Critique | Musique

[l’album de la semaine] Courtney Barnett – Things Take Time, Take Time: éloge de la lenteur

© MIA MALA MCDONALD
Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

Enregistré avec Stella Mozgawa, des boîtes à rythmes et sa guitare, le troisième Courtney Barnett se la joue intime et lo-fi.

Sometimes I Sit and Think and Sometimes I Just Sit. Tell Me How You Really Feel. Et maintenant, Things Take Time, Take Time… Plus bavarde sur ses pochettes qu’en interview, Courtney Barnett a toujours aimé donner à ses disques des noms bizarres et à rallonge. Comme elle le chante sur Rae Street, un titre d’ouverture qui fait furieusement penser à son pote Kurt Vile (ils ont même sorti un album ensemble en 2017: Lotta Sea Lice), la plus unique des girls next door australiennes aime prendre son temps. « In the morning, I’m slow. » « Time is money and money is no man’s friend. » Durant un confinement où changer les draps pouvait devenir le plus grand accomplissement de la journée, Barnett a eu plus que l’occasion de s’asseoir et de réfléchir. Elle a trouvé celui d’enregistrer un disque aussi. Un disque dont le tracklisting a presque des allures de manuel pour survivre à la pandémie.

Si la trentenaire de Melbourne a commencé à écrire de nouvelles chansons dès le printemps 2018 et la sortie de son deuxième album, elle a fini par en laisser tomber la plupart. Write a List of Things to Look Forward to, l’un des premiers morceaux qu’elle a gardés pour son disque, ne remonte pas pour autant aux interminables et solitaires jours de lockdown, aux soirées sans concerts et au plus ennuyeux des bals masqués. Elle l’a enfanté fin 2019. Profondément désemparée, notamment à cause des feux de brousse qui ravageaient l’Australie.

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Regain d’espoir

De retour au pays après une tournée solo aux États-Unis terminée par un concert de bienfaisance à Los Angeles, Barnett a eu droit à une quarantaine. Et comme elle n’avait pas d’endroit où loger (quels SDF ces musiciens), elle s’est retrouvée dans l’appartement vide d’un pote où elle est restée toute l’année. Courtney y a appris à cuisiner, s’est plongée dans les films d’Agnès Varda et d’Andreï Tarkovski. Elle a lu des livres et peint des aquarelles. Elle a aussi passé beaucoup de temps à sa fenêtre à boire du café et à jouer de la guitare acoustique.

Fabriqué avec Stella Mozgawa (la batteuse de Warpaint) et diverses boîtes à rythmes dont une, vintage, acquise après une visite au Loft de Wilco -non sans avoir étudié les rythmes programmés d’Arthur Russell et de Yo La Tengo-, Things Take Time, Take Time parle de trouver la beauté là où on l’attend le moins. De joie et de gratitude nées de la douleur et de la tristesse. De regain d’espoir après une saison creuse (Turning Green)… Moins rock que ses précédents disques, il transpire encore par tous les pores sa coolitude et son sens de l’écriture. Porté qu’il est par un chant toujours magnifiquement je-m’en-foutiste. Try to enjoy life and take it easy…

Courtney Barnett, « Things Take Time, Take Time », distribué par Milk. ****

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