Critique | Musique

Goldfrapp – Tales of Us

Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

DRAMA POP | S’il fallait un album, un seul, pour accompagner l’arrivée de l’automne, on l’a déjà trouvé.

Goldfrapp - Tales of Us

Pour leur 6e album, Will Gregory et Alison Goldfrapp ont en effet laissé leurs penchants dark disco (les albums Black Cherry, Head First…) loin, très loin, derrière eux. Fini les visées dancefloor, même les plus distanciées. Lassée des boules à facettes, Goldfrapp s’enfonce à nouveau en eaux sentimentalement troubles, plus cinématographique que jamais. Chaque morceau de Tales of Us a pour titre un prénom, ouvrant vers un nouveau petit conte dramatique. Le disque débute par exemple avec Jo, dont les deux notes de piano lancinantes et traînantes ne peuvent que ramener à Ces gens-là de Brel -preuve également que Goldfrapp n’a pas abandonné son goût pour les ambiances cabaret. Pas très loin d’un folk pastoral à la Judee Sill (Ulla), le disque intrigue par son parti pris, balade romantique en forêt noire qui peut parfois rappeler l’inaugural Felt Moutain, sorti en 2000. Il y a bien le beat appuyé de Thea pour faire un moment diversion. Mais dès le morceau suivant (Simone), Goldfrapp replonge dans une langueur ouateuse, faite de violons dramatiques et de cuivres ombrageux, la voix d’Alison Goldfrapp sur le fil, le pathos noyé dans le coton. C’est évidemment aussi la limite du disque, dont la mélancolie et l’humeur ténébreuse peuvent rebuter sur la longueur. Le spectacle, grandiose, vaut néanmoins la peine d’embarquer. Quitte à ne pas enfiler les étapes les unes après les autres, laissant le temps à ces petits contes plombés de dévoiler lentement leurs charmes sombres.

  • GOLDFRAPP, TALES OF US, DISTRIBUÉ PAR MUTE/PIAS.
  • EN CONCERT LE 22/10, À L’AB.

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