[l’album de la semaine] Aldous Harding – « Warm Chris »: la femme mystère

Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

Aldous Harding retrouve John Parish et invite Jason Williamson (Sleaford Mods) sur un quatrième album à la douceur onirique et élégante.

Le mot n’est pas galvaudé. Aldous Harding est l’une des artistes les plus « insaisissables » de ces 20 dernières années. Du genre à se mettre à pleurer en pleine interview, submergée par ses sentiments et chiffonnée à l’idée de devoir résumer qui elle est en une demi-heure. Puis carrément mystérieuse la fois suivante, cachant qu’elle avait atterri au Pays de Galles par amour et que Huw Evans, alias H. Hawkline, ne partageait pas avec elle que sa passion pour la musique. Qui a déjà vu la Néo-Zélandaise, Hannah Topp de son vrai nom, en concert sait de quoi il est question. Aldous Harding n’a pas l’air toute seule dans sa tête. C’est sans doute ce qui la rend plus fascinante encore. Elle, la reine grimaçante du folk gothique, la Jim Carrey de la pop de chambre. Aldous a le visage élastique et la contorsion faciale facile. Elle a aussi une voix caméléon. Une manière de chanter qui la rapproche de la comédienne, véhicule pour les personnages qui l’habitent et qui peuplent ses chansons. Lou Reed et Neil Young, Vashti Bunyan et Nico, Kate Bush et Karen Dalton… Il y a un peu de tous ces gens-là dans le timbre de l’énigmatique jeune femme qui a grandi dans une ferme bio et se rêvait vétérinaire.

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Fragile et excentrique

En partie écrit dans sa Nouvelle-Zélande natale et à nouveau produit par John Parish (PJ Harvey, Arno, Dry Cleaning…), Warm Chris a été enregistré dans le décor rural et bucolique d’un studio gallois (Rockfield) par lequel sont entre autres passés Queen, Motörhead, les Stone Roses et Oasis… Parish n’est pas qu’aux manettes. Il joue aussi de la gratte, de la batterie et des claviers sur ces magnifiques comptines aux paroles toujours relativement cryptiques.

Déchirante de simplicité et de dépouillement sur le morceau qui a donné son titre au disque, Aldous a embarqué dans l’aventure Huw Evans, Gavin Fitzjohn et l’ancien batteur de Sons of Kemet Seb Rochford. Elle a aussi embauché un invité plus inattendu: sur Leathery Whip, ultime morceau du disque, Harding prend sa voix sous hélium et fait chanter l’inimitable et pourtant méconnaissable Jason Williamson. Le Sleaford Mod, qu’elle a rencontré dans un festival en Australie, pousse la chansonnette avec elle sur le refrain. « I’m a little bit older but I remain unchanged« , répète-t-elle. Harding dit pour ce nouvel album s’être davantage intéressée au son des mots qu’à leur signification. Elle signe à nouveau un disque irrésistible. Et si certains (c’est épidermique) sont allergiques à sa voix singulière et plurielle, Aldous mettra les autres au tapis avec ses intonations de crooneuse schizophrène et ses inflexions enfantines. Beau, fragile, minimaliste et excentrique.

Aldous Harding, « Warm Chris », distribué par 4AD. ****

Le 21/03/2023 au Cirque Royal (Bruxelles).

[l'album de la semaine] Aldous Harding -
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