J’ai testé La Truite Magique, et God Damn m’a fait saigner les oreilles de plaisir

La Truite Magique © Martin Rossignol
Kevin Dochain
Kevin Dochain Journaliste focusvif.be

God Damn, Moaning Cities, Pauw et Steve Gunn étaient les moments forts du festival bucolique à taille humaine dont la deuxième édition se tenait au beau milieu de l’Ardenne ce week-end. Compte-rendu.

On ne va pas mentir: l’an dernier, quand la Truite Magique a annoncé la programmation de sa première édition, et surtout son concept, on a voulu crier au scandale tant celui-ci nous rappelait celui du Deep in the Woods. Soit un festival à taille humaine, lové dans les bois, avec une affiche à la fois pointue et prometteuse de découvertes, proposant aussi tout un tas d’activités parallèles aux traditionnels concerts.

Cette année, pour la deuxième édition du festival niché à 15 minutes d’Houffalize au détour d’une rivière, on a voulu aller vérifier de quoi le couple de Hollandais derrière le festival (…) était capable. Fortement influencé, à vrai dire, par la présence à l’affiche d’un groupe qui n’était à voir nulle part ailleurs cet été en Belgique: God Damn.

J'ai testé La Truite Magique, et God Damn m'a fait saigner les oreilles de plaisir
© La Truite Magique

Dès l’arrivée sur le parking du festival, le dépaysement est déjà complet puisque, « même si » on est au beau milieu de l’Ardenne belge, 70% des véhicules garés sont immatriculés aux… Pays-Bas. Un pied sur le site et on est par contre immédiatement transporté ailleurs: lampions, faiseurs de bulles de savon géantes, tables installées à même la rivière où les gens se trempent les pieds, hamacs dans les bois, diseuse de bonne aventure, barbecue géant et cochon à la broche, ainsi qu’une bonne dizaine de stands bouffe aussi variés que joliment décorés.

Du côté de l’affiche, on aura fait quelques belles découvertes, confirmé des attentes et pris plusieurs grosses claques, même si l’ennui a aussi pointé son nez en milieu de deuxième journée de festival.

Ouvrir l’expérience de ce festival intime par l’americana de Steve Gunn était sans doute la plus belle entrée en matière possible. L’originaire de Pennsylvanie qui a tourné avec Kurt Vile propose un blues/folk aérien tantôt posé, tantôt poseur, et fait souvent mouche comme sur le très prenant Way Out Weather qui sera sans aucun doute le sommet du concert. La découverte du soir sera quant à elle signée Pauw, soit un quatuor psyché néerlandais qui rappelle immédiatement Tame Impala, Temples, Wolf People et consorts. Le chanteur/guitariste androgyne, le batteur tout droit sorti du swinging London des 60’s, le bassiste aux rouflaquettes aussi funky que ses lignes de basse, et le claviériste Frankenstein sont particulièrement habités. Et ont dû fumer plus d’une fois une moquette de qualité avec les Doors ou Pink Floyd en bande-son.

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Mais le vrai sommet du vendredi, et du festival tout court, sera bel et bien celui pour lequel on a décidé de bouger nos fesses, à savoir God Damn. Soit ce duo guitare/batterie baigné dans les années 90 qui fait plus de bruit que Motörhead: deux potes originaires de Wolverhampton, UK, patrie de Black Sabbath, qui doivent tant aux Melvins qu’à Ty Segall. Qui respirent tellement Nirvana que le clip de leur frénétique single Vultures (ci-dessus) ressemble à une seconde prise de Heart-Shaped Box. Les gaillards n’hésiteront d’ailleurs pas à reprendre Territorial Pissings, avec une classe et une fougue auxquels peu de groupes actuels peuvent prétendre. Ou encore à inviter le plus bourré de leurs fans se désarticuler sur scène comme Nirvana le faisait à Reading. Mais outre ces références évidentes (parfaitement assumées et digérées, cela dit), God Damn sont surtout les auteurs de ce qui restera sans doute le meilleur album heavy de l’année. Et le rendent avec perfection sur scène, avec une authenticité et une conviction qu’on n’avait plus vues depuis… Ty Segall. Les sommets seront nombreux, de Vultures à Horus, de We Don’t Like You au final Skeletons annoncé comme « une chanson calme. Si vous voulez crowdsurfer, crowdsurfez en silence, s’il vous plait », avant de clôturer la « ballade » épique par des torrents de fuzz. À l’heure d’écrire ces lignes, nos oreilles en saignent toujours de bonheur.

J'ai testé La Truite Magique, et God Damn m'a fait saigner les oreilles de plaisir
© La Truite Magique

Le lendemain, la journée commencera de manière plus guillerette pour nous, en compagnie de Douglas Firs, le sidekick du Bony King of Nowhere ici évadé en solo guitare/voix, agrémenté d’un claviériste. Le genre de concert (dans les bois, de surcroît) qui vous fait oublier illico toute trace de gueule de bois. Particulièrement bienvenu, et bien tapé. Tout comme le concert des Bruxellois de Moaning Cities qu’on aime encore un peu plus à chaque fois qu’on les revoit. Depuis leur changement de line-up (un guitariste en moins, une batteuse en plus), et leur tournée qui ne semble pas en finir, on a l’impression que la cohésion au sein du groupe psyché évolue exponentiellement. Certes, les passages au sitar ajoutent toujours une touche d’exotisme à leur performance, mais c’est lorsque les quatre se lâchent toutes guitares dehors que la sauce prend au mieux. Sans doute aussi l’un des concerts les plus applaudis du festival.

L’après-midi sera par contre parsemé de platitudes diverses et variées. On aura ainsi vu s’enchaîner Mister and Mississippi, aussi maniéré que prétentieux; Belle of Louisville, joli duo rétro qui n’a pas pour autant le panache d’un Pokey LaFarge dont ils ont assuré les premières parties; le punk teenage d’Afterpartees dont l’enthousiasme et le charisme du chanteur n’a d’égal que la prévisibilité des morceaux; ou encore la dream pop de Mon-o-Phone qu’on aurait sans doute adoré allongé au soleil, mais la pluie et le froid auront eu raison de nous. Tant pis pour Tubelight, dont le shoegaze/psyché nous mettait pourtant l’eau à la bouche, ou pour zZz, duo claviers/batterie dont on garde un excellent souvenir de la prestation à Dour en 2007… Mais une chose est sûre: on reviendra!

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