Critique | Musique

[l’album de la semaine] Ryley Walker – « Course in Fable »

Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

L’in(c)lassable Ryley Walker poursuit son exploration des grands espaces sur un disque étourdissant aux couleurs pastel.

Ryley Walker est un drôle de mec. Un type assez imprévisible. Un guitar hero qui aime autant jouer avec le jazz et le folk qu’avec l’électricité du rock. Un inlassable travailleur aux allures de glandouilleur bordélique. Depuis son dernier véritable album, Deafman Glance, sorti il y a trois ans, l’Américain a revisité un disque perdu du Dave Matthews Band (The Lillywhite Sessions), enregistré de la musique avec les punks bruitistes de Running (Running & Ryley Walker), collaboré avec son pote le batteur Charles Rumback (Little Common Twist), improvisé For Michael Ripps avec les guitaristes Ben Greenberg (Uniform) et J.R. Bohannon (Gold Dime), ou encore plus récemment proposé un live avec Kikagaku Moyo mis en boîte au Guess Who? (Deep Fried Grandeur). Originaire de Rockford dans l’Illinois, Walker vit aujourd’hui à New York mais signe avec Course in Fable un album habité par l’esprit de la ville où il s’est musicalement construit: l’indomptable Chicago. Si l’air mélomane de la Windy City souffle sur ces nouvelles chansons, c’est en partie parce qu’elles ont été enregistrées avec le multi-instrumentiste John McEntire, qui jongle pour le coup avec les casquettes d’ingénieur, de producteur et de mixeur. Adulé pour son boulot avec Stereolab et autre Jim O’Rourke, le claviériste et batteur de Tortoise s’est vu confier un double des clés par le patron et ne s’est pas fait prier pour apposer sa griffe à ce joli disque.

Course in Fable sonne comme un hommage à la scène chicagoane des années 90. Cette époque où Tortoise, The Sea and Cake et Gastr del Sol mélangeaient allègrement l’indie au jazz et au prog rock.

[l'album de la semaine] Ryley Walker -

Genesis et trottinettes…

Ryley Walker n’a pas la plus jolie voix du circuit. Elle peut même parfois faire froncer les sourcils. Le guitariste et songwriter de l’Illinois a cependant le don d’étourdir, d’hypnotiser, de faire tournoyer ses chansons jusqu’à capturer les esprits et les coeurs. Il y a du folk délicat, du rock sauce américaine, du free jazz déguisé dans les sept étapes de ce roadtrip. Une échappée-belle inspirée, selon le guide touristique, par Genesis, les riders de trottinette australiens de l’extrême (allez faire un tour sur YouTube) et les geeks dégarnis sur Craigslist.

Si McEntire, l’architecte du son chicagoan, joue des claviers et du vibraphone, Walker a aussi embarqué ses potes, le guitariste Bill MacKay, le batteur Ryan Jewell et le bassiste Andrew Scott Young, dans l’aventure. Une expédition aux textures sophistiquées, accessible à tous mais d’une richesse bluffante qui se révèle au fil des écoutes. Humour noir et poésie cryptique habillent ces sept chansons qui parlent de trouver de l’ordre dans le chaos. Il y a encore du Tim Buckley dans ce disque aux couleurs pastel mais aussi, surtout, tout le talent d’un prodigieux anticonformiste.

Ryley Walker, « Course in Fable », distribué par Husky Pants/Konkurrent. ****

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