Voix accrocheuse, compositions maîtrisées: Amber Mark sublime ses doutes sur un premier album r’n’b-pop aussi élégant que jubilatoire.
Au fond, cela n’arrive pas si souvent que ça: un disque qui coule de source. Three Dimensions Deep est de ceux-là. Pas besoin de round d’observation ou de prendre ses marques: entre r’n’b foisonnant et pop léchée, le premier album d’Amber Mark s’impose comme une évidence. Vous passez la porte, et l’endroit apparaît instantanément familier. Tout est à sa place, sans que rien ne soit balisé. Tout paraît simple, mais rien n’est innocent.
Il faut du temps pour maîtriser les choses sans donner l’impression de les corseter. Ce temps, l’Américaine a eu l’intelligence de le prendre après deux premiers EP remarqués. En 2018, il y a eu les quatre titres de Conexão, sous influence bossa nova. L’année d’avant, 3.33 am officialisait son entrée dans le music business, un an à peine après un premier single balancé sur SoundCloud. Ce premier essai lui permettait également d’apaiser certaines douleurs intimes, comme la mort de sa mère, en 2013, âgée d’à peine 60 ans. Artiste peintre allemande, adepte de la pensée bouddhiste et d’une certaine vie de bohème -Amber Mark grandira entre Berlin, l’Inde et Miami-, c’est elle qui donnera à sa fille (née en 1993 dans le Tennessee) le goût de la musique.
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Elle est d’ailleurs encore présente dès le premier titre de l’album. « I just want you proud of me up above« , chante Amber Mark, sur One. Emballé avec des samples soul triomphants, le morceau permet en outre à la chanteuse d’exprimer ses doutes -« J’essaie de correspondre à leurs rêves, à leurs fantasmes/Tout en restant moi-même« . Pour se libérer de la pression, la pandémie, paradoxalement, arrivera « à point ». Au début du confinement, Amber Mark va en effet se lancer dans une série de reprises -de Nirvana (Heart-Shaped Box) à The Who (The Seeker) en passant par le My People d’Eddie Kendricks. De quoi retrouver le plaisir musical que le poids d’un premier album avait pu lui enlever.
À l’arrivée, Three Dimensions Deep parvient à la fois à être précis, clair dans ses intentions, mais sans jamais étouffer l’étincelle initiale. Élégant, mais jamais coincé. Autrice-compositrice-productrice, Amber Mark a tenu à découper son disque en trois parties distinctes. Soit autant de chapitres, qui évoquent les leçons que chacun peut tirer de ses fragilités et de ses incertitudes. En l’occurrence, la pop a pu souvent donner l’impression ces dernières années de tirer ses refrains de manuels de développement personnel. Three Dimensions Deep évite heureusement l’écueil. Grâce à la sincérité évidente de la démarche. Mais surtout à la gourmandise musicale d’Amber Mark, dont la voix granuleuse donne un supplément d’âme à chacun des morceaux, peu importe le registre. R’n’b voluptueux (What It Is), ballade vengeresse (Most Men), sortie dance (FOMO), funk à la Prince (Darkside)… Les chansons s’enchaînent, sans temps mort. Ni remplissage. Admirable de maîtrise, Mark laisse la sienne partout où elle passe.
Amber Mark, « Three Dimensions Deep », distribué par Universal. ****
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