Sur son second album, sorte de prequel au carton de Trinity, le rappeur confirme sa proposition singulière, façon blockbuster indépendant.
À une époque où le succès se doit d’être fulgurant, instantanément viral, celui de Laylow, bâti au contraire sur la longueur, est particulièrement rafraîchissant. Pendant une dizaine d’années, le rappeur originaire de Toulouse a en effet évolué à la marge. Ce n’est pas qu’il ait particulièrement flâné ou traîné en route, mais il s’est autorisé à tester et expérimenter avant de trouver petit à petit sa voie. Ce qui a donné au final Trinity, premier album officiel, sorti l’an dernier. Un disque singulier, à l’esthétique cyberpunk, rappelant éventuellement le Kanye West de Yeezus. Surprise: tranchant avec le ton général de la production rap française, la proposition trouvera son public. De quoi rassurer un peu plus ceux qui craignaient que la mainstreamisation du rap ne rime trop avec uniformisation.
De retour un an à peine plus tard, Laylow est bien parti pour confirmer l’essai. La semaine de sa sortie, il y a quinze jours, L’Étrange Histoire de Mr. Anderson a signé le quatrième meilleur démarrage mondial sur la plateforme Spotify. Depuis, il a atteint la première place du Top Albums en France et en Belgique…
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Mr. Cinéma
Il faut dire que le terrain avait été très bien préparé. Début juin, le rappeur sortait sur YouTube un moyen métrage de 22 minutes pour introduire le projet. De fait, Jérémy Larroux, de son vrai nom, a toujours été fort influencé par le cinéma. La trame de Trinity, par exemple, se basait notamment sur le film Matrix. À nouveau, L’Étrange Histoire de Mr.Anderson rassemble une série d’éléments cinématographiques: de Matrix à nouveau (Anderson est le véritable nom de Neo, alias Keanu Reeves) jusqu’au réalisateur Christopher Nolan en passant par Tim Burton (L’Étrange Noël de Monsieur Jack). D’où un album très filmique. À l’instar de la trilogie JVLIVS de SCH (l’un des autres cartons du moment), il est parsemé d’interludes dialogués (SCH convoquait la voix française d’Al Pacino, Laylow invite celle de Whoopi Goldberg pour jouer sa mère). On pourra trouver ces « skits » très (trop?) nombreux, mais ils participent à la volonté de Laylow de proposer un disque qui ne soit pas une collection de singles, mais un véritable album, à écouter comme tel, d’une traite.
L’histoire revient sur les débuts du personnage de Trinity, qui est forcément aussi un peu le double de Laylow, bataillant pour obtenir son indépendance. Ce choix d’un « prequel » n’est pas sans effet sur la musique. À rebours des sons électroniques saturés de Trinity, L’Étrange Histoire de Mr.Anderson baigne dans des ambiances plus organiques: la boucle de piano de Fallen Angels (avec la gueule cassée anglaise Slowthai), les vapeurs de Que la pluie, l’intro cuivrée de R9R-Line avec Damso (« Pas de concert avant longtemps, les artistes à chicha commencent à paniquer« , analyse le rappeur belge numero uno), ou encore les ambiances eighties de Window Shopper (avec un autre compatriote, Hamza, sur la partie 2). On laisse le mot de la fin à Alpha Wann, lui aussi un « late-bloomer », invité avec Wit. sur le morceau Stuntmen: « On n’a pas explosé en retard, on est juste à des années-lumière« …
RAP. Laylow, « L’Étrange Histoire de Mr.Anderson », distribué par Digitalmundo. ****
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