière. Motivé, le public l’était avant même que le concert ne démarre : il ne restait non pas à canaliser cet enthousiasme, mais bien à réussir à le maintenir et l’emmener jusqu’au final. Cela, l’ODC l’a fait, avec une sincérité et une énergie qui ne font pas forcément des concerts parfaits, mais bien marquants, débordant d’une émotion palpable (Loxley, submergé, dans Slalom).
1.0C’était hier soir et c’était historique, merci à tous ceux qui étaient présents et tous ceux qui auraient voulu l’être. La suite arrive, on s’arrête pas ?#SOLDOUT ? @romgarcinlorducommunhttps://www.instagram.com/lorducommun16927474422021034838005396747_1692747442Instagramhttps://www.instagram.comrich658
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Pour cela, l’ODC a pu compter notamment sur une série d’invités. Pas le poteau Roméo – en plein marathon promo parisien le jour même où sortait son Chocolat -, mais bien les camarades bawlerz Peet et Félé Flingue du 77, Lous & The Yakuzas reprenant sa Rose en duo avec Primero, ou encore Isha, toujours aussi tranchant, sur Nos Gènes. Et puis, surtout, le groupe a su proposer une scénographie lumière aussi classe que tranchante. Dans ses meilleurs moments, elle a sublimé l’alchimie entre les trois rappeurs (l’arrivée, éblouissante, sur Antilope ; le vert électrique sur le couplet hystérique de Loxley dans Téléphone). Meilleure bromance du hip-hop belge actuel, l’Or du commun fonctionne plus que jamais en symbiose, réanimant l’idée, longtemps dominante, que le rap peut se vivre en bande. Les fulgurances de Primero, le charisme de Swing, la hargne de Loxley : à chacun sa force, sans que jamais l’un n’éclipse les autres – même quand Swing glisse des extraits de son projet solo Marabout, c’est encore l’ODC qui est sur scène.
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Depuis 2013, le quatuor aujourd’hui trio s’est autant amusé qu’il ne s’est cherché. Longtemps, il a même pu donner l’impression d’hésiter : y avait-il vraiment une place pour eux dans ce rap game belge en pleine bourre. Aujourd’hui, qui pourrait encore en douter? Depuis la rencontre avec le producteur français Vax1, présent sur scène, c’est un peu comme si toutes les pièces s’étaient imbriquées. Plus besoin de se planquer derrière des personnages, des perruques ou des moustaches – pour s’excuser, par exemple, du fait de ne pas venir directement du « ghetto », mais d’être plutôt du genre à tracer « les rues d’Ixelles à vélo ». Les grooves boom bap ont cédé le pas à des productions tout aussi chaudes, mais moins référencées, plus modernes, sans pour autant suivre les dernières « modes ». Le résultat, c’est notamment Sapiens, sorti l’automne dernier. Un disque qui, aussi ouvert, hospitalier et accessible soit-il, s’apprécie surtout sur la longueur, demandant le temps de la décantation. C’est fou de voir par exemple comment un morceau-clé tel Homosapiens révèle aujourd’hui sur scène tout son potentiel : dès les premières secondes, le public transforme le questionnement existentiel en hymne. Celui d’une génération qui peut autant s’enjailler et se mettre la tête à l’envers, que, comme le rappelle Loxley, se mobiliser pour le climat ou s’engager dans la Plateforme citoyenne pour l’accueil des réfugiés. L’ODC, groupe engagé ? Ils sont les premiers à en voir les limites – « J’ai pas l’intention de me sacrifier pour la cause« , rappellent-ils sur Truman Show.
En réalité, l’Or du Commun est surtout soi-même. Pas les plus hardcore, ni les plus sales. Mais pas les plus pop non plus, ni les plus flashy. Il est un groupe qui a réussi à se trouver, et a plus que jamais foi dans une certaine authenticité. Et, à cet égard, il n’a jamais aussi bien porté son nom.
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