Joyeux anniversaire les Aralunaires!

© Sébastien Cuvelier
Stagiaire Le Vif

Les Aralunaires, probablement le festival le plus intimiste de Belgique, s’apprête à fêter ses dix ans d’existence la semaine prochaine. Rencontre avec les instigateurs de ce projet original et ambitieux, qui aura lieu du 1 au 6 mai.

Si beaucoup de gens squatteront le Botanique et ses nuits la semaine prochaine à Bruxelles, d’autres préfèreront sans doute un cadre plus original, sûrement plus restreint et surtout beaucoup plus au sud de notre pays. Chef-lieu de la Province du Luxembourg, située entre France, Belgique et Luxembourg, la ville d’Arlon est loin d’être toute l’année le théâtre d’une animosité constante, comme peut l’être notre capitale, mais quand viennent les premiers jours de mai, elle peut largement rivaliser avec Bruxelles, grâce à son festival, les Aralunaires, qui va fièrement souffler ses dix bougies cette année.

Tout a commencé lorsque Sébastien Cuvelier, co-organisateur et programmateur du festival, s’est rendu à Lyon en 2007, ville qui accueille chaque année les Nuits Sonores, concept-festival proposant des concerts dans des lieux insolites de la ville. À cette époque, existaient déjà depuis une vingtaine d’années les nuits de l’Entrepôt à Arlon, un rendez-vous annuel qui s’essoufflait et devenait trop monotone selon lui.

Arrivés donc au bout d’un cycle avec ce petit festival et en concurrence avec les grosses salles de concert, qui fleurissaient au Luxembourg, ils se sont très vite rendu compte qu’il était impossible de vouloir rivaliser en proposant eux-aussi une programmation faite de grands noms. « C’est là qu’on s’est dit qu’il fallait innover, déclare Sébastien Cuvelier, et donc pourquoi pas proposer ce concept qu’on a vu à Lyon et qui existe aussi en Islande, avec Iceland Airwaves, et aux Pays-Bas, avec Eurosonic. En plus, Arlon est la ville parfaite pour ça puisque ce n’est pas grand, tu peux tout faire à pied et aussi c’est une ville historique, une des plus vieilles de Belgique.« 

u0022Si on a du mal u0026#xE0; amener les gens aux concerts, on va amener le concert chez les gens !u0022

Ainsi sont donc nées les Aralunaires. Se voulant proches des gens, et uniques en leur genre, elles sont loin du traditionnel concept de festival, mais partagent le même amour pour la musique. Les créateurs du festival sont d’ailleurs les premiers à avoir fait migrer le concept en Belgique. Pour eux, un concert d’un groupe mondialement connu devant 5.000 personnes, c’est impensable. Ils veulent que leur marque de fabrique soit de proposer des concerts d’Arno, Daniel Darc ou Fishbach devant 200-300 personnes. D’ailleurs, c’est cette année qu’ils feront leur plus grand show, exclusivement pour les dix ans, en proposant Girls in Hawaii devant… 500 personnes !

Le but, c’est aussi de faire découvrir au public des lieux qu’ils ne connaissaient peut-être pas, dont ils n’auraient jamais pu douter de l’existence. Des lieux parfois insolites, comme les églises et la synagogue d’Arlon, un petit entrepôt d’un magasin de meubles, une cage d’escalier… jusqu’à un concert dans une piscine pour la représentation de Louis Piscine le dimanche matin, pour ceux qui voudraient se réveiller en douceur après la soirée du samedi. « Il y a beaucoup de lieux qu’on aimerait faire découvrir aux gens, ajoute le programmateur, et si on a du mal à ramener les gens à des concerts, on va ramener les concerts chez les gens ! Il y a plein de lieux super chouettes qui ne sont pas forcément mis en avant et en creusant un peu tu peux les découvrir. On n’a pas voulu s’arrêter à juste mettre en avant des lieux du patrimoine prestigieux, les ruines romaines, les églises… On met aussi en avant par exemple l’entrepôt de meubles, plein d’endroits qui sont parfois privés qui sont découverts par le festival. On désacralise un peu ce genre de concept où on ne met en avant que les beaux bâtiments. L’histoire se construit tout le temps et on veut montrer tout. »

Et les organisateurs ont été plus loin que proposer des lieux insolites, ils ont innové dans les concepts, proposant un concert-sieste où le public était couché dans le noir ou bien même un concert dans une voiture donné par Sharko pour l’heureuse gagnante d’un concours.

L’affichage de ce contenu a été bloqué pour respecter vos choix en matière de cookies. Cliquez ici pour régler vos préférences en matière de cookies et afficher le contenu.
Vous pouvez modifier vos choix à tout moment en cliquant sur « Paramètres des cookies » en bas du site.

Proposer des artistes avant qu’ils ne soient connus

Outre certaines têtes d’affiches qu’on ne présente plus, le festival attire des plus petits noms et également le concept des Aralunaires lab, véritable tremplin pour des jeunes artistes qui se voient jouer dans les maisons des habitants. Le pari était de faire aimer des musiques qui sonnent assez « indé » à des gens qui n’écouteraient peut-être pas ce style-là tous les jours. Les organisateurs sont conscients que le public ne connaitra peut-être pas les deux tiers de l’affiche mais le but c’est qu’ils achetent un pass afin de découvrir des choses. Et cela a marché ! L’abbé de la paroisse de Saint Donat à Arlon héberge même les artistes, tout comme certains autres habitants. « Une année, il est même allé manger une pizza avec le groupe qu’il hébergeait le lendemain de leur concert. Il y a souvent des cas où les artistes deviennent véritablement amis avec les habitants » expliquent les organisateurs.

Aller voir un concert dans le salon d’un habitant d’Arlon, qui viendrait proposer à boire au public et aux artistes en même temps, cela parait surréaliste, mais c’est cela l’esprit des Aralunaires.

Une fierté aussi, c’est de proposer des artistes avant que la notoriété ne les emporte. En 2009, ils programmaient The Subs ou encore les Naive New Beaters. En 2011, ils avaient le Rémois Gesaffelstein, qui a produit Kanye West, et l’année dernière ils proposaient Angèle, quelques mois avant qu’elle n’explose littéralement sur la scène francophone. Quelques exemples parmi tant d’autres qui font de ce festival un véritable précurseur des talents de demain.

Les Aralunaires, c’est le festival parfait pour les âmes avides de découvertes, musicale d’une part et touristique d’autre part, la Gaume offrant énormément de richesses historiques et naturelles à découvrir. Véritable ovni dans le paysage des festivals belges, mais séduisant par sa formule inédite, c’est l’alternative parfaite aux Nuits Botaniques pour ceux qui aiment se retrouver dans l’intimité des plus petits concerts.

Les Aralunaires, avec Girls in Hawaii, Tjens Matic, Angèle, Tamino et bien d’autres. Du 1 au 6 mai à Arlon. Plus d’informations : http://www.aralunaires.be/

Guillaume Scheunders

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content