Jean Roucas is in the house!

Lundi, c’est Georges Henri. Toujours prêt à donner ses nuits au lecteur de FocusVif, Guillermo Guiz a la farce facile, cette semaine. Night in Night out, épisode 26.

Ca commence par une anecdote d’anticipation. Avril 2012. A la recherche d’un attaquant depuis le fiasco de la saison précédente, où il évita d’un fifrelin la disgrâce d’une rétrogradation en division 2, le Sporting de Charleroi s’était dégoté la perle rare en jetant son dévolu sur Bachir, un joueur irakien à l’efficacité redoutable. 18 buts. Il avait planté 18 buts, l’Irakien, au point d’aider son club à redresser la barre, à relever la tête, à balader fièrement les zébrures de son maillot sur les pelouses du pays. Avril 2012. Le duel des Sporting. Anderlecht reçoit Charleroi, dans un Parc Astrid incandescent. Dans le couloir menant au terrain, Bachir repense à l’Irak, à son adolescence bercée par l’emprise impitoyable de Saddam, puis par la guerre et la peur, le chaos, les bombes, les violences. Si Charleroi l’emporte, ce soir, la qualification européenne sera assurée. Et Bachir pourra viser plus haut, l’Espagne, l’Angleterre, l’Italie. Porté par ce rêve, littéralement transcendé par l’enjeu, Bachir plante une banderille. Puis deux. Puis trois. Au coup de sifflet final, Anderlecht est privé du titre et Charleroi a son ticket européen en poche. Les supporters carolos sont en liesse, l’euphorie gagne les rangs des joueurs et des dirigeants, mais Bachir, à cet instant, n’a qu’une idée en tête. Partager son bonheur avec sa mère. Lui dire combien il l’aime.

Les sonneries retentissent, interminables. Et le déclic. « Maman… Tu ne devineras jamais ce que ton fils vient d’accomplir (conversation librement traduite de l’Irakien), je suis un héros ici. Trois buts! Dieu m’a donné la force de qualifier mon équipe pour la Coupe d’Europe. Tout ira mieux maintenant », s’emporte Bachir, dans un torrent de larmes mal maîtrisées. Silence à l’autre bout du fil. Pour quelques secondes du moins. « Mon fils… Tu me parles de ton foot là alors qu’ici, toute ta famille souffre. La maison est en ruines, les routes sont défoncées, ta soeur a été agressée, ton frère a été racketté, ton père s’est fait tiré dessus et moi je n’en peux plus de cette horreur! », répliqua la mère, sur un ton partagé entre l’amertume et la colère. « Je suis désolé maman, mais ce n’est pas de ma faute », eut le courage d’ajouter Bachir, estomaqué. « Ce n’est pas de ta faute dinimek? Ce n’est pas de ta faute si on a dû déménager à Charleroi? »

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Bide ou pas bide? Je raconte mal les blagues en général. Mais samedi soir, dans l’automobile (message subliminal: Damon, j’aime beaucoup ce que tu fais) qui nous menait à Gosselies, entre les travaux, les routes cabossées, les déviations, les prostituées exerçant devant les chantiers et l’ambiance crépusculaire du parcours, je me suis promis de te ressortir cette vieille farce tapie, depuis un paquet de temps, dans un coin inexploré de ma mémoire. « Qu’est-ce que c’est que t’allais bien pouvoir foutre à Gosselies? », me dirait un ami présent, si j’avais un ami présent. Et bien ma foi, cher copain imaginaire, j’allais soutenir les tout premiers pas d’un jeune DJ prometteur, le sieur Naked Feet, frère émérite de la merveilleuse Selena S. devenue Selena D. depuis qu’une alliance lui cercle l’annulaire. Selena, son excellent mari et moi débarquons donc dans une lugubre artère de Gosselies où, sur un flanc dégagé, se dresse une maison de maître éclairée à la Tim Burton, dans une configuration rappelant celle du pompeux Parc Savoy. Vu de l’extérieur, le calme semble confirmer l’une des craintes qui m’avaient assailli sur le trajet: et si tous les jeunes branchés de Gosselies étaient allé faire la fête au Cactus?

Oh, ça va hein… C’est pour de la rigolade. A l’entrée de L’Intemporel, grosse incompréhension. Naked Feet, dont c’était le tout premier tour de plaques, nous l’avait pourtant assuré: on serait sur la liste, on paierait 5 euros, on aurait droit à une boisson gratuite. On était sur la liste. On a payé 5 euros. Mais on n’a pas eu droit à une boisson gratuite. Juste à une réduction de 5 euros chez le coiffeur. Ca se passe comme ça à Gosselies, on s’hydrate à la tondeuse, c’est vital. « Quoi, y’a un coiffeur à l’intérieur? ». J’aime bien faire de mon petit malin comme ça, avec mes lunettes fake et mes Stimorol hardcore. On rit. Oh oui, on rit!

C’était soirée tropicale. C’est pour ça que les plus engagés portent des bermudas et des chemises à fleur. Avec son set old-school house tout en fluidité, Naked Feet, valeureux représentant de la maréchaussée dans le civil, assure pourtant avec beaucoup de doigté cette première expérience platinée. Sympa en fait. La maison a de la gueule, malgré les lasers et la sono un peu unidirectionnelle. C’est marrant les clichés. Ma meilleure amie Selena S., qui vient pourtant de la région, me glisse: « T’as vu, t’as une tête de plus que tous les autres garçons. » Vivre à Bruxelles depuis trop longtemps… Après, on s’imagine que Gosselies, c’est la Forêt équatoriale et que les Pygmées y festoient en bermuda. N’importe quoi. Rien à signaler côté population, des gens cool et normaux dans un petit club très sympa. Go Gosselies!

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Alors la semaine dernière, la semaine dernière… (Il était drôle, Kad Merad, avant de vendre son corps à la science du naveton). La semaine dernière, je parlais des agendas incohérents de la nuit bruxelloise. Tout. Puis rien. Puis tout. Puis rien. Flute à la fin (je suis président de l’ASBL « Réhabilitons les douces marques d’énervement du passé »). J’ai dû me taper le Cactus la semaine dernière, tant le menu puait la faim. Ce samedi, par surabondance de choix, j’ai loupé l’énorme Felix Da Housecat au Mirano, la Strictly à la Bodega, la I Feel… de mes copines au Louise et la pointure Tiefschwarz au Fuse, sans compter toutes les chouettes soirées du vendredi. De toute façon, j’étais tellement hors du coup, en rentrant de Gosselies, que rien n’aurait pu m’arracher à la pénible sensation d’être étranger à la fête. Y’a des soirs comme ça. Des soirs où un vieux prédateur fané s’enfonce seul dans la nuit, battu d’avance par les hordes de brebis sautillantes et neigeuses. « T’emmerdes tout le monde quand tu sors tes états d’âme, arrête de déprimer les gens fieu », m’a récemment prescrit l’ami Antonio P. Je suis bien d’accord. Alors, pour conjurer le sort, voici ma meilleure blague sur les Schtroumpfs (copyright Lili M.): « Pourquoi les Schtroumpfs sont bleu? » Roulement de tambour. « Parce que leur slip est trop serrant. » Petit coup de cymbale. Pssshhttt.

Bon, de coups de cymbales, il en fut question samedi soir, après Gosselies, en plein centre de Bruxelles. Les frères Psar et Septik lançaient leur concept « On Top », censé s’épanouir tous les deuxièmes samedis du mois au sommet du Viage, le nouveau casino de Bruxelles. Sauf que d’obscurs problèmes de voisinage obligèrent les deux DJ’s à descendre d’un étage pour occuper la salle de concert, un brin plus costaude niveau capacité. En catastrophe, Psar et Septik rameutèrent donc quelques figures de la scène urbaine bruxelloise, histoire de remplir à la hâte leur nouveau jouet. Pourquoi pas? L’événementiel un peu diversifié se fait rare, la nuit. Mention très bien pour Cléo, chanteuse rn’b au timbre et aux beats profonds, venue livrer un petit morceau. Mention trop court pour l’épatant James Deano, accompagné du stand-up artist Cody et de vraies cymbales, pour ponctuer ses faux bides. Mention pas terrible, par contre, pour la musique. Voire pas terrible du tout. Préférant à leur excellent savoir-faire hip hop, rn’b ou dancehall, les sons dance-house commerciaux du Carré, les frères ont joué la facilité. Dommage.

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L’honnêteté, c’est également de confesser qu’il m’aurait fallu être dans un mood plus festif pour apprécier le set d’Agoria au Libertine Supersport. Le Lyonnais, pourtant, c’est de la balle niveau production. Et l’assistance avait l’air de prendre son pied, comme on disait au vingtième siècle. Mais même quand il a clashé Panta Rei, un track que je me suis passé en boucle pendant des semaines, impossible de décoller. Hermétique comme un K-Way Rucanor. Y’a des soirs comme ça. Des soirs où rien ne va, où il vaut mieux rentrer, limiter les dégâts, s’octroyer un peu de repos avant d’aborder la vraie vie, celle du travail, des factures et des petites misères. « Tain! T’es encore en train de plomber l’ambiance, arrête de déprimer les gens mec, on s’en fout de savoir si tu vas te jeter dans un lac. Fais-nous plutôt rire », aurait poursuivi l’ami Antonio P. Dont acte. Une blague. C’est quoi la différence entre un pigeon (copyright Coluche)? Rideau.

Guillermo Guiz

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