Great Mountain Fire, la route du soleil
Quatre ans après leur premier album, les Bruxellois de Great Mountain Fire ressortent de leur tanière avec Sundogs, collage indie-funky-pop frémissant. Talking kets…
Pour les explications imagées, et autres métaphores fantasques, demandez Alexis Den Docker (au milieu, en haut sur la photo): « Notre premier album, Canopy, a poussé en un coup. Comme une plante sauvage qui serait sortie de terre sans qu’on s’en rende compte. Avec Sundogs, c’est différent: on a pris le temps de planter les graines, d’arroser, de regarder les morceaux grandir. » Fine moustache de mousquetaire, le botaniste/bassiste de Great Mountain Fire est accompagné de Thomas de Hemptinne (chant) et Antoine Bonan (guitare), deux autres membres d’un quintette, qui comprend également Tommy Onraedt (clavier) et Morgan Vigilante (batterie). Avant de détailler le nouveau disque, sa genèse, sa conception, les trois présents reviennent d’abord sur les débuts du groupe. Première récolte en 2011: Canopy filait pop, potion indie euphorisante, jamais très loin du tube parfait (Late Lights). Quatre ans plus tard, les GMF ont quitté la cime et les hauteurs, pour s’enfoncer un peu plus dans une jungle psyché-funky-pop luxuriante. Toujours un peu rêveurs, et surtout prêts à se perdre.
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Ce goût des chemins de traverse et du lâcher-prise, les Bruxellois l’ont trouvé dans la foulée de Canopy, à la faveur d’une relecture acoustique de l’album. L’idée est née suite à l’invitation du festival des Nuits Secrètes, à Aulnoye-Aymeries, dans le nord de la France. Le groupe s’y retrouve programmé dans ses fameux Parcours secrets. Le principe est simple: « Le public embarque dans un bus, sans savoir où il va, ni à quel concert il va assister », rappelle Antoine Bonan. Les curieux découvriront ainsi Great Mountain Fire, planqué dans une chapelle, pour une version « unplugged »de ses morceaux. Pour se préparer, le groupe a pu bénéficier d’une résidence d’une dizaine de jours, près de Maubeuge. Un séjour pendant lequel il enregistrera les nouvelles versions, avec les moyens du bord. « On a adoré ça », s’enthousiasme Alexis. « L’acoustique était quelque chose de très neuf pour nous. Cela nous a permis d’expérimenter plein de choses, aussi bien soniquement que techniquement. Si l’on cherchait à faire un effet, on était obligés de recourir à une astuce. Pour avoir un réverb’, par exemple, il fallait trouver un espace avec un écho, trouver la bonne distance pour avoir le bon son… »
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Du coup, quand le groupe commence à réfléchir à un véritable deuxième album, l’expérience de l' »unplugged » lui revient en tête. Moins pour la volonté de dénuement que pour la liberté qu’il y a trouvée. Pendant de longs mois, les Great Mountain Fire vont donc « s’enfermer » dans leur local de répétition, passant leur temps à bidouiller, et à chipoter, juste à cinq (à six, avec leur ingé son Julien Rauïs), quasi en huis clos. A l’ancienne. C’est qu’aujourd’hui, même les groupes de rock se contentent de s’envoyer des fichiers sons par mail. Les GMF, pas. Et de revendiquer à la fois un goût de l’artisanat et un certain esprit de gang, proche par moments de la télépathie. C’est Alexis à nouveau qui en parle le mieux: « Le groupe, c’est un système complexe d’interdépendances. On a tous besoin les uns des autres. Même si on ne se comprend pas toujours directement. C’est un peu comme la relation entre l’homme et le chat. L’homme pense que le chat l’aime et l’adore. Le chat, lui, imagine de son côté qu’il est un dieu, l’homme s’occupant de lui, se baissant pour garnir son assiette… Même si leurs représentations ne sont pas correctes, malgré cela, il y a comme une sorte de rencontre magique et hasardeuse, quelque chose d’inexpliqué qui naît de cet accident. »
La théorie des tiroirs
Ces bonnes ondes, le groupe les a trouvées à l’ombre de l’Atomium. De relations (leur tourneur Philippe Kopp) en relations (le Bureau des grands événements bruxellois, Brussels Expo), les Great Mountain Fire ont pu en effet louer une partie de l’Amerikaanse theater/ Théâtre américain. Vestige de l’Expo universelle de 58, paumé dans un coin du plateau du Heysel, l’ancien pavillon US naviguait à vide depuis un moment. Le groupe a pu s’y installer, le transformant en véritable tanière. Objectif: s’offrir de l’espace et du temps. Laisser les morceaux filer. Et voir ce qui en ressort, pour ne fixer les choses qu’au tout dernier moment. Thomas explique: « J’ai parfois du mal à réécouter Canopy. En fait, j’ai constaté que ce qui m’en reste est ce qui n’avait pas été prévu au départ. Les choses que j’aime le plus réentendre, ce sont les accidents, les erreurs. »
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Sundogs se permettra donc toutes les tangentes, adepte de l’itinéraire bis. « En gros, on a rempli des tiroirs: avec des sons, des idées… Quand un morceau n’avançait plus, perdait toute spontanéité, on allait se servir dans ces tiroirs pour dégoter quelque chose qui allait peut-être pouvoir le relancer, remettre un peu de bordel, de fantaisie. » Quitte à ce que Sundogs perde parfois en efficacité ou en instantanéité ce qu’il gagne en fantaisie bricolo. Le tout, à nouveau, témoignant d’un bel entêtement autarcique, voire carrément autiste. Exemple avec le mixeur anglais un moment pressenti: « Il nous avait annoncé un truc « big and warm », mais au final, pour nous, cela sonnait plutôt « small and cold ». » Le groupe enverra balader la proposition, se rabattant sur ses forces en interne. Thomas conclut: « Sur Canopy, on avait recalé pas mal de choses. Mais au final, c’est déjà ce qu’on entend tous les jours à la radio ou en club. Cette fois-ci, on voulait entendre chaque musicien derrière chaque instrument. Et s’il est un peu en retard ou en avance, ce n’est pas grave. C’est sa personnalité. »
GREAT MOUNTAIN FIRE, SUNDOGS, DISTRIBUÉ PAR PIAS.
EN CONCERT CE 02/08 AU RONQUIÈRES FESTIVAL, LE 14/08 AU BSF (BRUXELLES), LE 05/09 AU DEEP IN THE WOODS (MASSEMBRE)…
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