Critique | Musique

Iggy Pop, l’increvable

© GETTY IMAGES
Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

Entre l’écriture d’un bouquin et le tournage d’un film de zombies avec Jim Jarmusch, Iggy Pop a trouvé le temps d’enregistrer son 18e album, Free. Increvable.

« Méditer la mort, c’est méditer la liberté, disait Sénèque. Celui qui sait mourir ne sait plus être esclave. » Depuis quelques années, Iggy Pop a regardé ses potes et ses collègues tomber. Il a enterré ses Stooges (des frères Asheton à Steve Mackay), dit adieu à Lou Reed et même perdu son sauveur d’antan David Bowie… C’est peut-être, en partie du moins, ce qui lui a inspiré Free, son 18e album solo. Lui qui souffrait d’insécurité chronique. « Je voulais être libre, déclarait-il au magazine NME. Je sais que c’est une illusion, que la liberté n’est qu’un sentiment que l’on ressent. Mais j’ai vécu ma vie jusqu’à présent en croyant que ce sentiment est tout ce dont j’avais réellement besoin. Pas nécessairement le bonheur ou l’amour, mais ce sentiment d’être libre. Alors cet album m’est arrivé, et je l’ai laissé faire. »

Il y a trois ans, Iggy avait déclaré que Post Pop Depression, fabriqué avec Josh Homme (Queens of the Stone Age), resterait peut-être bien son dernier album. Voilà déjà le septuagénaire à la peau de lézard et à l’agilité de singe qui débarque avec dix nouvelles chansons sous le bras. À l’une ou l’autre exception près, le mec du Michigan y chante les textes des autres. Ils parlent pour lui. Et lui leur prête sa voix. Le trompettiste jazz de Houston Leron Thomas en a écrit la moitié. Il a participé à son habillage sonore comme la guitariste, compositrice et réalisatrice Sarah Lipstate, plus connue dans le milieu de la musique sous le nom de Noveller.

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Certains se demandent si l’on peut vieillir dignement dans le rock. Malgré des passages à vide (sur disque), James Osterberg en est la preuve vivante. Le 21 avril, il a fêté ses 72 printemps et Free sort 50 ans tout juste après le premier Stooges. C’est son disque le plus surprenant et probablement le plus audacieux depuis Avenue B, son ambiance de club de jazz et ses odeurs de mégots froids dans le cendrier… Il le dit singulièrement sombre et contemplatif. Dépouillé, parlé plus que chanté, l’album tient par moments du disque de slam. Habillage léger, morceaux dénudés (Free, The Dawn, Glow in the Dark)…

« I wanna be free », entame Iggy d’une voix sortie des limbes. Chef d’une bande de zombies dans le dernier Jim Jarmusch (The Dead Don’t Die) et auteur d’un livre (Til Wrong Feels Right) prévu pour le mois d’octobre, la légende reste en phase avec son époque. Et quand elle anime à ses heures perdues une émission (Iggy Confidential) sur BBC Radio 6, c’est pour y passer du Bill Callahan, du Cate Le Bon et du Tyler, The Creator. Un élixir de jeunesse sans doute pour le plus rock’n’roll des mecs qui refusent de partir à la pension.

Sur Free, Pop lit un poème de Dylan Thomas (Do Not Go Gentle into That Good Night) et un autre de Lou Reed (We Are the People) que lui a filé Laurie Anderson, mais fredonne aussi  » She Wants to Be Your James Bond » avec Faith Vern (PINS). Prémonition ou pas, une actrice britannique s’apprête à jouer l’agent 007. Top of the (Iggy) Pop…

Iggy Pop, « Free », distribué par Caroline. ****

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