Hooverphonic: « L’Eurovision, on prend ça très au sérieux »

© Zeb Daemen
Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

Alors qu’il fête cette année son quart de siècle, le groupe d’Alex Callier retrouve Geike, sa chanteuse historique, sort un nouvel album, et s’apprête à représenter la Belgique à l’Eurovision. Hooverphonic, 12 points?

« It’s in the air that we breathe/Are we infected? » se demande Hooverphonic, sur A Simple Glitch Of The Heart. Ce sont les premiers mots du tout nouvel album. Alex Callier l’assure pourtant: « J’ai écrit ce morceau en 2019, bien avant la Covid! » En l’occurrence, le groupe n’aura pas été épargné. Il y a tout juste un an, un autre disque était prêt, avant de se faire recaler par la pandémie. Entre-temps, Callier a préféré laisser tomber pour se lancer dans Hidden Stories (1).

Il constitue le 11e album studio d’une discographie, entamée il y a… vingt-cinq ans! Le 29 juillet prochain, cela fera en effet un quart de siècle que A New Stereophonic Sound Spectacular, et son hit inaugural, 2Wicky, sont sortis. « Moi, le petit gars de Saint-Nicolas, qui n’avait jamais voyagé, je me retrouvais à tourner partout en Europe, et même aux Etats-Unis, en première partie de Fiona Apple. » Au fil du temps, Hooverphonic est ainsi devenu l’une des valeurs phares de la scène musicale d’ici, un classique belpop mainstream – qui a même droit à une expo rétrospective, au centre culturel De Casino, à Saint-Nicolas (jusqu’au 6 juin). « C’est assez simple de faire une musique qui parle au coeur. C’est plus compliqué de composer des chansons capables de vous émouvoir, vous, mais aussi le grand public. Cela a toujours été notre objectif: proposer des morceaux qui nous touchent et qui peuvent aussi passer à la radio. » Avec jusqu’ici, il faut bien l’avouer, pas mal de réussite, le groupe ayant mis au point un son directement reconnaissable, « comme une marque, qu’il faut faire évoluer, tout en veillant à ne pas trahir son ADN ».

Notre objectif, depuis toujours: proposer des morceaux qui nous touchent et qui peuvent aussi passer à la radio.

Hooverphonic reste aussi l’un des derniers groupes flamands à trouver un écho des deux côtés de la frontière linguistique. Cette année, il représentera d’ailleurs la Belgique à l’Eurovision, avec un morceau intitulé… The Wrong Place. Jusqu’à quel point faut-il y voir un trait d’ironie? « C’est marrant, non? s’amuse Callier. En vrai, je suis le concours depuis longtemps. J’ai bien conscience du côté très « camp » de l’événement, mais ne vous y trompez pas, je connais beaucoup de gens très crédibles, très cool, qui le regardent. » Pas question d’y aller en dilettante. « On prend ça très au sérieux. » Pour la gagne? « Euh non, ça, honnêtement, je n’y crois pas trop. Je vois plutôt un pays comme la France, par exemple. »

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En attendant, à l’image du nouvel album, The Wrong Place sonne comme du Hooverphonic classique, presque vintage. La voix de Geike Arnaert, de retour après douze ans d’absence, n’y est pas étrangère.

Mad about Geike

Chanteuse historique du trio formé avec Alex Callier et Raymond Geerts (guitare), présente sur ses plus gros hits (Eden, Mad About You, etc.), Geike Arnaert avait fini par quitter l’aventure en 2008. Avec une envie de carrière solo. Et peut-être aussi le besoin de s’émanciper d’un groupe qu’elle a rejoint alors qu’elle n’avait que 17 ans, et qui reste le joujou d’un Alex Callier qui a tendance à prendre toute la place. Toujours aussi discrète, Geike concède aujourd’hui: « Disons que je n’étais pas à l’aise avec l’image de la fille qui ne fait que chanter et sourire. »

L’été dernier, le contact a été repris. « On est toujours restés amis, mais avec le temps, une distance s’était créée. Au mois d’août, j’ai passé un coup de fil à Alex. On m’avait demandé de chanter un morceau d’Hooverphonic pour une émission télé, et par politesse, je voulais quand même lui en parler. » A ce moment-là, pour ses vingt ans, Callier travaille sur une nouvelle version de Mad About You. « Pour rire, j’ai proposé à Geike de rechanter dessus. » Ce qui n’était qu’une blague continuera malgré tout à trotter dans la tête du musicien-producteur. Qui finira par rappeler son ancienne chanteuse. « C’était complètement inattendu, souligne Geike. On a commencé à parler, on avait beaucoup de choses à se dire. Cela m’a fait chaud au coeur. »

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Dès lors, le lien était rétabli, et à l’automne, Hooverphonic pouvait annoncer officiellement que Geike réintégrait le groupe. « Bien sûr, cela n’a pas été facile de dire à Luka (NDLR: Cruysberghs, repérée par Callier sur The Voice Vlaanderen, et qui occupait le siège de chanteuse depuis 2018), que l’on ne voulait plus travailler avec elle, confie Alex. Comme Noémie (NDLR: Wolfs, qui l’a précédé entre 2010 et 2015), c’est une très bonne chanteuse. Mais ce qu’on a construit ensemble, avec Geike, est trop fort. Il y a une connexion entre sa voix et ma vision musicale qui est irremplaçable. »

(1) Hidden Stories, Hooverphonic, distr. Universal.
(1) Hidden Stories, Hooverphonic, distr. Universal.
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