Hubert Lenoir, animal engagé

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Kevin Dochain
Kevin Dochain Journaliste focusvif.be

Phénomène au pays, le Québécois Hubert Lenoir donnait vendredi dernier son premier concert belge dans le cadre des Nuits Bota. Compte-rendu d’une soirée aussi sauvage que (presque trop) pleine d’amour.

« Je suis venu te dire que tu peux changer / J’ai vu un avenir de femme libérée / Tu portais le cuir et la tête rasée / J’ai vu ton avenir. » C’est grosso modo sur ces paroles, extraites de l’hymne Fille de personne II, qu’Hubert Lenoir a ouvert les hostilités vendredi dernier dans une Rotonde bouillante. Soit quelques lignes qui résument bien l’engagement du bonhomme androgyne qui prône l’ouverture, l’acceptation de soi et l’inclusivité avec une ferveur militante.

Bref retour sur le personnage: Hubert Lenoir, né Hubert Chiasson dans la banlieue de Québec, a fait ses débuts sur scène au sein du groupe folk The Seasons, où il partage la guitare et le chant avec son frère Julien. C’est un peu gentillet et dans l’air du temps, le succès est au rendez-vous (près d’un demi-million de vues cumulées pour les différents clips de Apples, par exemple), mais pendant les 4 ans d’existence du groupe, Hubert Lenoir nourrit des envies d’émancipation. Et finira par claquer la porte pour s’épanouir en solo avec Darlène, terrain de jeu multidisciplinaire où il laisse s’exprimer sa personnalité extravertie. Un album-concept, « opéra post-moderne » comme il aime le qualifier, qui sort accompagné d’un livre, lui aussi intitulé Darlène, écrit par sa compagne, Noémie Leclerc.

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S’il n’a plus rien à prouver au Québec où il rafle des prix à la pelle, Hubert Lenoir doit encore défricher le terrain en Europe. Son passage au Bota clôturait une tournée passée par la France (où il a notamment retourné le plateau de Quotidien) et la Suisse, et le gaillard semblait prêt à tout faire pour qu’on se souvienne de lui. Pile électrique dès les premiers instants du concert (l’intro jazzy de Fille de personne I lacérée de fulgurances punk), le petit gars (1m65 à tout casser) nargue le public, le bouscule et lui pique ses bières pour mieux l’arroser. Hurle que le rock est mort, ou en tout cas qu’« il aurait dû mourir en 73 après Ziggy Stardust » mais lui pique tous ses meilleurs plans, à la tête de son big band (7 musiciens!) très glam rock avec son saxo omniprésent. Et distribue de l’amour à n’en plus finir: à un moment, on a arrêté de compter les grosses galoches roulées entre les différents membres du groupe, garçons comme filles, dans une ambiance très libertaire.

Alors forcément, à un moment, le trop-plein d’énergie explose, Lenoir lâche les rênes pour un intermède en roue libre, où chacun y va de son petit instant karaoké (de Wake Me Up When September Ends à Don’t Look Back in Anger en passant par Voyage Voyage). Dans le public, certains s’indignent devant ce n’importe quoi, d’autres jubilent. « Mon pire cauchemar, c’est de laisser des gens indifférents. Je veux qu’ils sortent de mes concerts émerveillés ou dégoûtés », aime répéter le chanteur en interview: pas de doute possible, personne n’a pu sortir de là indifférent…

On n’oubliera pas de saluer au passage la performance de Mathilde Fernandez en ouverture de soirée, tout à fait dans le ton avec son mélange des genres atypique et fièrement assumé.

Hubert Lenoir sera de retour chez nous le jeudi 11 juillet au festival de Dour et le samedi 20 juillet aux Francofolies de Spa.

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