Fùgù Mango: « on est fans des accidents musicaux »

Fúgú Mango © Nanna Dis
Kevin Dochain
Kevin Dochain Journaliste focusvif.be

Jouant la carte de l’afrobeat à la bruxelloise, les quatre Fùgù Mango sortent un premier mini-album 7 titres aussi frais et spontané que joyeusement communicatif. Rencontre dans le studio familial.

Etterbeek, à deux pas de La Chasse, une porte d’entrée presque banale. Sauf que: des quatre sonnettes à la porte, l’une est pour Jean-Yves, deux sont pour Vince, le grand frère, et la quatrième est estampillée WNA, soit le studio installé à la cave de cette love house dans laquelle les frères Lontie se sont posés il y a quelques années. Et pas que pour y vivre: c’est un véritable QG musical qui y est installé. Les frères, on les connaît de longue date. Principalement grâce aux Bikinians, projet pop rock qu’ils ont mené de main de maître sur les ondes radio et la route des festivals. Et alors qu’on les pensait disparus de la carte (plus de signe de vie depuis le EP Hystericool en 2012), voilà qu’ils réapparaissent, il y a un an, avec deux vidéos faites maison pour un nouveau projet afrobeat festif qui doit autant à Vampire Weekend et Talking Heads qu’à Peter Gabriel, Paul Simon et Daniel Waro.

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« On avait envie de faire un truc moins cadré, moins référencé musicalement, explique Vince (chant, percus, claviers). Même si au final, c’est très référencé, on a l’impression d’avoir plus de liberté à tenter des choses avec ce projet qu’on ne l’a eu avant. » Clair que Fùgù Mango sort des sentiers battus du pop rock à la belge que les Bikinians empruntaient allègrement. Et le résultat est réjouissant, aussi foutraque que joyeusement communicatif et distillant parcimonieusement ses influences. « Jouer les DJ et voir les gens danser, ça a été le déclic. C’est chouette de faire du rock et d’envoyer la purée, mais on avait envie de faire une musique qui soit plus une célébration avec les gens », confesse ainsi Jean-Yves (guitare).

Travail, famille, party

Rapidement rejoint par Anne Fidalgo aux basse et clavier (« très intense et viscérale, elle a un pouvoir de composition incroyable ») et Frank Baya à la batterie (« il s’imposait, et n’a jamais aussi bien joué »), le groupe bosse alors son set à mort, en cachette, avant de le proposer au public. Et contacte Reinhard Vanbergen, guitariste de Das Pop, pour enregistrer et produire les titres qu’ils ont en magasin. Jean-Yves: « On savait que chez Das Pop, ils étaient 2-3 génies de la compo et arrangeurs assez doués. Du coup, je l’ai simplement contacté sur Facebook en lui montrant les deux vidéos qu’on avait tournées dans la cave. Il a répondu très vite, hyper chaud. Il est venu nous voir en live, a trouvé ça solide et on a foncé en studio, au Dada. On a enregistré tout en live, en un jour. On croyait qu’il n’allait garder que la batterie, mais comme tout était bon, on a juste refait quelques claviers et voix par après. Il était très disponible et très efficace, il avait plein d’idées. On n’a pas fait mille prises: comme c’était joué au clic, on a parfois fait 2 mesures de shaker qu’il copiait-collait tout au long du morceau: « Music is so hard, man » (rires). » Et Vince de rajouter: « C’est pas un type qui se prend la tête, et quand tu veux distiller de la bonne humeur, c’est très important. »

Cette bonne humeur, cette fraîcheur qui se retrouve dans les 7 titres du EP JùJù qui vient de sortir, ne sont peut-être pas tant le fruit du hasard que ça. « Je suis fan des accidents musicaux, avoue Vince. Si tu calcules tout, tu peux difficilement être séduit par ce que tu fais. Il y a une sorte d’émerveillement quand on lâche prise. Un jour à Londres, on est tombé par hasard sur un concert de Micachu and the Shapes. Je ne réalise toujours pas à quel point j’ai été touché par ce truc atypique et original dont je n’avais jamais entendu. Ce genre de moment d’excitation, c’est ce qu’on a envie de rendre aux gens. »

Bonne nouvelle: ces moments, Fùgù Mango risque bel et bien de les multiplier dans les mois à venir, puisque le groupe semble parti pour aligner les présences en festival à tout-va. À commencer par ce samedi 20 décembre, au Père Noël est un rockeur à Dour avant notamment un passage par les Nuits Botanique le 11 mai, pour une création commune avec les six chanteuses gantoises d’origine égyptienne de Binti. Leçon de groove en prévision.

  • FÙGÙ MANGO, JÙJÙ, WNA RECORDS. ***

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