Justin Timberlake, the sexy is back

© Tom Munro
Myriam Leroy
Myriam Leroy Journaliste, chroniqueuse, écrivain

Sept ans après le smash de FutureSex/LoveSounds, Justin Timberlake est de retour avec un album qui rappelle qu’il n’est pas que blagueur professionnel. Un disque qui ne le réinvente pas, mais qui confirme sa place à part dans le paysage musical.

« Move over Bieber, daddy’s home. » Implacable commentaire qui claque sous la vidéo de la performance de Justin Timberlake aux derniers Brit Awards.

Après sept ans de silence radio -ou presque- de celui qu’on a longtemps qualifié de prince de la pop (héritier de Michael Jackson, tant pour le timbre que pour les chorégraphies élastiques), les premières occurrences sur YouTube ou Google mentionnent inévitablement Bieber lorsqu’on effectue une recherche avec le prénom Justin.

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Dans une vidéo suprise postée le 10 janvier dernier sur YouTube (la méthode Bowie), Timberlake se penchait sur la question que tout le monde se posait logiquement: « Donc tu en as fini avec la musique? » Réponse: « La musique signifie plus que tout le reste pour moi. Ecoutez, j’ai seulement fait deux albums en dix ans. C’est la manière dont j’envisage les choses (…) Je suis obsédé par ce que je fais jusqu’à ce que vous soyez amené à l’écouter. Plus j’approche de ce point, plus je me torture physiquement pour que ça me convienne parfaitement. Je ne veux pas sortir quelque chose que je n’aime pas. Ce n’est pas un cas de figure qui se présente tous les jours. Il faut attendre. Je suis prêt. »

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Encore faut-il que son public l’ait attendu. Qui va à la chasse perd sa place? Pas sûr. L’ancien leader charismatique des N’Sync n’a effectivement plus trusté les charts pendant un bail mais il a occupé l’espace comme jamais, avec la décontraction (spontanée ou feinte, difficile de trancher) du type qui s’amuse, qui prend du bon temps, qui ne sait pas où il va mais qui y va quand même, du moment qu’il marche au fun.

Il a joué au golf (et racheté un terrain), il a ouvert des restos, lancé sa ligne de fringues, est devenu le copropriétaire d’un MySpace dont il a travaillé le look et l’ergonomie… Il a rompu avec une jolie blonde (Cameron Diaz) puis s’est marié avec une jolie brune (Jessica Biel). Il a promené sa baby face sur les grands écrans, naviguant (à vue?) au gré de ses envies entre films de copains bas du front (Bad Teacher, Friends with Benefits…) et oeuvres plus ambitieuses, (Trouble with the Curve, The Social Network…; on l’annonce aussi au générique du prochain frères Coen).

Parodies et pastiches

Et surtout, Justin Timberlake a fait le guignol. Au sens propre. Tout a commencé avec Dick in a Box, une parodie de sirop R’n’B des années 80 (première d’une longue série) chantée avec son copain humoriste Andy Samberg, diffusée dans Saturday Night Live et partagée sur Internet dans le monde entier. Un happening pas nécessairement hilarant (il s’agissait d’offrir son pénis à sa dulcinée dans un paquet-cadeau troué sur le dessous), mais assurément inédit. Le petit fiancé de l’Amérique osait casser son image de lover, une sacrée prise de risque pour une popstar dont les chiffres de vente carburaient en grande partie au glamour, et dont les accointances avec le rap wesh-wesh laissaient supposer peu d’affinités avec la bouffonnerie. Il y eut aussi ce refaisage du clip Single Ladies de Beyoncé en talons hauts et body noir. Cette apparition en tranche de tofu, pour une ode chantée au végétarisme. Le pastiche de ses propres chansons dans un style ragtime ou baroque.

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Ou encore cet « hommage » au dictateur vénézuélien décédé Hugo Chavez dont il s’est payé les excès sur l’air de Candle in the Wind, déguisé en Elton John.

Il y eut surtout ses medleys rappés, chantés et dansés, avec l’animateur Jimmy Fallon sur NBC, History of Rap , l’occasion de mettre en avant son indéniable sens du flow et ses talents d’entertainer en enfilant les extraits de morceaux cultes sur un rythme infernal.

Une classe folle jusque dans les registres les plus idiots, un art consommé de la vanne qui buzze… Il se murmure de moins en moins discrètement qu’au même titre que Billy Crystal, l’ami Justin ferait un parfait présentateur pour les prochains Oscars, et qu’il aurait été approché en ce sens.

Plus grand-chose n’étonne donc à propos du petit poulain de l’écurie Mickey Mouse Club. Sauf quand il fait son retour aux affaires avec un disque dans la parfaite continuité des précédents (Timbaland à la barre, ceci expliquant peut-être cela), reproduisant un son qui n’existe plus que dans sa galaxie et qui ne s’est pas réinventé d’un pouce -sa longueur mise à part, sept minutes le morceau en moyenne. « Si Pink Floyd, Led Zeppelin et Queen peuvent faire des chansons de dix minutes, pourquoi pas moi? On s’occupera des radio edits plus tard », a-t-il osé sur les ondes de Capital FM.

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Timberlake fait du « classic » Timberlake, sans renouveler la recette. Et pourquoi pas, au fond, tant que celle-ci n’est pas dépassée?

Réactualisant la figure du crooner en lui adjoignant le sourire en coin, un brin d’irrévérence et une paire de Stan Smith, le chanteur sort une plaque compressant morceaux pour danser, pour draguer et se bécoter, cuivrés, chromés et pailletés, formatés pour l’amour badin, jolis pieds de nez à la morosité ambiante. De quoi déclasser tous ses homonymes dans les moteurs de recherche.

Justin Timberlake, The 20/20 Experience, distribué par RCA/Sony Music.

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