Critique | Musique

[L’album de la semaine] Róisín Murphy – Róisín Machine

© SKINT
Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

Sur son nouvel album, l’Irlandaise se jette dans un bain dance particulièrement mousseux, parfaite dans le rôle de disco queen.

Si le disco est né en pleine dépression, au coeur de la récession seventies, il n’est pas illogique qu’il soit à nouveau particulièrement en verve. Bien sûr, le genre n’a jamais vraiment quitté l’actualité musicale. Mais ces derniers mois, histoire de contrer la sinistrose ambiante, il est redevenu une valeur sûre. Voire une valeur refuge. La jeune superstar Dua Lipa en a fait l’épine dorsale de son dernier Future Nostalgia, et plus encore de sa version remixée. La britannique Jessie Ware s’est pareillement trouvée, réinventée en héroïne disco flamboyante. Et on ne parle même pas du retour annoncé de Kylie Minogue.

Que ce soit avec Moloko (les increvables Sing It Back, Time Is Now, etc.) ou en solo, Róisín Murphy a elle aussi toujours aimé barboter dans les eaux disco. Jamais auparavant, cependant, elle n’avait fait aussi frontalement allégeance au genre. À sa manière évidemment, toujours un peu oblique, cultivant une place à part sur la planète pop. Mais avec une flamme et une élégance qui donnent à son propos une cohérence inédite.

[L'album de la semaine] Róisín Murphy - Róisín Machine

Douce illusion

Jusqu’ici, la plupart du temps, Róisín Murphy ne sortait sa robe à facettes qu’à l’occasion d’un titre inédit, balancé entre deux albums. C’est d’ailleurs là qu’il faut trouver l’origine de Róisín Machine, qui reprend une majorité de morceaux déjà parus en solitaire. En ouverture, Simulation, par exemple, date de 2012. Il résume pourtant bien l’état d’esprit du moment: « This is a simulation/This is for demonstration/This is an only illusion/This is my only delusion. » Cette philosophie, c’est aussi un peu celle de la musique disco: fuir la réalité en simulant un autre monde, sans jamais être non plus complètement dupe. « You silly fool, you can’t change your fate », chantait Chic sur Good Times. Róisín Murphy, elle, répète: « I’ll make my own happy ending ».

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À ses côtés, l’Irlandaise a pu compter sur les services de Richard Barratt, alias Parrot, alias Crooked Man. Basé à Sheffield, il est connu pour être la moitié de Sweet Exorcist, le duo constitué avec Richard H. Kirk, mais aussi pour avoir été prenante des premières productions bleep techno du label Warp. Depuis la disco, Róisín Murphy va d’ailleurs volontiers fureter vers ses dérivés house (Incapable) ou hi-nrg (We Got Together). Le tout sans jamais se départir de son humour, entre second degré (rien que la pochette et sa coupe peroxydée eighties) et autoflagellation, fidèle à la tragicomédie disco, cette dramaturgie à part, où les sanglots longs des violons se font extatiques (Narcissus), et où l’humain se mêle à la machine.

En toute fin de disque, sur Jealousy, la ligne de basse et le riff de guitare funk semblent presque ressusciter la paire Bernard Edwards/Nile Rodgers, duo responsable de quelques-uns des plus grands hits disco. Que Róisín Murphy s’inscrive dans le même sillage n’a jamais paru aussi naturel. Et si la fête ne faisait que commencer?

Róisín Murphy, « Róisín Machine », distribué par Skint/BMG ****(*)

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