Jay Z en roue libre au Sportpaleis

Jay Z, ici quelques jours plus tôt à Paris Bercy. © REUTERS/Benoît Tessier
Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

Le rappeur superstar était à Anvers, hier soir. Sans vraiment décevoir, il n’a pas non plus su toujours allumer l’étincelle.

Parmi les vidéos qui défilent sur les deux murs d’écrans qui bordent la scène, des images du Colisée et de la Fontaine de Trévi. L’interprétation est libre: arguments bling bling (Europe is so chic)? Indices d’une civilisation dont l’opulence mène forcément à la décadence de l’Empire? Ou simples effets métonymiques: comme les monuments antiques, Jay Z fait aujourd’hui partie des classiques. Un « monument » de la culture hip hop, l’un de ceux qui l’aura le plus profondément et durablement marqué -cela fait plus de 15 ans qu’il anime le rap game. Bizarrement, le rappeur n’a d’ailleurs peut-être jamais été aussi populaire. Et même si le Sportpaleis n’affichait pas sold out lundi soir, le concert du New-Yorkais n’en restait pas moins un événement.

Au point d’en attendre un peu trop? Peut-être. Car il y a bien deux, trois choses à redire. Le son d’abord, qui dans l’arène anversoise a rarement dépassé le stade de bouillie. Exemple frappant avec l’enchaînement 99 Problems/Picasso Baby qui, après une demi-heure, se vautre, alors qu’il aurait dû être l’un des premiers feux d’artifice de la soirée. Sur scène, on s’en tient au minimum: Jay Z au milieu d’une structure métallique, sur laquelle est perché le groupe: batterie, clavier, guitare et un visage connu, ce bon vieux Timbaland. On ne sait pas trop ce qu’il fait derrière ses machines, sinon balancer l’un ou l’autre sample, checker peut-être ses e-mails. Sourire de matou roublard, il a tout de même droit à son interlude perso, 10 minutes où il rappelle quelques-uns de ses plus haut faits d’arme (pour Timberlake, Missy Elliott…).

Quand Jay Z revient après l’intermède, le concert s’emballe alors pour de bon. Avec Dirt Off Your Shoulder, le patron se montre plus investi, tandis que les lumières bleues et le gimmick de Pharrell Williams sur I Just Wanna Love U suffisent à faire basculer le Sportpaleis. Niggas in Paris met définitivement le souk: par trois fois, Jay Z balance le morceau, demandant à chaque fois au public dans la fosse d’agrandir un peu plus le cercle qui explose dès les premières notes. Effet garanti. Il y a deux ans, au même endroit, le titre avait été exécuté pas moins de 6 fois d’affilée. C’était lors de la tournée Watch The Throne, avec le camarade Kanye West. De ce concert, on avait gardé le souvenir d’un moment électrique. Une intensité qui a parfois manqué lundi soir. Un peu comme si Jay Z avait besoin d’un contradicteur, d’un sparring partner pour vraiment se dépasser.

Au lieu de ça, sans que cela ne remette jamais en cause sa couronne et son titre, le patron a fait le taf. Correctement. Proprement. Profitant de son statut de star, prenant également un (long et bizarre) moment pour braquer les projecteurs sur le public, en interpellant l’un ou l’autre fan. « Hey, là, Superman est dans la salle. Oui, le mec avec le t-shirt! », pointa par exemple le rappeur. Le super héros était en effet bien dans les gradins. À défaut de l’avoir toujours été sur scène.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content