Sufjan Stevens et Angelo De Augustine font équipe sur un album délicat inspiré par Le Silence des agneaux, Les Ailes du désir et La Nuit des morts-vivants…
Bien loin de l’orfèvre gentiment taré qui s’était jadis mis en tête de sortir un album par état de ses chers USA et faisait des pyramides humaines pendant ses concerts en mode pom-pom girl, Sufjan Stevens s’est mis à méchamment gonfler ces dernières années avec ses trips électro new age, ses disques de relaxation pour prof de yoga et clubbeurs en apesanteur. Mis à part l’époustouflant et bouleversant Carrie & Lowell, enregistré en 2015 à la mort de sa mère, le natif de Detroit à la voix d’enfant de choeur n’était quasiment plus parvenu à nous toucher depuis quinze ans.
A Beginner’s Mind est une surprise à plus d’un titre. D’abord parce que Sufjan l’a enregistré en tandem et qu’il a décidé de partager son vélo avec Angelo De Augustine, singer et songwriter californien signé sur son label Asthmatic Kitty. Les deux hommes avaient déjà interprété une chanson ensemble (Time) sur le dernier disque (Tomb) du protégé, mais de là à partager un disque entier, il y avait un pas qu’on ne le voyait pas nécessairement franchir. Ensuite, il y a le concept. Parce qu’on peut parler de concept. Si Sufjan en est évidemment coutumier (on pourrait causer Amérique et chants de Noël), on n’avait pas trop vu celui-ci venir.
Stevens et De Augustine sont partis camper dans la cabane en bois d’un ami au nord de l’État de New York et ont commencé à regarder un film chaque soir. Ces séances sont devenues pour eux comme un lieu de rencontre. Une source d’inspiration pour leurs morceaux. Une base qui leur permettrait de se dégager d’eux-mêmes. De ne pas se sentir individuellement responsables de leur création mais de partir sur quelque chose de nouveau.
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Avec De Augustine, Stevens a trouvé le coéquipier parfait. Il y a dans A Beginner’s Mind le charme de ses débuts, la douceur, la tendresse et la fragilité pop et folk retrouvées. Sufjan renoue avec ses premières amours mais sans la dimension autobiographique qui accompagnait ses dernières tentatives du genre.
Des idées de leur ciné-club quotidien et de leurs références cinématographiques? Les deux singers-songwriters se sont maté Les Ailes du désir (Reach Out), La Nuit des morts-vivants (You Give Death a Bad Name), Mad Max (Murder and Crime), Le Choc des Titans (Olympus), Return to Oz (Back to Oz) et quelques nanars comme Point Break 2 (Beginner’s Mind) ou Hellraiser 3 (The Pillar of Souls). Les pom-pom girls d’American Girls 2 se promènent sur Fictional California tandis que, inspiré par Le Silence des agneaux, Cimmerian Shade est chanté depuis la perspective de Buffalo Bill, le psychopathe (traqué par Clarice Starling) qui découpe la peau de ses victimes. De quoi donner la chair de poule…
Sufjan Stevens & Angelo De Augustine, « A Beginner’s Mind », distribué par Asthmatic Kitty/Konkurrent. ****
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