ROCK | Pour le 7è album des Foo Fighters, Dave Grohl et ses camarades ont enregistré à la maison. Résultat: Wasting Light, disque aussi réjouissant que frustrant.
C’était au siècle dernier. Le 4 avril 1994, Kurt Cobain se trouait d’une balle dans la tête, et Nirvana pouvait définitivement endosser le costard de groupe culte. Seul problème pour les survivants: allez continuer une carrière après ça… C’est dire l’exploit réalisé par Dave Grohl. Qui aurait en effet osé parier sur l’avenir artistique du batteur de Nirvana? Aujourd’hui, les faits sont incontestables: Dave Grohl aura participé à 2 des plus grands groupes rock de ces 30 dernières années (au moins -on ne tient pas compte de ses apparitions, notamment chez les Queens of the Stone Age).
Difficile pourtant de trouver formations plus éloignées, aussi bien dans l’éthique que l’esthétique, que Nirvana et les Foo Fighters. Rien de comparable entre la morbidité grunge des premiers et les guitares « bombastic » des seconds. Entre l’aversion pour le succès mainstream des années 90 et les concerts donnés aujourd’hui dans des stades combles. Pas grand-chose de commun non plus entre le personnage tourmenté et suicidaire de Cobain et la figure de « dude » affichée par Grohl, le rockeur le plus « cool » de la planète, capable de préparer un barbecue dans les coulisses de Werchter pour fêter le 4 juillet…
Dans ce contexte, les premiers échos de Wasting Light, 7e album des Foo Fighters, pouvaient intriguer. Etaient annoncés non seulement la participation de Krist Novoselic, bassiste longiligne du trio historique, mais également la présence de Butch Vig à la production, maître d’£uvre sonique de Nevermind, le disque-référence. Nirvana, ou ce qu’il en reste, reformé?
Six pack
Grohl sera le premier à balayer le gimmick. Pour insister sur un autre: celui d’un disque enregistré à la coule, sur bandes analogiques, dans « le garage » de Grohl, entre potes. Avec un six pack de Budweiser à portée de main? Genre…
Evidemment, le garage de Dave Grohl, ce n’est pas tout à fait le box en bas de l’immeuble d’à côté. On aura ainsi du mal à repérer le moindre faux pli, le plus petit dérapage artisanal dans ce qui reste une grosse machine américaine. Le son est épais, parfois lourd, mais jamais vraiment sale. En fait, la simplicité est davantage dans l’ambition des chansons que dans celle des moyens. Au départ cela n’est même pas un reproche. Une déception? En ouverture, l’efficacité de Bridge Burning et Rope peut l’atténuer. La « headbanger attitude » de White Limo, Grohl couinant comme un possédé, pourrait même la faire digérer complètement. Sur la longueur, pourtant, l’oreille a tendance à se lasser.
Il ne faudrait pas être trop injuste, ni se tromper de cible: dans la case rock mainstream, ou rock de stades, les Foo Fighters gardent le cap (là où les Kings of Leon, par exemple, pataugent de plus en plus). Mais pour un riff jouissif ou un coup de sang vocal, il faut trop souvent composer avec un refrain tournant à vide. Cela ne fait pas de Wasting Light un mauvais disque. On pourrait même s’y attacher, s’il n’y avait la frustration de promesses seulement à moitié tenues…
Foo Fighters, Wasting Light, distribué par Sony, **
En concert le 18/08 au Pukkelpop.
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Laurent Hoebrechts
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