Critique | Musique

[l’album de la semaine] Lon Moshe & Southern Freedom Arkestra – « Love Is Where the Spirit Lies »

Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

Avec Love is Where the Spirit Lies, Strut Records réédite l’un des albums les plus recherchés du label de jazz américain Black Fire.

L’été dernier, le maison de disques britannique Strut célébrait son partenariat avec le mythique label de jazz indépendant américain Black Fire avec deux compilations. L’une (African Rhythms 1970-1982) se penchait sur l’oeuvre des Oneness of Juju créés par Plunky Branch. L’autre (Soul Love Now) réunissait classiques et raretés de la structure pionnière en matière de jazz spirituel et de soul consciente fondée par Branch avec le DJ et producteur Jimmy Gray à Richmond, en Virginie.

Son nom ne vous dit sans doute rien. Il n’a même pas encore droit à sa page Wikipédia. Toujours est-il que Lon Moshe venait se glisser dans ce florilège avec Doin’ The Carvin for Thabo. Un hommage à son mentor Michael Carvin. Un batteur qui a joué pour la Motown avant d’accompagner Dizzy Gillespie, Sonny Rollins, Pharoah Sanders ou encore Alice Coltrane. Fermons la parenthèse. Avec Love Is Where the Spirit Lies de Lon Moshe & Southern Freedom Arkestra, Strut réédite pour la première fois internationalement l’un des disques les plus recherchés du label.

Lon Moshe -Ron Martin renseignait sa carte d’identité- était un vibraphoniste afro-américain qui jouait du sax et de la flûte. Un musicien autodidacte avant-gardiste qui avait jadis un faible pour les labels indépendants comme Tribe (Doug Hammond, Wendell Harrison…) et Strata-East (Pharoah Sanders, Clifford Jordan, Gil Scott-Heron…), et le jazz cosmique de Sun Ra. Moshe, qui a joué avec des membres du Art Ensemble of Chicago, a grandi dans l’Illinois et l’oppression raciale était en ces terres rurales aussi présente que dans le sud du pays. Il n’a cessé de la combattre dans ses gestes et dans sa musique.

Flash-back. Ron Martin rencontre le saxophoniste Plunky Branch en jouant dans le groupe du musicien sud-africain Ndikho Xaba exilé à San Francisco, loin de l’apartheid, en 1970. Il participe à la formation originale de Juju. « Il avait une approche unique de son instrument, dit à son sujet Branch. Il était délibérément peu orthodoxe et en jouait comme d’un balafon. Il frappait les touches très fort. Avec énergie. Il abordait le vibraphone comme McCoy Tyner abordait le piano. Il en avait fait une arme. »

Désireux d’embrasser son destin, de suivre sa propre voie, Lon Moshe prend la tangente au milieu de la décennie. Love is Where The Spirit Lies a été enregistré le 3 juin 1976 et le 14 septembre 1977 au Arrest Recording Studio, à Washington DC. Le trip est magique. Le jazz céleste. « Love is where the spirit lies. Love is in your heart. Love is in your mind… » Lon Moshe et son Southern Freedom Arkestra semblent causer avec l’extraterrestre Sun Ra et le fantôme d’Alice Coltrane. Si Eka-Ete Jackie Lewis d’Oneness of Juju chante et a aidé à écrire certaines des chansons, Moshe a embauché des membres du Southern Energy Ensemble. Notamment leur leader Marvin Daniels. Le testament stellaire d’un mec qui a fini par étudier l’agriculture et s’en est allé terminer sa vie en Ouganda.

Lon Moshe & Southern Freedom Arkestra, « Love Is Where the Spirit Lies », distribué par Strut Records/V2. ****

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