Critique | Musique

Flying Horseman – City Same City

Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

ROCK | Le Flying Horseman Bert Dockx et sa guitare magique ont ferré avec City Same City un double album à la beauté mystique et vénéneuse.

Flying Horseman - City Same City
© DR

Un an après Twist et quelques mois seulement dans la foulée du deuxième album de Dans Dans, son projet instrumental avec Fred Lyenn Jacques et Steven Cassiers (Dez Mona) se promenant à la croisée du rock, du jazz et des musiques de film, c’est une petite merveille de disque que sort aujourd’hui le Flying Horseman Bert Dockx. Enregistré, mixé et produit par Koen Gisen (An Pierlé, The Bony King of Nowhere) dans son studio gantois La Patrie, un ancien bar gay qui fut jadis (ça ne s’invente pas) une écurie, City Same City consacre les talents d’un guitariste hors pair, d’un singer et songwriter redoutable et du groupe flamand le plus séduisant, intriguant et excitant du moment.

Beau et flippant à la fois, tourmenté et vénéneux, rampant et venimeux, froid et fiévreux, City Same City puise sa source dans le désert, les vastes étendues africaines. Mais la musique juju nigériane et le sablonneux blues malien prennent ici des atours urbains. Les grands espace oui. Mais alors ceux de buildings, de boulevards et de bitume dans l’ambiance glauque, inquiétante et brumeuse d’une étrange promenade nocturne…

La ville et les femmes

« When you turn the city upside down, there’s another town… » Il y a tour à tour, dans les douze titres sombres de City Same City, l’atmosphère sacrée qui régnait chez feu Jeff Buckley (Walking), des ambiances de caniveaux aux petites heures façon Mark Lanegan… Du Nick Cave, du 16 Horsepower et du Richard Hawley aussi… Mais là où l’Anglais dédie tous ses albums à sa chère ville de Sheffield, Bert Dockx est anversois. Et à défaut de le mener sur la piste glissante du disque politique, habiter dans la ville de De Wever, ça doit aider à pondre des phrases du genre: « Protection and safety are lying bitches/Consolation has a bleeding heart. »

Plus que jamais le résultat d’un travail de groupe marqué par un scrupuleux souci du détail, un fameux boulot sur les percussions, les choeurs des soeurs Maieu (Blackie and The Oohoos), et forcément les grattes hallucinantes de Dockx, City Same City traite à la fois de ses relations ambivalentes avec la ville et avec les femmes. Et semble être l’oeuvre d’un musicien, d’un artiste, au sommet de son art.

Dockx a donné son premier concert à 20 ans, a sorti son premier disque à 30 et en a assurément encore sous la pédale. Reste qu’avec ce double album en tous points remarquable, ce disque ensorcelant et hanté aux profondeurs abyssales dans lequel il fait bon se perdre, le cavalier volant, place la barre haut, très haut… Là où devraient continuer de le mener les ailes de ses désirs.

  • FLYING HORSEMAN, CITY SAME CITY, DISTRIBUÉ PAR UNDAY/NEWS.
  • LE 01/11 AU CACTUS (BRUGES), LE 02/11 AU TRIX (ANVERS), LE 07/11 AU HANDELSBEURS (GAND), LE 15/11 AU NIJDROP (OPWIJK), LE 21/11 AU STUK (LOUVAIN), LE 13/12 AU GLIMPS (GAND)…

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