Fly Away festival, les bons mots de DJ Kwak

DJ Kwak © Eric Charneux

Il en était en quelque sorte l’outsider. Deejay Kwak était de l’aventure corse du festival Fly Away où il a joué (presque) tous les jours. Voici ses impressions.

Mercredi (après la sieste)

C’est parti (réveil à 5h du matin, quand même!) pour quatre jours d’expérience immersive en Corse, à Cargèse avec l’équipe et les festivaliers du Fly Away, première édition. Je n’y avais plus été depuis 23 ans, je frétille de contentement, ayant depuis longtemps tiré des plans sur la comète, genre « on loue une caisse et on descend à Bonifacio voir le coucher de soleil sur les falaises. C’est sublime, avec du vin blanc et un saucisson local. » À part que Bonifacio est à 5h de route de Cargèse, et que le Club est en-dehors du village. Adieu, plans sur la comète. Au final, on s’en accommodera plutôt bien. En termes de produits locaux, c’est surtout la bière à la châtaigne que l’on privilégie, tant que les stocks durent. Ils ne durent pas longtemps, la savoureuse châtaigne est rapidement remplacée par une bière française de grande consommation dont le poids dans l’estomac évoque plus la Duvel qu’une pils traditionnelle. Je me dis aussi que j’aurais dû relire Astérix en Corse afin de pimenter mes conversations de citations savoureuses empruntées à Goscinny.

Parler des stocks, c’est parler des habitudes bibitives de cette horde dont je fais partie. Une horde de gens se mettant en rupture de leur vie de famille, leur vie professionnelle pour quelques jours, que nous espérons tous hors du temps. Des grappes de potes, des groupes de copines, âgés de 35-45 ans, des plus vieux, des plus jeunes, un public plutôt pop-rock. Et nous, les DJ’s, nous sommes conscients que notre rôle sera d’apporter un peu de diversité musicale à l’ensemble. Autant assumer tout de suite mon rôle d' »outcast » dans cette affaire. Je ne connais pas la plupart des groupes, évoluant dans une autre sphère musicale, n’ayant que peu d’intérêt pour le pop-rock du consensus mou en Fédération Wallonie-Bruxelles.

J’ouvre le festival avec du jazz et du funk, après les discours d’usage. Sur la plage, ça me semble adéquat. L’organisation est excellente, j’ai demandé, et reçu, une paire de platines. Les deux scènes sont bien sonorisées, les techniciens sont des pros, le backline a l’air convenable. Ulysse peut commencer son concert, suivi de Balthazar en vedette de la soirée. Les influences (Talking Heads, Pixies) sont parfaitement digérées, le concert est agréable, sans pour autant casser trois pattes à un canard. Un peu (?) de fête sur la plage. Bonsoir et merci pour cette première journée.

Jeudi (Capturé par traîtrise pendant la sieste)

Je me fais réveiller par les beaux accords de Joe Bel, une folkeuse française aux accents assez soul-pop. Réveil très plaisant. La scène « Sous l’arbre » accueillera des performances acoustiques durant la durée du festival. J’écoute le concert depuis mon lit. C’est frais, bien joué, bien écrit, très frais. Je me fais complimenter pour mon set de la veille, c’est aussi bon pour mon moral que pour mon karma. Après tout, je fais sortir les gens de leur zone de confort. Ils ont eu l’air d’apprécier. Je me réjouis de rejouer à l’heure de l’apéro, l’heure à laquelle ma sensibilité musicale me semble la plus indiquée à partager. L’une des nombreuses excellentes idées de l’organisation est de ne pas avoir prévu de backstage sur le site, permettant ainsi au public d’être en contact direct, d’interagir aisément avec les artistes.

Stakhanoviste dans l’âme, je propose même de jouer tous les soirs, faisant partie de ces gens qui estiment devoir mériter leur invitation. Me dire que je suis invité, tous frais payés, pendant 4 jours sur mon île européenne préférée pour jouer aussi peu me chipote.

L’enthousiasme général est palpable et la petite scène de la plage bien achalandée quand commence Alaska Gold Rush, ma seconde belle surprise du jour. Je joue durant l’apéro, un set plus orienté soul et funk 80’s. S’en suivront, sur la scène de l’amphithéâtre, Nicola Testa, Vismets et une solide prestation de Soldout qui semble vouloir abolir le règne des machines sur sa musique en y incorporant le batteur de Alaska Gold Rush sur la seconde partie de son set. Ceci s’explique par le fait qu’ils ont emmené leur ingénieur du son et leurs machines, chance que n’ont pas les autres groupes, lesquels jouent sur un set up commun avec des ingés son qui travaillent pour tous les artistes du festival. Compuphonic achève le festivalier moyen sur la plage.

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Vendredi (Waldorf, ta vue me remplit d’allégresse)

Un peu plus chiffonné que la veille, je ne me réveille pas pour le concert « Sous l’arbre », par contre, l’épaule d’agneau bien faite, au petit déjeuner, avec deux doppio, rien de tel pour se remettre en forme.

Je suis étonné par le nombre de gens du métier (communicants, techniciens, musiciens) que je rencontre pour la première fois. Je le suis tout autant par cette façon qu’ont certains autres de se promener le regard au-dessus du béotien, comme si une forme de micro-célébrité leur autorisait un sentiment de supériorité et une misanthropie dirigée vers « le bas », que ce soit le journaliste moins établi ou le « simple » festivalier. Lequel est à créditer d’une excellente prestation. Les stocks de bière diminuent à vue d’oeil, à l’image des ébriétés qui augmentent de même. La « 16 » fait des trous dans mon estomac, heureusement que j’ai acheté une bouteille de vrai rhum avant de monter dans l’avion parce que celui proposé par le Club est imbuvable. On la partage avec quelques amis de longue date et nouvelles rencontres éminemment sympathiques.

Les grappes de potes et les groupes de copines se mélangent. Ca cause sur la plage, à la piscine, au bar. Et quand Noa Moon commence son set sur la plage, l’enthousiasme pour la soirée de concerts est tangible. L’embrayage techno du DJ Alex Palmer est, à mon goût, un peu dissonant suite au folk de la jeune guitariste qui a emballé tout le monde, les sceptiques et moi compris. C’est peut-être un détail pour vous, mais pour moi, ça veut dire beaucoup. Bon vent à Sharko et Kennedy’s Bridge, les groupes du jour, dans leurs aventures à venir.

Mickey, le DJ, pas la souris, démonte la Pool Party, avec l’aide de Simon Le Saint pendant que je picole et cause, en bégayant, de mes aventures passées avec le stage manager. « Le bon vieux temps, tout ça, tout ça. » Quand l’articulation fait défaut, c’est qu’il faut aller se coucher.

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Samedi (Et depuis notre passage, quelques ruines)

Je rate, encore une fois, les concerts Sous l’arbre. Ma misanthropie me rattrape. Je me sens comme cirrhosé, plein de tout, au sens propre du terme. Marre du bruit, du monde, de la bibine, de la sociabilité imposée par ce genre d’exercice. Je rêve d’eau minérale, de fromage et de saucissons corses, de fruits juteux, d’hectolitres de doppio. Et surtout de silence. Je me retrouve quand même à boire des bières sur une terrasse de café à Cargèse, le seul moment passé hors du microcosme, avec mes nouveaux amis Joe et Brigitte, après avoir été faire, ensemble une provision, de produits locaux et timidement visiter le village.

Fly Away festival, les bons mots de DJ Kwak

Le coup de barre digestif d’après le repas me replonge dans ma torpeur. Enfoncés dans nos fauteuils avec une rigolarde attachée de presse, tel les vieux du Muppet Show, nous regardons la comédie humaine qui se déroule autour de nous. Je passe mon tour pour cette dernière soirée, durant laquelle nous sommes censés jouer tous ensemble. Je regarde les concerts. Hollywood Porn Stars retourne l’amphithéâtre, comme à la parade. Je n’ai plus la foi, ni le foie. Par contre, je fais entière confiance à Alex Palmer, Simon Le Saint, Mickey et Compuphonic pour terminer en beauté, ce qu’ils feront et quand je me lève pour le départ (7h du matin), je trouve Maxime aux platines, sourire béat aux lèvres, avec les derniers survivants.

L’expérience, puisque c’en fut une, s’achève. Vivement mon engagement pour la seconde édition.

Merci d’avoir été de chouettes compagnons pendant cet excellent moment plus particulièrement à: Arnaud, Valérie, Hugues, Yvan, Joël, Benjamin, Olivier, Mickael, Anaïs, Nathalie, Axel, Aurore, Fabian, Hélène, Simon, Maxime, Pascal, Benoit, Christophe, Brigitte, Gok, Fred, Greg, Vincent. A tous les autres, merci aussi. Et une pensée pour Bernard D, empêché de venir.

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