L’étrange fascination London Grammar
Le trio emmené par Hannah Reid et sa voix de velours a envoûté l’Orangerie du Botanique ce dimanche.
Flash-back. En novembre dernier nous parvient cette performance filmée pour la radio KEXP d’un groupe britannique duquel on ignore à peu près tout à l’époque, à part peut-être ce featuring sur l’album de Disclosure, Help Me Lose My Mind. On nous l’annonce, pas tout à fait à tort, comme une version à voix de The XX, ce qui a de quoi nous titiller. Et surtout, on tombe immédiatement sous le charme de l’organe d’Hannah Reid, qui donne une profondeur inouïe à ses textes aussi naïfs qu’adolescents. La présentatrice KEXP n’y est d’ailleurs pas insensible et en perd ses mots sous le coup de l’émotion après le splendide Hey Now interprété dans son studio: « Wow! Le morceau était déjà puissant sur disque, mais l’entendre ici en votre présence… Vous ne voulez pas en jouer un autre le temps que je reprenne mes esprits? »
Inutile donc de préciser que, quand le Botanique a programmé un nouveau passage au groupe (celui-ci s’étant déjà essayé il y a peu sur les planches du Witloof Bar), on n’a pas hésité longtemps à y prendre part. Et on n’aura sans doute pas été les seuls: rarement a-t-on été aussi souvent harangué sur les 100 mètres qui séparent la sortie du métro de l’entrée du Botanique par des badauds à la recherche d’un ticket -et pas pour le revendre 5 mètres plus loin au double du prix. On nous souffle d’ailleurs que nos collègues photographes devront impérativement sortir après trois morceaux: c’est archi sold-out et on aimerait faire de la place dans la salle…
C’est donc par une volée de vocalises arabisantes et Hey Now que London Grammar démarre son concert, pour nous prendre aussitôt par les tripes. Hypnotisant de simplicité. Car London Grammar, outre la voix cristalline d’Hannah Reid, ce n’est « qu’un » clavier habité et une guitare timide. Mais comme The XX, ou plus récemment Wolf Alice, le groupe de Nottingham mêle la pop et l’electronica avec une rare subtilité. Sauf qu’à force de démontrer toutes les qualités et la puissance de sa voix, la blonde finit par fatiguer. Joue les princesses en s’esquivant en milieu d’un concert de moins de 50 minutes pour aller se faire un petit thé. Mais nous réconcilie à chaque fois aussi vite: en faisant vibrer la corde sensible sur Shyer ou Strong; en laissant son groupe s’envoler vers des cieux trip-hop (Metal & Dust); ou encore en confessant ses erreurs de jeunesse (le très beau et nostalgique Wasting My Young Years). C’est nous prendre par les sentiments!
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